Al-Ahram Hebdo, Egypte | Un simple leurre

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 Semaine du 1er au 7 septembre 2010, numéro 834

 

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Egypte

Produits Bios. Une étude réalisée par une ONG met en doute l’authenticité de ces produits en Egypte. Un constat troublant lorsqu’on sait qu’ils sont vendus cinq fois le prix des autres produits.

Un simple leurre

« Les produits organiques en Egypte ne sont pas organiques ! ». C’est l’alarmant constat dressé par une importante ONG œuvrant dans le domaine de la protection des consommateurs, Eïn Misr (les yeux de l’Egypte). Dans un rapport publié cette semaine, l’ONG affirme avoir analysé en laboratoire plusieurs produits biologiques en vente sur le marché égyptien. Et surprise : « Aucun des produits analysés comme les concombres, les haricots, la menthe, la camomille, le thé vert, les pommes de terre, les courgettes, les aubergines et le riz ne s’est avéré être organique. Ces produits contiennent exactement les mêmes taux de résidus de pesticides et de métaux lourds que les produits non organiques », révèle la présidente de l’association, Hanan Hilal.

Une conclusion hallucinante quand on sait qu’un produit organique est vendu jusqu’à 5 fois le prix d’un produit non organique. L’analyse effectuée par l’ONG montre que certains produits manufacturés comme les jus de mangue et d’orange contiennent des proportions élevées d’hormones et de plomb. « Nous avons voulu savoir si les produits organiques égyptiens sont conformes aux normes internationales, comme le fait de ne pas contenir des produits chimiques ou de restes de pesticides, ou de colorants artificiels, etc. Malheureusement, les produits égyptiens sont très loin des normes », ajoute Hanan Hilal.

L’agriculture biologique attache une importance particulière à l’environnement, condition sine qua non à la préservation d’une terre en bonne santé. Les produits alimentaires bios sont censés être des produits de qualité. Ils sont vendus à des prix très supérieurs à ceux des produits non bios. « Pour mener notre étude, nous avons eu recours à une équipe de spécialistes qui travaillent selon des normes scientifiques et juridiques. En fait, notre but est de protéger les consommateurs contre la fraude commerciale. Nous avons reçu une série de questions par des citoyens qui s’interrogeaient sur la réalité de ces produits et qui voulaient savoir s’ils sont vraiment libres de produits chimiques et de pesticides et s’ils sont conformes aux normes internationales. C’est pour cette raison que nous avons décidé de faire l’étude », explique la présidente de l’association. Et d’expliquer que l’échantillon sur lequel a porté l’étude comprend des produits de toutes sortes présentés par les entreprises opérant dans le domaine des produits organiques. « Nous avons acheté ces produits sur le marché local et nous les avons encodés en présence de la police de l’approvisionnement. L’analyse de cet échantillon a eu lieu dans des laboratoires gouvernementaux accrédités et d’autres privés pour être sûrs des résultats », explique Hanan Hilal. A la fin, l’étude a montré simplement qu’il n’existait pas de produits organiques sur le marché local !

Si l’on croit les résultats de cette étude, dont la crédibilité n’est pas contestée, le consommateur égyptien est tout simplement induit en erreur. Il achète ces produits à des prix élevés pour rien. Comment expliquer cette situation et qui en est responsable?

Pas de normes et pas de responsable

Au ministère de l’Agriculture, on refuse simplement tout commentaire. « Cela ne relève pas de la responsabilité du ministère. Adressez-vous au ministère du Commerce », nous dit-on. Après quelques recherches, on arrive à Saïd Al-Alfi, responsable de la protection du consommateur au ministère du Commerce. « Il faut savoir que l’essentiel de la production organique est destiné à l’exportation. Donc, les sociétés qui travaillent dans ce domaine se conforment aux normes du pays de destination. Mais sur le plan local, il n’existe aucune loi qui définit ce qui est organique ou ce qui ne l’est pas », commente-t-il. C’est peut-être cette absence de critère qui est à l’origine du problème. Car il est impossible d’établir un contrôle sans mettre en place des normes. Et en l’absence de celles-ci, certaines compagnies se sentent « plus libres », réservant les produits de qualité à l’exportation et écoulant sur le marché local des produits qui ne sont pas tout à fait conformes aux critères. Mamdouh Aboul-Eich, directeur général d’Isis, filiale de la compagnie Secam, opérant dans le domaine des produits organiques, refuse pourtant de parler de duperie. « L’absence de normes est un problème en Egypte. Si vous n’avez pas de normes, vous ne pouvez demander des comptes à personne », dit-il à Al-Ahram Hebdo. Evoquant la production de sa compagnie, Aboul-Eich refuse l’idée qu’elle n’est pas conforme aux normes. « Le problème, une fois de plus, est qu’il n’y a pas de normes. En ce qui concerne notre production, elle est écoulée à 50 % en Europe, essentiellement en Allemagne, et à 50 % en Egypte. Et c’est la même production. Nous sommes donc tenus par les normes allemandes. Nous exportons nos produits depuis 1980. Actuellement, nous exportons vers le Japon qui est l’un des pays les plus exigeants en matière de produits organiques », affirme Aboul-Eich.

L’agriculture organique a commencé en Egypte dans les années 1980 avec quelques cultures dans la région de Bélbeis au gouvernorat de Charqiya, à 60 km du nord du Caire. Aujourd’hui, le secteur est en pleine expansion et le nombre de fermes biologiques connaît une progression constante. Les produits organiques englobent les légumes, les fruits, les céréales et les légumineuses. Il existe aussi des cultures bios de coton et de lin. D’autres produits comme la viande et les volailles peuvent aussi être bios. La production organique est censée être propre et exempte de pollution. Malgré leur prix élevé, les produits bios sont demandés.

Hussein Mansour, responsable à l’Organisme de la sécurité alimentaire (organe gouvernemental créé récemment pour assurer le contrôle des produits alimentaires en Egypte), assure, lui, que le problème réside dans le système de fonctionnement du secteur des produits biologiques. « Le problème est que les fabricants de produits organiques sont en même temps les commerçants. Ils jouent le rôle du producteur et de l’inspecteur de contrôle et le gouvernement est totalement absent », affirme-t-il. Il ajoute que la quantité de produits sur le marché local est supérieure à la capacité de l’Egypte, ce qui signifie qu’un certain nombre de ces produits n’est pas organique. « Il faut créer une entité gouvernementale qui contrôle ce domaine. Il est nécessaire de faire la séparation entre les sociétés qui produisent et celles qui commercialisent, et obliger les supermarchés à se procurer des certificats d’authenticité par les entreprises productrices », propose Mansour. Une chose est certaine, le marché des produits organiques en Egypte a besoin d’être régulé et contrôlé. Saïd Al-Alfi affirme que la question est actuellement à l’étude au ministère du Commerce. « Le ministère du Commerce va faire le nécessaire pour établir une définition claire des produits organiques sur le marché local. Les conclusions de cette étude seront présentées à toutes les instances concernées, comme le ministère du Commerce et de l’Industrie, et l’Organisme de contrôle industriel, afin de prendre les mesures nécessaires au renforcement des procédures de contrôle et d’inspection et punir les responsables des entreprises qui violent le droit du consommateur », affirme-il Certains appellent quand même à imposer des sanctions aux sociétés qui opèrent dans le secteur. Car vendre des produits sous l’étiquette bio alors qu’ils ne le sont pas relève de l’escroquerie.

Ola Hamdi

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Rétablissez le courant !

Munis de bougies et de lampes à gaz, des militants du mouvement des jeunes du 6 Avril et des citoyens se sont mobilisés cette semaine pour protester contre les coupures fréquentes du courant électrique. Les jeunes ont organisé une manifestation devant le siège du Conseil des ministres au centre du Caire. Cette manifestation a duré 1 heure et demie. Des femmes et des enfants en faisaient partie. Les manifestants ont scandé des slogans antigouvernementaux. D’autres rassemblements ont été organisés dans plusieurs quartiers de la capitale, comme à Sayéda Zeinab, Guiza, Bab Al-Chaeriya et Boulaq Al-Dakrour. Les jeunes ont brandi des banderoles sur lesquelles figuraient des slogans hostiles au PND et au gouvernement, comme « Le PND a transformé l’Egypte en pénombre » et « Allume une bougie dans chaque pièce, n’attends pas que le gouvernement  réagisse ». Depuis quelques semaines, les coupures successives de courant ont donné lieu à de véritables tortures pour les citoyens, notamment à cause de la canicule qui frappe le pays depuis un mois. De nombreux citoyens sont ainsi privés de ventilateurs ou de climatiseurs. « Nous avons porté plainte à plusieurs reprises, mais à chaque fois, les responsables de la compagnie d’électricité nous disent que les choses vont s’arranger. Et rien ne s’arrange », explique Maha, jeune habitante du quartier de Boulaq venue manifester. Le ministre de l’Electricité, Hassan Younès, a pourtant affirmé cette semaine que la politique d’allégement de la pression sur les centrales électriques va continuer. « L’usage intensif des appareils de climatisation a produit une surcharge sur les centrales électriques. Nous essayons de réduire la pression qui pèse sur le réseau électrique », a déclaré Hassan Younès. Il a cependant affirmé que les coupures de courant ne dépasseront pas une heure par jour pour chaque foyer. « Tout employé au ministère de l’Electricité qui coupe le courant plus d’une heure par jour sera puni », a affirmé Younès.

 

 

 




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