PND.
Le secrétaire général, Safouat
Al-Chérif, a annoncé cette semaine que le parti soutenait la
candidature du président Moubarak aux prochaines élections
présidentielles.
Moubarak candidat « à l’unanimité »
«
Le Parti National Démocrate a choisi à l’unanimité le
président Moubarak comme candidat aux prochaines élections
présidentielles ». Tels étaient les propos tenus par le
secrétaire général du Parti National Démocrate (PND, au
pouvoir), Safouat Al-Chérif,
lors d’un entretien avec le rédacteur en chef du magazine
Al-Moussawer,
Hamdi Rezq.
Et il a ajouté : « Nous attendons seulement la décision
finale du président ». Des propos qui ont surpris l’ensemble
de la scène politique. Car, depuis des mois déjà, les
responsables du PND, et Safouat
Al-Chérif lui-même, affirmaient que le PND « n’a pas encore
choisi son candidat » et que « le nom de celui-ci ne serait
annoncé qu’en juillet 2011 ». Si le choix du président comme
candidat en 2011 en lui-même n’est pas une surprise, le
moment choisi pour l’annoncer, ou du moins pour en faire
l’allusion, suscite des interrogations. Le débat sur la
succession du pouvoir est-il clos ? Le projet d’une
transmission héréditaire du pouvoir (hypothèse à laquelle on
croyait fermement dans les rangs de l’opposition) a-t-il été
définitivement rejeté ? Les commentaires vont bon train.
Pour les analystes, ces déclarations montrent qu’il existe
une division claire au sein du PND entre l’ancienne garde
favorable à un nouveau mandat du président Moubarak et la
nouvelle garde menée par un groupe d’hommes d’affaires
favorables à Gamal Moubarak. Les déclarations de
Safouat Al-Chérif interviennent
au moment où la campagne de soutien à Gamal Moubarak, le
fils du président de la République et président du puissant
comité des politiques au sein du parti, bat son plein.
Lancée par des partisans de Gamal, cette campagne populaire
se déroule sur Facebook, mais
aussi dans la rue avec des collectes de signatures et des
affiches collées aux murs, et présente Gamal Moubarak comme
le candidat idéal pour les présidentielles. « Je crois que
l’ancienne garde a voulu couper le chemin aux partisans de
Gamal Moubarak. Elle a voulu surtout envoyer un
message disant que cette campagne populaire n’est pas
soutenue par le parti », pense Georges
Ishaq, ex-secrétaire général du mouvement
d’opposition Kéfaya, un farouche
opposant à l’idée d’une transmission héréditaire du pouvoir.
Gamal, un bon parti pour la nouvelle garde
Gamal Moubarak a été récemment propulsé sur le devant de la
scène politique. En l’espace de quelques années, le fils du
président de la République est devenu le chef du puissant
comité des politiques au sein du PND, puis secrétaire
général adjoint du parti. Bien que Gamal Moubarak ait nié, à
plusieurs reprises, son intention de devenir président, son
ascension rapide a alimenté les rumeurs sur une possible
succession de Gamal à son père à la tête de l’Etat.
Toutefois, il semblerait qu’une telle décision n’ait pas été
tranchée dans les coulisses du PND, et que des divisions
persistent encore. L’ancienne garde, menée notamment par
Safouat Al-Chérif et le
président du Parlement Fathi Sorour,
est favorable à un nouveau mandat du président. Pourtant, le
secrétaire à l’information du PND,
Alieddine Hilal, a indiqué récemment que Gamal
Moubarak était un candidat possible pour le PND aux
prochaines élections. « Nous ne pouvons pas forcer le
président Moubarak à disputer la prochaine élection
présidentielle, la décision lui appartient en fonction de sa
situation et de son point de vue sur l’avenir. S’il décide
de se présenter, nous allons le soutenir à 100 %, sinon,
Gamal Moubarak serait un bon candidat pour le parti », a
déclaré Alieddine Hilal. « Les
conflits au sein du PND entre l’ancienne et le nouvelle
garde existent. Les anciens veulent transmettre un message
qu’ils sont les plus puissants », explique Amr
Hachem
Rabie, chercheur au Centre des Etudes Politiques et
Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram.
Et d’ajouter : « La preuve est que certains gouverneurs ont
refusé que des affiches de soutien à Gamal Moubarak soient
collées aux murs dans leurs gouvernorats ». Les responsables
du PND rejettent pourtant cette analyse. « Les déclarations
de Safouat Al-Chérif n’ont rien
d’extraordinaire. Le président Moubarak n’a pas dit qu’il
n’avait pas l’intention de quitter son poste. Donc, il est
naturel que le parti adopte cette attitude », affirme
Mohamad Ragab, membre du PND et
ex-chef de la majorité PND au Conseil consultatif. « La
position du PND est claire et unie. Jamais il n’y a eu de
déclaration ou de communiqué issu par le PND ou un de ses
membres, et qui parle de conflits. Si certains membres ont
parlé de Gamal Moubarak comme candidat possible, cela ne
veut pas dire qu’il existe des conflits au sein du parti ou
qu’il y a deux ailes et que chacune appuie un candidat. Tous
les partis, même ceux de l’opposition, doivent préparer des
cadres qui soient prêts à prendre la relève. C’est ça le
rôle de chaque parti », conclut Tareq
Hassan, un jeune cadre du PND. Quoiqu’il en soit, il est
inconcevable que Safouat
Al-Chérif ait fait ses déclarations sans l’approbation du
président. Dans ce contexte, les propos du secrétaire
général du PND apparaissent avant tout comme un message à la
population et aux institutions de l’Etat affirmant que le
président Moubarak est en passe de briguer son sixième
mandat.
Sabah
Sabet