Union des Industries.
Le plus ancien des lobbys industriels s’apprête à un nouveau
mandat de sa présidence, avec peut-être un changement de
tête. Bilan d’une présidence d’Al-Zorba,
animée par de grands défis.
Un air de renouveau
Nul ne peut être soutenu par tous. C’est le cas du président
de l’Union des industries égyptiennes (UI),
Galal Al-Zorba,
qui sera peut-être nommé pour la troisième fois à ce poste.
Al-Zorba a déjà géré, pendant
plus de 6 ans, cette institution qui sert les intérêts de 16
chambres industrielles, soit deux mandats consécutifs depuis
2004. Il est le propriétaire de la société Al-Nil, une des
grandes entreprises exportatrices de vêtements. Nommé
président de l’UI par le ministre du Commerce et de
l’Industrie, un de ses solides alliés, Al-Zorba
fait partie du Comité des politiques au sein du Parti
National Démocrate (PND, au pouvoir). Il a réussi à faire
signer par le ministre en 2005 l’accord des Zones
industrielles qualifiées (QIZ), qui permet à l’Egypte
d’exporter du prêt-à-porter aux Etats-Unis, sans tarifs
douaniers, à condition que les usines égyptiennes achètent
des composantes israéliennes à la hauteur de quelque 16 % de
la valeur de la production. Un accord qui a permis à ses
affaires de prospérer, en dépit d’une opposition de
l’opinion publique qui refuse les transactions commerciales
avec Israël avant la signature d’un accord de paix entre
Israël et la Palestine.
L’inclinaison de Rachid pour Al-Zorba
a poussé les membres du conseil d’administration de l’union
ainsi que des présidents des chambres industrielles auprès
de l’union à présenter un mémorandum appelant le ministre à
choisir un autre industriel pour les représenter. Rachid a
annoncé le 29 août qu’il reportait l’annonce de la
nomination du nouveau président à la troisième semaine de
septembre.
Tareq
Tawfiq, ex-président de la chambre agro-alimentaire auprès
de l’union et propriétaire de Farm
Frites, un des signataires du mémorandum, a noté que le
message principal de ce mémorandum est de respecter le
projet de loi, déjà élaboré au cours de la présidence d’Al-Zorba,
disposant que ce poste ainsi que ceux de ses deux adjoints
soient obtenus par des élections. Et d’ajouter : « Il suffit
à Zorba de deux mandats pour
renouveler le sang de l’union ». Tawfiq espère que le
ministre acceptera cette logique.
Ceux-ci ne sont pas contre Al-Zorba
pour des raisons personnelles, mais ils perçoivent que
l’absence d’élections a nui au mécanisme institutionnel de
l’UI. Safwan
Sabet, autre membre du conseil
d’administration et également allié d’Al-Zorba,
favorise cette idée : « La désignation du président par le
gouvernement empêche de gérer l’union de manière autonome et
en fait un simple exécuteur de ses politiques, alors que 80
% du secteur industriel est privé ». Pour
Sabet, cette dépendance
vis-à-vis du gouvernement explique une des
défaites les plus importantes du
président actuel. « L’UI n’a pas réussi, durant toute cette
période, d’exercer des pressions sur le gouvernement, pour
faire passer des lois très importantes pour l’industrie,
comme la loi unifiée sur l’industrie ou celle unifiée sur
les aliments », conclut-il.
La bataille de l’énergie
Pour les uns, Al-Zorba s’est
plié à la volonté de son supérieur, le ministre du Commerce
et de l’Industrie, en approuvant la hausse des prix de
l’énergie destinée à l’industrie. Ahmad
Ghoneim, professeur d’économie et de sciences
politiques, blâme la dépendance de l’union vis-à-vis du
ministère : « Le système institutionnel est déficient et
donc n’a pas réussi à trancher des sujets très importants,
comme celui de l’énergie en sa faveur ». Le gouvernement
avait élevé en juillet dernier le prix du gaz naturel
destiné aux usines à haute consommation à 3 dollars par
million d’unités thermiques, ainsi que le prix de
l’électricité à plus de 50 %. Cependant, pour d’autres,
cette hausse n’était qu’un compromis réussi d’Al-Zorba.
Car l’UI a réussi à freiner sine die la mise en œuvre de
l’autre partie du plan gouvernemental, qui voulait lier les
prix de l’énergie locale aux cours mondiaux. Ainsi,
l’industrie bénéficiera pour longtemps des prix
subventionnés d’énergie.
Par ailleurs, Al-Zorba a joué
récemment un rôle essentiel empêchant ainsi le monopole des
agences maritimes d’élever le prix du fret, qui à son tour
accroît le prix des produits exportés. Il a ainsi eu recours
à l’Organisme du soutien à la concurrence qui a prouvé que
ces agences imposent des prix monopolistiques, les obligeant
à réduire leurs tarifs.
De son côté, Nabil Farid Hassanein,
président de la Chambre des ingénieries, dresse un bilan
positif de la période de présidence d’Al-Zorba.
Ainsi, le conseil a pu éliminer le déficit du budget en
fournissant plus de 50 millions de L.E. durant les six
dernières années comme ressources financières de l’union. «
Elu à la tête de l’Union méditerranéenne des confédérations
d’entreprises, Al-Zorba a appelé
les pays sud-méditerranéens à profiter des opportunités de
partenariat que l’espace méditerranéen leur offre, notamment
à travers la promotion des secteurs de l’exportation et du
tourisme », souligne-t-il. Ce qui pourrait porter des fruits
pour le marché égyptien en matière d’investissements et
envahir de nouveaux marchés. Yéhia
Zalat, président de la Chambre
des cuirs, ajoute : « Al-Zorba
nous a soutenus pour produire des machines égyptiennes
essentielles pour la fabrication du cuir ».
Incontestablement, Rachid met toutes ces contradictions en
considération et nul ne peut prévoir ces choix ou
préférences. Bien qu’il ait noté que son nouveau candidat
doit être à la hauteur de la prochaine période, déclarant
son refus de scinder la chambre de textile de celle du
prêt-à-porter, comme le revendiquait Al-Zorba.
Ce qui est un signe implicite d’un changement probable.
Dahlia Réda