Al-Ahram Hebdo, Arts | Un procès fantaisiste
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 Semaine du 1er au 7 septembre 2010, numéro 834

 

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Arts

Théâtre. Dans son adaptation de l’œuvre de Friedrich Durrenmatt, L’Ombre de l’âne, le metteur en scène Islam Emam parodie et critique la société égyptienne. Présentation.

Un procès fantaisiste

La voix d’un sage résonne dans la salle. Avec un ton du passé et un air ironique il annonce : « Voici l’histoire de ce village, Rokn Al-Zawiya. Que s’est-il-passé ? ». C’est ainsi que la pièce de théâtre débute. Il s’agit de la pièce de théâtre Zel al-homar (l’ombre de l’âne), une adaptation et une mise en scène de l’œuvre de l’Allemand Friedrich Durrenmatt par le jeune metteur en scène Islam Emam, présentée actuellement dans la salle du Centre de créativité artistique. Cette création constitue le premier projet théâtral réunissant les diplômés du studio de l’acteur dirigé par Khaled Galal. « Notre objectif est de créer une compagnie théâtrale qui s’éloigne de la bureaucratie. On cherche à offrir aux jeunes diplômés de la première et de la deuxième promotions l’occasion de rejoindre la compagnie et travailler d’une manière professionnelle », souligne Galal.

Le texte de Durrenmatt est en fait une pièce de théâtre écrite pour la radio misant sur l’humour et la fantaisie, voire l’absurdité. Il s’agit d’un dentiste qui décide d’aller soigner un malade dans un village lointain. Pour ce faire, il loue un âne pour le déplacement. Ainsi, le dentiste, enfourchant l’animal escorté par son propriétaire, entame son voyage dans le désert. Sous une chaleur écrasante, il met pied à terre afin de s’abriter du soleil à l’ombre de l’âne. Le propriétaire, furieux, lui réclame de l’argent sous prétexte que l’âne est loué pour le déplacement et non pour profiter de son ombre. Le conflit s’exacerbe au point d’impliquer les autorités et le peuple. Le procès divise le pays en deux camps : les partisans du dentiste et les défenseurs du propriétaire de l’âne. C’est la guerre et la chute du pays.

Emam, dans son adaptation, a opté pour la narration. C’est presque un conte arabe du passé raconté comme les anecdotes de Goha. Il a même adopté un langage dialectal actuel visant à égyptianiser le texte. « Ce texte touche bien notre réel et notre vie sociale et comporte une ironie et une critique acerbe », explique Emam dans la presse. Ainsi trouve-t-on dans cette nouvelle version une image sarcastique de la société. Avec beaucoup d’humour, il dénonce l’avidité des arrivistes, l’esprit candide de certains et l’intérêt accordé aux trivialités. N’empêche de souligner la démesure et l’exagération que les médias ont adoptées.

Au niveau de la mise en scène, le jeu est dévoilé à travers la narration. D’où une série de flash-back. Des scènes introduites et commentées souvent par les héros eux-mêmes.

Misant sur le jeu, le comique et l’humour noir, le metteur en scène a bien sélectionné ses comédiens et retravaillé les situations comiques de sa pièce. Ainsi, il a créé des types de personnages comiques, tel le juge qui répète à maintes fois : la paix, dans une intonation ridicule rappelant les slogans vains des leaders et des hommes politiques. S’ajoute à ces personnages, la danseuse, qui joue à la belle séduisante alors que c’est une femme très ordinaire qui se comporte comme un petit enfant. De même, les avocats impliqués : l’un représente le dentiste et appartient à une classe des nouveaux riches, et l’autre représente le propriétaire de l’âne, un arriviste qui sort son jeu au nom des pauvres et des démunis.

Quelques scènes tournent en dérision les stars d’aujourd’hui, lorsque les comédiens jouent, chantent et dansent en les imitant. On assiste à une scène où le dentiste et son avocat interprètent des musiciens de jazz en pleine extase et qui chantent du blabla, ou encore quand le propriétaire de l’âne fredonne avec sa femme les airs des tubes américains et occidentaux.

De plus, le déguisement et l’interprétation des rôles féminins par les hommes laissent échapper les éclats de rire du public.

Le design, les habits et le décor, signés par Marwa Auda, sont révélateurs d’une époque arabe lointaine. Les éléments du décor simples sont bien manipulés sur scène par les comédiens eux-mêmes … Une grande toile sert d’arrière-fond où le jeu d’ombres chinoises reflète clairement le ventre et les quatre pattes de l’âne, sous lesquels des images de conflits et de guerres sont figées au début et à la fin de la pièce. Une signification riche. L’éclairage et le mouvement des acteurs sur scène nous transportent d’une scène à l’autre rapidement d’où un enchaînement continu. Beaucoup d’éléments contribuent à créer une scénographie intéressante.

A la fin de la pièce, la guerre mène à la chute et le narrateur s’interroge alors : qui est l’âne dans cette histoire ? Une question pleine de sarcasme.

May Sélim

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Zel al-homar, jusqu’au 4 septembre, tous les soirs à 21h30, au Centre de la créativité artistique. Terrain de l’Opéra, Guézira.

Tél. : 2736 3448

 

 




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