Al-Ahram Hebdo,Invité | Amin Abaza, « Notre dialogue se concentre aujourd’hui avec l’Ethiopie et l’Ouganda »

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 Semaine du 18 au 24 août 2010, numéro 832

 

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Invité

Le ministre de l’Agriculture, Amin Abaza, s’exprime sur les relations de l’Egypte avec les pays du Bassin du Nil, l’augmentation du prix du blé et le secteur du bétail et de la viande, stratégiques durant le mois du Ramadan.

« Notre dialogue se concentre aujourd’hui avec l’Ethiopie et l’Ouganda »

Al-ahram hebdo : Le prix du blé, dont l’Egypte importe la moitié de sa consommation, a connu un envol spectaculaire après les incendies russes et la forte spéculation sur les marchés. Quels effets peut-on craindre pour l’Egypte ?

Amin Abaza : Nous sommes prêts à une telle situation avec une réserve stratégique qui couvre quatre mois de consommation, ce qui est suffisant jusqu’à ce que les marchés mondiaux se stabilisent. Les derniers jours ont déjà connu une baisse légère des prix. En plus, la Russie n’a pas annulé les livraisons de blé qu’elle devait envoyer, elle les a juste réechélonnées sur une plus longue période.

— Comment évaluez-vous la relation de l’Egypte avec les Etats du Bassin du Nil, notamment après les récents problèmes entre les pays en amont et en aval du fleuve ?

— Notre dialogue avec ces Etats se concentre plus particulièrement aujourd’hui avec l’Ethiopie et l’Ouganda. Quant à la Tanzanie et le Kenya, leur influence est minime pour ce qui est de la quantité d’eau dont nous avons besoin. L’Egypte n’a jamais oublié le dossier africain. J’ai personnellement visité l’Ethiopie 7 fois durant les 5 dernières années, le Soudan 9 fois et l’Ouganda 3 fois et j’ai rencontré les ministres de l’Agriculture de ces pays. Les responsables dans les Etats du bassin africain sont conscients de l’importance du rôle de l’Egypte, pour fonder des relations basées sur des principes et des intérêts communs. Or, le problème est que les peuples dans ces pays ne comprennent pas ce rôle. Par exemple, bien que le rôle de la Tanzanie soit le moins influent dans le dialogue actuellement en cours, certains responsables dirigent un mouvement d’opposition à l’intérieur des Etats du Bassin du Nil, bien que le président tanzanien appuie la position de l’Egypte et soutienne continuellement nos réclamations. Il a dernièrement visité l’Egypte et rencontré le président Moubarak, ce qui prouve la profondeur des relations entre les deux pays. L’Egypte déploie d’énormes efforts pour convaincre les Etats du bassin que l’action commune signifie réaliser des intérêts communs pour toutes les parties. Il est important d’effacer totalement des esprits l’idée qu’il y a une partie gagnante et une autre perdante et le message de l’Egypte ne parviendra aux peuples du Bassin du Nil que par l’augmentation des investissements en Afrique dans divers domaines.

— L’importation du bétail d’Afrique est-elle donc une décision politique ?

— L’importation du bétail ainsi que des viandes fraîches ou congelées des Etats du Bassin du Nil constitue un des facteurs de renforcement des relations commerciales entre l’Egypte et ces Etats. De plus, le bétail existant dans les pâturages africains est conforme aux conditions de santé fixées par des comités vétérinaires pour protéger notre richesse animale.

— La rue égyptienne ne fait pas confiance à ces viandes exportées. Ce qui a causé une hausse exorbitante des prix de la viande locale, surtout à l’approche du Ramadan. Qu’en pensez-vous ?

— Ce manque de confiance est provoqué par des rumeurs répandues par les entreprises locales en concurrence parce que chacune veut s’accaparer le marché local. J’appelle donc le public à ne pas accorder trop d’importance à ces rumeurs, surtout que les prix des viandes locales vont baisser à nouveau. Et je voudrais assurer que les viandes exportées passent par plusieurs phases d’examen et de contrôle, et il faut savoir que 13 millions de touristes visitent l’Egypte chaque année et consomment ces viandes en toute sécurité.

— Certains pensent également que le ministère n’accorde pas de grand intérêt à la question de l’envoi de comités vétérinaires pour examiner les viandes à l’étranger. C’est aussi votre avis ?

— L’Egypte est l’unique Etat du monde qui envoie à l’étranger ce genre de comités. J’ai appris par les ministères de l’Agriculture en Arabie saoudite, au Koweït et aux Emirats arabes unis qu’ils n’envoyaient pas ce genre de comités malgré les conditions très strictes qu’ils imposent à l’importation des viandes.

— Etes-vous donc satisfait du travail de ces comités vétérinaires ?

— Non, je ne suis pas satisfait parce que les comités voyagent aux frais de l’importateur. De plus, le nombre de membres dans chaque comité n’est pas suffisant pour examiner tout le bétail. Le ministère tente actuellement de conclure un accord avec les grands Etats exportateurs de viande pour qu’ils assument la responsabilité des certificats d’hygiène qui prouvent que le bétail est halal et qu’il est conforme aux normes vétérinaires égyptiennes.

— Mais on prétend que le nombre d’abattoirs est insuffisant pour couvrir la diversité des sources d’importation. Quel est votre avis sur la question ?

— Ceci est tout à fait vrai. Le nombre d’abattoirs est insuffisant. L’entrée du secteur privé dans ce domaine est une nécessité impérative pour construire des abattoirs modernes aux points d’arrivée du bétail, comme à Port-Saïd et Safaga.

— Revenons au problème de l’eau. Où en est le projet de modernisation des systèmes d’irrigation des champs ?

— C’est un projet colossal. Il économisera 10 milliards de mètres cubes d’eau, capables de bonifier près de 2 millions de nouveaux feddans (840 000 ha) dépassant 4 fois ce que dépensera l’Etat pour ce projet. Le secteur privé y jouera un rôle important en participant au développement de l’irrigation des plantations d’agrumes dont la surface s’élève à près de 700 000 feddans (294 000 ha). Cela afin d’élever les revenus de près de 1,5 million d’agriculteurs d’agrumes. Le ministère des Finances a d’ailleurs crédité les sommes consacrées au lancement du projet.

— Quelle est la position du ministère quant aux constructions en terres agricoles ?

— Le ministère a promulgué des législations, lois et décisions pour protéger les terres agricoles. Cependant, elles ne sont pas appliquées comme il se doit par les responsables dans les gouvernorats.

— Le gouvernement est accusé d’avoir échoué dans sa lutte contre la grippe aviaire. Qu’en dites-vous ?

— L’Egypte est le seul pays au monde dont l’élevage de volailles concerne 9 millions de familles rurales. Nous ne sommes pas parvenus aux foyers du virus car les cultivateurs n’ont pas réalisé le danger que représente l’élevage domestique.

— Le fonds d’indemnisation consacré aux pertes causées par la grippe aviaire peut-il être utilisé pour compenser l’élevage domestique à la campagne ?

— Comme je l’ai dit, nous avons 9 millions de foyers à la campagne qui élèvent des volailles. Ils peuvent bénéficier du fonds à condition de signaler l’atteinte de leurs volailles. Le vétérinaire doit alors prouver la maladie et exécuter les volailles malades. L’indemnisation s’élève à 50 % de leur valeur et n’est versée qu’une seule fois. Le capital du fonds a atteint 30 millions de livres.

— Certains pensent que l’agriculture est une perte pour les agriculteurs à cause de la hausse des prix des engrais. Qu’en pensez-vous ?

— Ces prétentions sont exagérées. Lorsque j’ai accédé au ministère de l’Agriculture il y a cinq ans, il y avait une crise flagrante dans le domaine des engrais. Prétendre que l’agriculteur obtenait les engrais à bas prix et que le gouvernement a élevé les prix n’est pas correct. Il obtenait une partie de ses besoins à prix réduit puis achetait le reste à des prix très élevés sur le marché noir. La moyenne de ce qu’il versait était donc élevée. La première chose que j’ai alors faite a été d’augmenter les prix pour qu’ils se rapprochent des taux mondiaux, pour deux objectifs. D’abord, assimiler la production des usines du secteur privé qui n’étaient pas intéressées par le marché local à cause de ses bas prix et, par conséquent, réduire le fossé sur le marché local entre la production et la consommation. Puis, réaliser une certaine abondance pour mettre terme à l’état de panique dont souffrait l’agriculteur et adresser un message fort au marché noir. Cela pour parvenir en fin de compte au résultat que la hausse des prix est en fait une baisse des prix des engrais qui sont maintenant disponibles à tout moment en grandes quantités, au lieu d’un prix réduit pour des engrais qui ne sont pas disponibles.

— Quel fut donc le résultat ?

— Depuis près de 3 ans, il n’y a pas eu de crise de manque d’engrais dans les deux saisons hivernale et estivale. Au contraire, la hausse des prix a poussé les agriculteurs à rationaliser leur consommation de 30 %. Nous avons donc mis un terme à l’emploi abusif des engrais.

— Pourquoi avez-vous promulgué une décision d’interdire au secteur privé la livraison des engrais ?

— J’ai pris cette décision car je ne pouvais pas contrôler la livraison et afin de savoir où se trouvait le véritable déséquilibre dans le secteur des engrais et de placer les autres parties sous le contrôle de la banque agricole, des coopératives agricoles et des compagnies productrices.

— Certains pensent que la corruption est importante dans le secteur agricole. Comment faites-vous face à ce problème ?

— Le secteur agricole touche directement la vie des populations. Par conséquent, la corruption, même d’ampleur limitée, exerce une forte influence sur le quotidien des citoyens. Lorsque je découvre des corruptions, je n’hésite pas à les transmettre aux organismes de contrôle et à frapper d’une main de fer ce phénomène .

Propos recueillis par Magda Barsoum

 




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