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 Semaine du 11 au 17 Août 2010, numéro 831

 

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Afrique

Rwanda . Le président sortant Paul Kagamé doit être reconduit à la tête du pays. Malgré de nombreux appels à rejeter les résultats et la dénonciation par des organisations d’opposition de l’absence de liberté et de violences préélectorales, la communauté internationale n’a pas réagi.

Scrutin sans surprise

Comme prévu, l’élection présidentielle du 9 août au Rwanda a bien eu lieu. Les électeurs se sont déplacés parfois très tôt pour choisir leur nouveau chef d’Etat parmi quatre candidats. Quelque 5,2 millions de votants étaient attendus, et le processus s’est déroulé de façon satisfaisante, selon le secrétaire général de la Commission Electorale Nationale (NEC), Charles Munyaneza, cité par l’AFP, sous la surveillance de 1 400 observateurs, dont 214 internationaux. Aucun incident n’a, en effet, été mentionné dans la nuit ou à l’ouverture des bureaux. Et pour cause : tous les facteurs de trouble possible étaient absents de ce scrutin : opposants politiques assignés à résidence et sous le coup de la justice ou assassinés, journaux suspendus. Rien ne semblait pouvoir assombrir cette journée pour le grand favori Paul Kagamé, dont l’élection ne fait plus de doute, d’autant plus que le scrutin bénéficiait de la bienveillance implicite de la communauté internationale.

La veille avait le goût d’une fête de victoire anticipée, et le candidat est apparu très serein lors de ce dernier meeting de campagne. Plusieurs dizaines de milliers de personnes aux couleurs rouge, blanche et bleue du Front Patriotique Rwandais (FPR, parti au pouvoir de Kagamé, ndlr) s’étaient déplacées. Une foule en liesse qui clamait : « Nous voterons pour toi, personne d’autre que toi ».

Il faut dire que le candidat, qui brigue un second mandat est à l’origine d’un certain nombre de progrès dans le pays depuis 16 ans de la modernisation et de l’agriculture à une politique volontariste de développement économique basée sur les nouvelles technologies et les services qui ont permis au pays d’acquérir stabilité et croissance. C’est aussi à lui que le Rwanda doit la mise en déroute des génocidaires hutus, en 1994, conflit qui a fait près de 800 000 morts. Pour ce scrutin, il a promis de « poursuivre la bataille pour le développement ». Un programme qui a de quoi plaire, d’autant plus qu’il s’adresse au plus grand nombre. « La nouvelle politique au Rwanda, ce n’est pas la politique pour les Hutus, les Tutsis ou les Twa, mais la politique pour tous les Rwandais, scandait-il. La justice que j’ai mise en place est pour tous les Rwandais, le système éducatif aussi ».

Kagamé ne fait pourtant pas l’unanimité. Formations politiques d’opposition et organisations de défense des droits de l’homme dénoncent un régime autoritaire de répression des libertés, notamment d’expression et d’opinion qui musèle l’opposition et la presse de façon croissante, voire emploie la violence. Les autorités rwandaises ont néanmoins démenti toute implication dans les assassinats des derniers mois et ils expliquent les arrestations et les suspensions de journaux par leur non-respect des lois en vigueur.

Mais rien n’est venu empêcher la tenue du scrutin. Samedi dernier, le parti de l’opposition des Forces Démocratiques Unifiées (FDU) avait pourtant appelé une dizaine de pays ainsi que les Nations-Unies, l’Union africaine, l’Union européenne et le Commonwealth à faire pression pour reporter le scrutin. La formation politique exprimait, dans un communiqué, son souhait que les opposants, notamment sa présidente Victoire Ingabire, se voient « octroyer la liberté de mouvement sans condition et sans délai », et que soit reconnue la légalité des partis politiques d’opposition (qui n’ont pas obtenu le droit de s’enregistrer pour proposer un candidat, car ils ne remplissaient pas les conditions, selon les autorités rwandaises, ndlr) afin que tous ceux « qui le désirent puissent participer à cette compétition politique ». Objectif, selon les FDU : « donner une ultime chance au processus démocratique et prévenir la violence » au Rwanda. De même, les rebelles hutus des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) avaient appelé à rejeter par avance les résultats de l’élection.

Si certains pays ont dénoncé « la répression préélectorale », la communauté internationale semble, malgré tout, sourde aux revendications libératoires, soutenant Kagamé pour les changements positifs apportés au Rwanda. Pourtant, il est à craindre que des frustrations nées au sein de l’opposition, chez certains éléments de l’élite politique et dans une partie de la population en raison du népotisme ambiant, ne finissent par inverser la tendance et déstabiliser le pays. Un processus peut-être déjà en cours : le parti au pouvoir est actuellement en proie à des dissensions .

Sandra Gérard

 




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