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 Semaine du 14 au 22 juillet 2010, numéro 827

 

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Opinion
 

Certains la préfèrent stérile

Abdel-Moneim Saïd

Dans mon article de la semaine dernière, je craignais d’aborder le dossier épineux de l’immobilier des terrains, du développement urbain et de leurs enjeux. Ce dossier miné est naturellement imbriqué avec d’autres dossiers tout aussi enchevêtrés. Mais ce dont à quoi je ne m’attendais pas en abordant ces problèmes épineux ne sachant quand est-ce qu’ils vont se déclencher, c’est de me retrouver face à un groupe de francs-tireurs qui ont décidé de me cibler pour des raisons qui ont, ou qui n’ont pas, de relation avec le sujet même.

Cependant, les problèmes de la presse et de la déontologie ne sont pas notre sujet, mais c’est surtout le développement urbain. J’ai été attiré par une manchette, selon laquelle les membres du PND (Parti National Démocrate, au pouvoir) se sont mis d’accord avec des sociétés étrangères pour déminer le Sahara occidental à condition que le PND s’approprie ces terrains plus tard. L’écrivain était dans un état de furie, non pas parce que le désert mentionné contient toujours des mines qui remontent à plus de 6 décennies, portant gravement atteinte aux citoyens égyptiens, et non pas parce que cette terre stérile est demeurée telle quelle depuis des lustres, mais parce que les terres seront la propriété des membres du PND. Bien que l’information ne soit pas correcte et que le PND n’ait rien à avoir avec cette affaire. Sauf qu’un de ses ministères a élaboré un plan de développement de la Côte-Nord jusqu’au Sahara occidental, ce qui réaliserait incontestablement une énorme révolution élargissant l’espace de construction et d’investissement.

En fait, cette polémique reflète toute la crise de l’Egypte et la persistance du cercle vicieux de l’arriération. La divergence dans son essence, quelles que soient les expressions et les paroles injurieuses utilisées ou celles hors contexte, demeure la même et réside en la question de la fortune et sa distribution. Une équation qui, à mon avis, a maintenu toujours l’Egypte en dehors des rangs des pays développés toutes ces années.

Le crime réel qui a lieu sur la terre de l’Egypte n’est pas celui que l’on suit dans les tribunaux, mais plutôt dans le nombre des chances perdues et leurs coûts. Quels que soient les crimes qui se rapportent à l’immobilier, c’est la justice égyptienne qui les tranchera, seulement qui émettra un jugement sur le million de km2 de terres qui demeurent désertes et non exploitées, vides d’investissement, d’urbanisation, de commerce, d’agriculture, d’industrie, de tourisme ou d’une quelconque activité humaine.

Prenons l’exemple d’Al-Sadate qui a entamé les premiers pas dans le sens de l’ouverture économique. Un mouvement qui tantôt s’accélérait et tantôt ralentissait et qui s’est étendu une fois vers la Côte-Nord, une autre fois vers le Sud-Sinaï, tantôt sur les rives de la mer Rouge et aux abords des grandes villes et cités et tantôt vers les capitales des gouvernorats. Aujourd’hui, on compte en Egypte 33 nouvelles villes dont le nombre d’habitants équivaut à celui du Danemark et de l’Autriche et qui dépasse celui de la Jordanie par exemple.

Au cours de cette démarche, les moyens et les voies se sont multipliés. Lorsque l’Etat a commencé à édifier des villages sur la Côte-Nord et à l’ombre des accusations que les unités de logement ont accordées à ses bureaucrates, il a été attribué à tous les syndicats égyptiens des superficies pour construire leurs villages touristiques.

Bref, l’activité accélérée que connaît aujourd’hui la Côte-Nord est semblable à des expériences qui lui sont ultérieures sur la mer Rouge, sur le golfe de Suez et de Aqaba, là où ce merveilleux mélange a donné naissance à des emplacements égyptiens exceptionnels sur la carte géographique mondiale, comme Charm Al-Cheikh, Hurghada et Marsa Alam.

La banque Al-Ahli avait élaboré une étude pour la fondation Al-Ahram sur les conjonctures économiques sur la mer Rouge, qui se sont avérées être stupéfiantes sur tous les points. D’autant plus que l’évolution qu’ont connue ces régions s’est faite dans un court laps de temps. Par exemple, Hurghada, Gouna, Magawich et Sahl Hachich comptent 169 hôtels.

Pour entraver n’importe quel progrès, l’accusation est toujours prête, celle disant que de tels projets d’urbanisation ne sont pas orientés vers les pauvres et les couches à revenus limités. Bien que tout le processus de développement urbain assimile 8 millions d’habitants, c’est-à-dire environ 31 % du volume de la main-d’œuvre en Egypte. Tel que mentionné dans mon précédent article, la distribution de l’évolution immobilière en Egypte est destinée à 5 % des riches, 35 % de la classe moyenne et 60 % des couches à revenus limités.

D’ailleurs, il existe une maxime très courante en Egypte, selon laquelle les sociétés immobilières sont destinées aux riches, alors que c’est l’Etat qui s’occupe des pauvres. Cependant, ceci ne reflète en rien la réalité. Surtout que selon l’Organisme central de la mobilisation générale et des statistiques, en 2008-2009, l’Etat a construit 3 383 unités de logements à coûts réduits et 29 222 unités économiques. Alors que le secteur privé a construit 47 230 unités de logements. A un moment où l’Etat a construit des unités moyennes au nombre de 1 299, le secteur privé en a construit 54 514. Même les logements de Zeinhom, construits sous l’égide de la première Dame d’Egypte, Mme Suzanne Moubarak, ils l’ont été sous l’initiative du secteur privé sous la direction de Dr Ibrahim Kamel.

Ainsi, il va sans dire que le fond de la question se rapporte au processus de développement en Egypte. Ce sont des compagnies égyptiennes dirigées par des Egyptiens, et dans lesquelles la main-d’œuvre est égyptienne, qui édifient des projets rentables et profitables pour les Egyptiens. Une fois que les projets prendront fin, aucun d’eux ne volera un gouvernorat, une ville ou une plage avec lui à l’étranger, si les personnes qui recourent aux injures et aux mots éloquents et provocateurs parviennent à les chasser.

Une dernière fois, l’histoire ne nous demandera pas des comptes pour les erreurs que nous avons commises ou que d’aucuns ont commises pendant ce processus de développement, et qui seront d’ailleurs tranchées par la justice. Mais elle nous demandera des comptes pour avoir laissé la terre d’Egypte stérile sans construction ni développement urbain. C’est là que réside le problème.

 

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