Réserves Naturelles. L’oasis de Siwa a tenu son troisième festival annuel axé notamment sur
les problèmes environnementaux dont elle souffre.
Un
intérêt prioritaire
Siwa
a besoin constamment de développement et de l’intérêt de la
part des responsables de l’Etat. Cette réserve naturelle ne
figure pas encore sur la liste des priorités du gouvernement
égyptien, bien qu’elle jouisse d’une superficie de 7 800
kilomètres carrés. Elle est située à l’ouest de l’Egypte, à
la frontière libyenne et à 560 km au sud du Caire. Elle est
riche aussi en espèces diverses de faune et de flore. Cette
réserve naturelle occupe une place importante dans
l’éco-tourisme en Egypte, mais manque de beaucoup de moyens
de sécurité et souffre de problèmes de drainage agricole et
de l’eau souterraine. Telles sont les conclusions de la
rencontre entre responsables et cheikhs des tribus de Siwa.
Dans le cadre des célébrités de l’année 2010, année de la
biodiversité, le secteur de la protection de la nature au
sein de l’Agence Egyptienne pour les Affaires de
l’Environnement (AEAE) a organisé la semaine dernière le
troisième festival annuel de Siwa. Il s’agit d’un festival
visant à attirer l’attention des responsables sur cette
oasis, sujette à une biodiversité négligée, pour ne pas dire
une détérioration.
Cette rencontre, qui a duré
une seule journée, partagée en deux séances, réunissant le
président de la Fédération arabe de la protection de la vie
sauvage, le directeur de la réserve naturelle de Siwa et le
président de la ville de Siwa ainsi que 11 cheikhs des
différentes tribus, a été une occasion pour que les
interlocuteurs se mettent d’accord sur l’importance de
mettre un terme aux problèmes environnementaux dont souffre
cette réserve naturelle. Ils ont discuté également des
solutions possibles. « Jusqu’à aujourd’hui, rien n’a été
réalisé. On a parlé depuis longtemps des problèmes dont
souffre cette réserve, mais les progrès sont minimes. La
nature de cette réserve fait qu’elle reçoit l’eau
souterraine, la pluie et l’eau du drainage agricole.
L’augmentation du niveau de la nappe phréatique constitue un
vrai danger pour les habitants de Siwa. Il est temps
d’utiliser intelligemment l’eau du drainage pour encourager
le développement, vu que l’agriculture est l’activité
principale dans cette réserve. Cette eau devrait être
mélangée avec de l’eau souterraine et transportée dans le
désert afin de les réutiliser dans la culture des palmiers,
des oliviers et des plantes sauvages », explique Wafaa Amer,
directrice du secteur de la protection de la nature au sein
de l’AEAE.
Selon les participants,
même le patrimoine culturel de la société siwie, sa langue
qui n’est pas une langue écrite et les produits de
l’artisanat ont besoin de préservation. Durant ce festival,
les responsables n’ont pas manqué de saisir l’occasion pour
organiser une exposition sur tous les aspects de la vie à
Siwa ainsi que sur les produits artisanaux.
Il est question également
d’encourager la société civile, les bédouins et les services
gouvernementaux à contribuer à une surveillance bien
contrôlée de l’éco-tourisme dans la réserve.
Une oasis qui mérite une priorité
Bien qu’elle fasse partie
des plus anciennes zones du monde entier et qu’elle possède
une partie de la Grande Mer de sable, elle-même considérée
comme système sauvage (sol, air et eau ainsi que leurs êtres
vivants), la réserve naturelle Siwa n’occupe aucune priorité
dans les plans de développement de l’Etat égyptien. « Même
si l’Etat n’a pas manqué de construire la route Matrouh-Siwa
de 300 km environ, cette route n’est pas sécurisée. Elle a
besoin de commissariat et d’ambulance ou d’unités de secours
quotidiennes. Les habitants et les bédouins ont besoin de
soutien de la part de l’Etat pour travailler dans la réserve
et pour qu’ils contribuent à la conserver. J’ai eu des
discussions avec les cheikhs des tribus dans cette réserve
et je peux assurer que le rôle du secteur de protection de
la nature, des réserves naturelles et du ministère de
l’Environnement est complètement absent ! Il faut y avoir
une coordination entre les ministères concernés du Tourisme
et de l’Environnement pour que cette zone figure sur la
liste de tourisme, exactement comme l’Etat a fait avec
Louqsor ! », assure Sami Al-Filali, président de la
Fédération arabe de la protection de la vie sauvage. Il
insiste pour que Siwa, dotée d’une diversité naturelle,
environnementale et culturelle, soit déclarée comme une
région ayant une spécificité afin qu’elle obtienne
l’attention nécessaire de la part de l’Etat.
Racha
Hanafi