Al-Ahram Hebdo,Monde | Nouvelle époque, nouveaux procédés

  Président
Abdel-Moneim Saïd
 
Rédacteur en chef exécutif
Hicham Mourad
  Conseiller de la rédaction
  Mohamed Salmawy

Nos Archives

 Semaine du 14 au 22 juillet 2010, numéro 827

 

Contactez-nous Version imprimable

  Une

  Evénement

  Enquête

  Dossier

  Nulle part ailleurs

  Invité

  Egypte

  Economie

  Monde Arabe

  Afrique

  Monde

  Opinion

  Société

  Arts

  Idées

  Livres

  Littérature

  Visages

  Environnement

  Voyages

  Sports

  Vie mondaine

  Echangez, écrivez



  AGENDA


Publicité
Abonnement
 
Monde

Etats-unis - Russie . L’échange d’agents secrets n’est plus ce qu’il était. Il se fait désormais en plein jour, démontrant que la guerre froide est définitivement révolue.

Nouvelle époque, nouveaux procédés

Espions, renseignement, échange … On se croirait revenu au temps de la guerre froide, un peu comme si elle n’avait jamais vraiment pris fin. Mais vendredi dernier, Russie et Etats-Unis ont procédé à l’échange des 10 supposés agents secrets russes, arrêtés en juin aux Etats-Unis, et de quatre espions américains d’origine russe, à Vienne. Ce procédé est désormais symbole du « redémarrage » effectif des relations diplomatiques entre les deux pays longtemps ennemis.

C’est à bord d’un Boeing 767 que les dix agents expulsés des Etats-Unis sont arrivés sur le tarmac d’une piste de l’aéroport de Vienne. Parmi eux, Anna Chapman, jeune rousse de 28 ans. Elle, qui se prétendait entrepreneuse dans l’immobilier, était surtout connue pour les détails de sa vie sexuelle dont les médias avaient fait leurs choux gras après les révélations de son ex-mari. Les « Dix », comme les a surnommés la presse américaine, étaient inculpés pour « avoir comploté comme agents secrets aux Etats-Unis pour le compte de la Fédération de Russie ». Neuf d’entre eux l’étaient également pour blanchiment. Pourtant, vendredi, alors que les poursuites contre eux ont été abandonnées, ils ont rejoint l’avion du ministère russe des Situations d’urgence.

L’échange s’est déroulé selon les termes prévus. Contre les « Dix », quatre agents russes, dont l’expert en armement, Igor Soutiaguine, sont remis aux autorités américaines. Graciés jeudi soir par le président russe Dimitri Medvedev, ils avaient été condamnés en Russie à différentes peines, allant de 13 à 18 ans de prison, pour espionnage au profit de Washington et de Londres. Curieusement, le quatrième homme est Guennadi Vassilenko, ancien agent du KGB reconverti dans la sécurité privée et condamné à trois ans pour des délits sans rapport avec l’univers du renseignement. Côté russe et côté américain, tous les espions ont reconnu leur culpabilité. Selon un haut responsable américain, cité par l’AFP sous couvert d’anonymat, les quatre n’ont « eu d’autre choix » que celui de signer des aveux contre leur liberté.

Le démantèlement d’un réseau russe d’espions par les autorités américaines, à l’origine de cet accord, avait pourtant créé quelques remous dans les relations entre Etats-Unis et Russie. Alors que le président Medvedev venait d’effectuer une visite de deux jours aux Etats-Unis pour approfondir les relations économiques, signe positif dans le rapprochement, l’affaire a provoqué la suspicion parmi les Américains. Et la colère russe : « De telles actions sont infondées et malintentionnées », avait dénoncé la diplomatie du pays, évoquant les arrestations et le discours qui les a accompagnées.

L’affaire est embarrassante pour les deux protagonistes et la politique extérieure qu’ils mènent l’un envers l’autre. Pourtant, d’une manière assez surprenante, ils s’en saisissent pour en faire le témoin de leur engagement et de leur capacité à traiter ensemble. Avec succès. En quelques jours seulement (les « Dix » ont été arrêtés le 27 juin, l’échange a eu lieu le 9 juillet, NDLR), les termes de l’échange sont fixés et approuvés par les deux Etats. « La décision empressée et inattendue (d’organiser l’échange d’agents, NDLR) témoigne avant tout du fait que les deux camps ne veulent pas gâcher leurs relations à cause du scandale d’espionnage », explique Viatcheslav Nikonov, président du centre d’analyse Politika, cité par l’agence de presse Interfax.

Surveillance russe peu dangereuse

La tâche n’était pourtant pas aisée et nécessitait des compromis de part et d’autre. Les Etats-Unis n’ont fait libérer que quatre agents, mais ce sont « de très bons espions » selon le vice-président américain, Joe Biden, qui s’exprimait vendredi lors de l’émission The Tonight Show With Jay Leno. Et ont passer sur le fait qu’une surveillance russe, bien que peu dangereuse selon les apparences, opérait sur leur territoire. Tandis que les « Dix », obtenus en contrepartie par Moscou, sont largement décriés pour leur amateurisme : communication en morse ou à l’encre invisible, utilisation de gadgets, échange de sacs identiques pour transmission de faux passeports, etc. « Cela a l’air d’une farce. Soit ce n’est pas de l’espionnage, soit les espions ont travaillé par dessus la jambe », estime Mikhaïl Lioubimov, colonel du service des renseignements extérieurs dans le quotidien populaire Komsomolskaïa Pravda.

Mais l’enjeu était de taille. Symbole principal de ce rapprochement, l’accord Start sur la réduction de l’arsenal nucléaire stratégique des pays, signé en avril par les deux parties, est débattu en ce moment au Sénat américain. Une montée de tension aurait pu compromettre sa ratification et servir les milieux conservateurs anti-Russie, d’ailleurs accusés par des experts russes d’avoir voulu porter un coup à la politique du président Obama en surmédiatisant le démantèlement du réseau d’espions quelques jours seulement après la venue, à des fins économiques, de M. Medvedev. Mais « cet accord donne toutes les raisons de croire que la politique (de relance) des dirigeants de la Russie et des Etats-Unis va se poursuivre et que les tentatives d’écarter les parties de ce chemin échoueront », estime le ministre russe des Affaires étrangères. Reste pourtant une question en suspens : les « Dix » étaient-ils vraiment aussi incompétents qu’on veut bien le faire croire ou ne servaient-ils en fait que de couverture à une opération plus vaste et mieux organisée ? Auquel cas le « compromis » consenti par la Russie ne servirait pas exactement la politique de rapprochement.

Sandra Gérard

Retour au sommaire

 




Equipe du journal électronique:
Equipe éditoriale: Névine Kamel- Howaïda Salah -Thérèse Joseph
Assistant technique: Karim Farouk
Webmaster: Samah Ziad

Droits de reproduction et de diffusion réservés. © AL-AHRAM Hebdo
Usage strictement personnel.
L'utilisateur du site reconnaît avoir pris connaissance de la Licence

de droits d'usage, en accepter et en respecter les dispositions.