Al-Ahram Hebdo,Invité | Ekmeleddine Ihsanoglu

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 Semaine du 9 au 15 juin 2010, numéro 822

 

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Invité

Le secrétaire général de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI), le Turc Ekmeleddine Ihsanoglu, s’exprime sur l’attaque israélienne contre la flottille humanitaire allant à Gaza, la montée de l’islamophobie en Europe et l’action de cette institution visant à promouvoir un islam moderne et modéré.

« Les nouvelles formes de l’islamophobie en Occident sont plus difficiles à traiter que les anciennes »

Al-ahram hebdo : Quelle est votre réaction aux attaques israéliennes contre la flottille humanitaire visant de briser le blocus contre Gaza et qui ont causé la mort de plusieurs activistes ?

Ekmeleddine Ihsanoglu : Je condamne dans les termes les plus fermes les actes de violence des militaires israéliens contre des civils voyageant à bord de la flottille de la Liberté allant vers la Palestine. Ces personnes n’avaient aucune intention sinon celle de livrer l’aide humanitaire et exprimer leur solidarité avec le peuple de Gaza. Pour cette raison, je pense qu’Israël est totalement responsable du bien-être et de la sécurité de ceux qui se trouvaient sur le navire et donc les crimes commis représentent une violation délibérée du droit international et des valeurs humaines. Des enquêtes sur les crimes commis par Israël contre les voyageurs de la flottille de la Liberté, qui ont, d’ailleurs eu lieu dans des eaux internationales, doivent immédiatement être menées. De plus, Israël doit lever immédiatement le blocus imposé sur Gaza, qui a sévèrement affaibli l’économie locale et provoqué la détérioration des conditions de vie des habitants.

Quels sont aujourd’hui les défis les plus importants de l’OCI ?

Je dois admettre que, malgré tout, nous vivons en ce moment, une phase importante de notre travail. Pour la première fois, aujourd’hui, nous relevons que des institutions européennes comme par exemple le Conseil de l’Europe, l’OSCE (l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe), le Conseil britannique et d’autres, reconnaissent l’existence de l’islamophobie sur le vieux continent. Ils partagent maintenant avec l’OCI de réelles inquiétudes sur le sérieux de la situation et la propagation de ce phénomène, qui se traduit clairement par la montée dans les manifestations de discrimination et de haine contre les musulmans en Europe. Je peux dire que lorsque j’ai assumé cette fonction (de secrétaire général de l’OCI), il y a cinq ans, l’ensemble des responsable européens essayaient d’ignorer l’existence de l’islamophobie. De nombreuses institutions aujourd’hui en Europe sont préoccupées par la montée de l’extrême droite qui véhicule un discours de haine contre les musulmans pour des objectifs politiques. Je dois dire que nous, à l’OCI, avons travaillé énormément pour sensibiliser les responsables européens sur ce danger.

— Comment l’OCI agit-elle pour traiter ce phénomène ?

Je pense que les nouvelles formes de l’islamophobie en Occident sont plus difficiles à traiter que les anciennes. Celles-ci ont eu lieu sous l’aspect des caricatures offensantes et peu civilisées sur notre prophète. Elles ont sûrement représenté un abus des principes comme celui de la liberté d’expression et la liberté des médias pour insulter les musulmans et contribuer à la propagation des stéréotypes hostiles.

D’autres aspects de l’islamophobie ne devraient-ils pas être contrés ?

Nous sommes aujourd’hui parvenus à une nouvelle étape que je considère encore plus dangereuse que celle de la crise des caricatures. Cela est arrivé avec l’interdiction par le gouvernement suisse de la construction des minarets. Cela est d’autant plus dangereux que nous sommes face à une action produite par un amendement constitutionnel approuvé par un peuple pour réduire la liberté pratique religieuse, qui constitue d’ailleurs un droit fondamental de l’homme. Il est vrai qu’ils veulent mener cette action en utilisant un processus démocratique, un référendum, qui se tient cependant dans un pays, la majorité de la population ne semble pas avoir une idée correcte et juste de l’islam. Depuis que cette initiative a été lancée, nous avons été confrontés à des images très choquantes, représentant des minarets sous la forme de missiles ou des musulmans comme étant naturellement des terroristes.

Quelles seront les conséquences de ce genre de manifestations ?

Bien sûr, la première conséquence de l’interdiction des minarets a institutionnalisé la haine à l’islam. Et cela aura certainement des ramifications. Maintenant, plusieurs autres pays, immédiatement après l’annonce des résultats du référendum, ont commencé à dire qu’ils devraient faire la même chose. Ensuite, les groupes d’extrême droite ont eux aussi commencé à utiliser des slogans anti-islamiques pour s’attirer l’appui de certaines catégories de leurs sociétés. Ainsi, nous avons vu même des partis de la droite modérée commencer à entrer en compétition avec ceux d’extrême droite pour attirer l’attention de ceux qui sont sensibles à ce genre de propagande. Nous assistons à une compétition pour accuser et stigmatiser l’islam.

Mais il faut aussi parler de l’autre côté. Dans le monde musulman, les courants extrémistes ne cessent de gagner de la force, ce qui n’aide pas non plus à faciliter le contact avec l’Occident ...

Nous devons prendre conscience que l’extrémisme se trouve partout. De la même manière que nous soufrons avec nos extrémistes, nous soufrons aussi avec ceux de l’autre côté. Et il faut dire que l’interdiction des minarets en Suisse est un acte des extrémistes qui ne font rien sinon renforcer les certitudes de ceux de notre côté dans leur vision antagoniste de l’Occident. Mais en parlant du courant fondamentaliste dans notre région du monde, je dois dire que lorsqu’ils s’expriment, ils ne représentent qu’eux-mêmes. Personne ne leur a donne le mandat de parler au nom du monde musulman. Le monde musulman a ses propres institutions. L’OCI est une organisation qui représente 57 pays membres et elle est le porte-parole de 1,5 milliard de musulmans. Il y a aussi certainement Al-Azhar Al-Charif qui représente un héritage de plus de mille ans. A l’OCI, nous avons aussi l’Académie international du fiqh ou la jurisprudence et c’est à ces représentants de parler au nom de l’islam.

Est-ce que l’OCI a une stratégie pour présenter l’islam comme étant une religion moderne et adaptée à la réalité du 21e siècle ?

— Au cours du sommet extraordinaire qui a eu lieu à La Mecque en 2005, nous avons eu comme principal sujet de traiter la question de comment répondre aux défis du 21e siècle. Au Sommet de La Mecque, des résolutions importantes ont été adoptées et la principale d’entre elles était un programme d’action de 10 ans. En plus de celui-ci, nous avons adopté un grand nombre de projets et programmes d’action dans de nombreux domaines : politiques, sociaux, économiques, commerciaux, sciences et technologie, promotion du droit de l’homme, du droit de la femme et le renforcement de leur rôle dans nos sociétés. Nous sommes sur le point d’établir un Conseil du droit de l’homme. Nous venons également d’adopter la décision de créer une organisation internationale de la femme au Caire. Tous ces programmes peuvent être résumés pour nous en deux objectifs principaux : parvenir à la modération et à la modernité.

Propos recueillis par Randa Achmawi

 




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