Al-Ahram Hebdo,Environnement | Dr Laïla Iskandar, « Il faut mettre en place un système intégré de gestion »

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 Semaine du 23 au 29 juin 2010, numéro 824

 

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Environnement

Déchets. Leur propagation dans les rues du Caire est un casse-tête pour les autorités et les habitants. Le Dr Laïla Iskandar, spécialiste de ces questions, assure qu’un tri à la source mettra un terme au problème.

« Il faut mettre en place un système intégré de gestion »

Al-ahram hebdo : Les rues du Caire sont jonchées d’ordures. Que font les responsables et les sociétés étrangères chargées de leur nettoyage ?

Laïla Iskandar : D’abord, il faut préciser que Le Caire produit au quotidien 14 000 tonnes de déchets solides. Seule la moitié de ces déchets est récupérée par les zabbalines (les éboueurs). Cela veut dire que 7 000 tonnes de déchets s’accumulent dans les rues au quotidien, donc 210 000 tonnes par mois ! Le problème est devenu encore plus grave à la suite de l’abattage des cochons lors de la grippe porcine. En ce qui concerne les compagnies étrangères, elles sont venues en Egypte avec leur culture, qui est basée sur les grandes bennes dans les rues. Les Egyptiens, qui n’ont pas cette culture, les ont même volées pour les utiliser autrement, comme par exemple pour stocker l’eau. Alors, ces compagnies ne sont pas à blâmer. Elles ne peuvent pas fournir sans cesse de nouvelles bennes. Résultat : les ordures s’accumulent dans les rues. L’affaire est donc compliquée.

Alors, pourquoi ne pas revenir aux chiffonniers qui ramassent les déchets directement à la porte des logements ?

Cet ancien système avait quand même ses inconvénients. Seuls les quartiers riches étaient propres sous le système des chiffonniers. Les quartiers pauvres ou populaires vivaient une catastrophe au quotidien. Les ordures s’accumulaient et menaçaient la santé des habitants pour deux raisons : La première est que les habitants n’avaient pas les moyens de payer les chiffonniers. Et la deuxième est que ces derniers faisaient le tri des ordures en plein air dans la rue. Donc, ni l’ancien système ni le système actuel ne conviennent. Il nous faut un nouveau système capable de garantir la propreté partout en Egypte.

 — Vous dites souvent que les déchets qui s’accumulent dans nos rues sont un trésor qui pourrait améliorer la situation économique du pays. Comment cela serait-il possible ?

— Les ordures sont un vrai trésor, surtout dans une ville aussi peuplée que Le Caire. Il est nécessaire de voir les ordures autrement. Les voir comme des matières premières pour l’industrie égyptienne, ainsi, notre comportement changera complètement. Une chose très importante est à mentionner : l’Egypte possède l’infrastructure nécessaire pour tirer le meilleur profit des déchets. Aux alentours du Caire, il existe 5 industries d’engrais organiques : une à Madinet Al-Salam, une dans la ville du 15 Mai, une à Chabramante et deux à Qattamiya. Mais malheureusement, elles ne travaillent pas à leur capacité maximale. Les 5 usines ne reçoivent que 750 tonnes de déchets organiques par jour, qui sont dans la plupart des déchets agricoles, bien que 50 % du volume quotidien des ordures du Caire, soit 7 000 tonnes, soient des déchets organiques. Donc, seuls 10 % des déchets organiques sont recyclés et 90 % de ce trésor sont perdus. En ce qui concerne le recyclage des déchets non organiques, il suffit de savoir qu’il existe 1 500 ateliers de recyclage à Manchiyet Nasser seulement. La surprise c’est que ces usines ne trouvent que difficilement leurs matières premières, qui sont les ordures, malgré leur abondance dans les rues.

— Comment expliquez-vous cela ?

C’est que les déchets ne sont pas triés à la source. Et les camions des sociétés ramassent toutes sortes de déchets et les compressent pour réduire leurs volumes et les transférer vers les décharges. C’est-à-dire que ce trésor est juste déplacé. Surtout pour les déchets organiques, qui sont les matières premières des industries d’engrais organiques, ces déchets, une fois compressés avec du verre par exemple, perdent toute leur importance, car on ne trouvera jamais un agriculteur qui utilisera volontiers du composte mélangé au verre. Donc, la seule solution pour profiter des ordures, c’est de les trier à la source.

— Et comment s’effectuerait ce tri à la source ?

C’est très simple. Nous avons exécuté plusieurs projets de sensibilisation pour apprendre aux citoyens à trier leurs déchets dans des quartiers aisés ainsi que dans des quartiers populaires. On leur apprend à faire deux sacs poubelles, une pour les restes de nourriture et l’autre pour tous les autres déchets. Ce n’est pas coûteux, car on ne demande pas d’acheter de sacs poubelles, mais simplement de se servir des sacs en plastiques ramenés à la maison après les achats. Il faut que les citoyens ressentent l’importance de ce comportement, ils doivent savoir qu’en agissant ainsi, ils font le premier pas pour encourager l’industrie égyptienne !

— Et à quoi sert ce tri si les ordures sont à nouveau mélangées dans les rues ou dans les camions qui les transportent vers les décharges ?

Dans ce cas, il ne sert à rien, bien sûr. C’est pourquoi il nous faut mettre en place un système intégré de gestion des déchets ménagers, qui commence par un tri à la source dans les logements et arrivant vers les industries tout en passant par un transfert qui respecte le tri. La gestion des déchets peut créer 98 000 emplois au Caire seulement, soit 7 emplois par tonne de déchets. Si les déchets sont triés comme il le faut, de jeunes diplômés pourront travailler dans ce domaine et élaborer une chaîne de valeur pour soutenir l’industrie locale.

Propos recueillis par Dalia Abdel-Salam

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Les élèves se mobilisent contre la pollution

Ezbet Al-Khalayfa est une région horrifiante au vrai sens du mot. Les tas d’ordures sont partout, et leur incinération rend la respiration difficile. L’eau des égouts, d’un vert foncé, forme des mares dans les rues, les oies et les canards pataugent accompagnés de mouches et de moustiques ... On entend peu parler d’Ezbet Al-Khalayfa et de ses 30 000 habitants. Pourtant, cette région, qui dépendait autrefois du gouvernorat de Guiza, et aujourd’hui gérée par le gouvernorat du 6 Octobre, souffre des problèmes environnementaux les plus sévères, avec des responsables qui se contentent de rester spectateurs. Les élèves de l’école du Pré-Vert, située à deux pas de cette région, ne veulent pas rester les bras croisés face à cette situation. D’autant plus, les autorités ont commencé à implanter les canalisations d’égouts, mais sont parties sans finir le travail. Les puits creusés n’ont pas été recouverts, ce qui augmente les risques d’accident pour les piétons. « Les plus petits veulent contribuer à résoudre les problèmes de la région qui abrite leur école », commente Mme Nahla, responsable de l’école du Pré-Vert. Selon elle, un groupe d’élèves se rendra cette semaine au bureau de la directrice exécutive de l’Agence Egyptienne pour les Affaires de l’Environnement (AEAE), le Dr Mawaheb Aboul-Azm, pour déposer une plainte en bonne et due forme. Les élèves comptent également envoyer des lettres aux différents titres de presse pour attirer l’attention des responsables.

Dalia Abdel-Salam

 




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