Al-Ahram Hebdo, Visages | Hani Aziz ; Un socle pour l’entente

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 Semaine du 2 au 8 juin 2010, numéro 821

 

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Visages

Personnage influent auprès du pouvoir politique et de l’Eglise copte orthodoxe, l’entrepreneur Hani Aziz est un homme d’équilibre, de communication et entièrement dédié à l’avancement de son pays par ses multiples activités.

Un socle pour l’entente

Rancune, convoitise, envie. Rien n’y fait. Le calme, l’assurance et le pouvoir de l’homme d’affaires copte Hani Aziz sont imperturbables. C’est par excellence l’homme de liaison entre l’Eglise copte orthodoxe et l’Etat. Hani Aziz, 59 ans, est le PDG de la Compagnie Internationale des Services Economiques, mais il a d’autres responsabilités et titres. L’homme d’affaires est aussi conseiller et secrétaire général de l’Union des Egyptiens à l’étranger, conseiller du ministre de la Main-d’œuvre et de l’Immigration, membre aux commissions des conseils et des organisations populaires, des médias et du Secrétariat des affaires étrangères au Parti National Démocrate (PND, au pouvoir), conseiller de la commission des affaires étrangères à l’Assemblée du peuple (session 2006-2007) ... Sans compter ses activités bénévoles et œuvres de charité. D’où son activité au sein de Lion’s Club d’Egypte, dont il est président.

Ce dernier penchant, il l’a hérité de son père, Aziz Hénein, ancien premier sous-secrétaire d’Etat au ministère de la Communication. Une charge ministérielle qui ne l’a jamais empêché de secourir les personnes dans le besoin, notamment les habitants de son quartier de Zeitoun. « On n’a jamais eu dans notre quartier d’incidents opposant chrétiens et musulmans. Les familles vivaient dans une ambiance très saine et conviviale », témoigne Hani Aziz. Et d’ajouter : « Dans ce même quartier, j’ai été impliqué très jeune dans la politique, depuis ma participation à l’Ittihad al-ichtéraki (union socialiste), sous Nasser. Je me souviens de ma première recommandation par la circonscription d’Al-Zeitoun, lorsqu’on m’a choisi comme membre du Conseil municipal. Passer par les municipalités, c’est comme avoir son bac, cela permet ensuite d’accéder au Parlement », déclare Hani Aziz, qui n’a jamais été très friand d’études universitaires et qui s’est contenté d’un diplôme technique. Car ce qui lui importait, c’était de s’immiscer dans la politique et le bénévolat.

Dans les locaux de son entreprise à Héliopolis, une grande photo le montre avec le pape Chénouda III. Ils sont toujours ensemble, que ce soit durant les fêtes coptes ou les rencontres ministérielles. Est-il son conseiller, un ami proche ? D’aucuns objectent : « Il n’a pas de titre officiel au sein de l’Eglise mère copte orthodoxe », une précision qu’il ne cesse d’entendre. Mais il se défend : « Le pape Chénouda n’a pas besoin de moi pour le conseiller. C’est un homme qui a une grande sensibilité et beaucoup de charisme. Il est cultivé, poète, politicien, orateur ... Il lui suffit de lire les journaux le matin pour comprendre tout ce qui se passe autour de lui ». Et d’ajouter : « Je suis un des proches du pape ». Une amitié qui s’est nouée il y a plus de 30 ans, lorsque Aziz assistait à ses prêches avant même sa nomination comme pape. « Le pape Chénouda reconnaît souvent devant le public et les médias que j’ai un rôle privilégié quant au renforcement du lien entre l’Etat et l’Eglise copte, de manière à assurer une véritable entente et remédier à tout éventuel problème de sédition confessionnelle », affirme-t-il.

Issu d’une famille aisée, sa tâche a été facilitée par les réseaux de ses proches, qui lui ont permis d’élargir son champ d’action et de s’introduire dans le monde des affaires. « Illuminer et embellir les rues du Caire, protéger le Nil de la pollution, opérer des échanges culturels, organiser des colloques religieux sur l’amour, la paix et la tolérance … Notre travail consiste à servir le pays », déclare Hani Aziz, en guise de présentation de la société de bienfaisance Mohébi Misr al-salam (les amoureux de l’Egypte en paix) dont il est secrétaire général depuis 2005. C’est un vrai « mécène », comme le disent ses proches, expliquant que le Lion’s Club n’est pas conçu pour servir ses membres de l’élite, mais pour aider les gens en détresse. « On est en train de bâtir un hôpital à Moqattam », déclare Aziz, dont les photos reviennent souvent dans la presse People. De quoi lui valoir des commentaires, parfois déplaisants. « On croit que je travaille 24 heures sur 24. Mais j’ai quand même droit à une vie sociale et privée », rétorque-t-il, comme pour se justifier face à ses adversaires, pour qui « ses contacts et rapports personnels » sont derrière ses réussites. Et à lui d’ajouter sur un ton confiant : « L’argent ne fait pas le bonheur et ne peut susciter l’amour des gens. Il y a les atouts personnels, la bénédiction de Dieu, le caractère … Tous ces aspects décident du succès de l’un ou de l’autre ». Les critiques semblent lui donner de la force, une persistance à faire ses preuves. « En Egypte, il existe deux camps : les ennemis de la réussite et les jaloux ou rancuniers. Récemment, j’ai été la cible permanente des journaux de l’opposition, mais cela ne m’a guère affecté. Jamais je n’ai échoué dans la vie », dit Hani Aziz, qui renvoie ses réussites à la grâce divine avant toute autre chose. « J’ai un bon cœur, je suis généreux, mais c’est aux autres de me juger », affirme-t-il.

De fil en aiguille, Hani Aziz est devenu membre du PND dans les années 1970. « C’est le parti le plus puissant ; il est suivi par le néo-Wafd qui attirait historiquement un bon nombre de coptes », dit-il. Aziz énumère alors les accomplissements du PND, notamment dans les domaines de l’éclairage et de la communication. Il ne manque pas de citer des exemples appuyant son jugement : « Des anciens ministres comme Maher Abaza et Solimane Métwalli ont fait beaucoup de choses pour le bien de tous. Les gens choisissent souvent un parti puissant qui parvient à rendre service, mais cela n’empêche que le PND a quelques problèmes en ce moment ». Hani Aziz est fidèle à son parti, il dit apprécier l’ouverture économique de Sadate et la démocratie de Moubarak. Il reproche tout de même au régime de ne pas pouvoir remédier au chômage et à la pauvreté qui, selon lui, freinent la croissance du pays. « La plupart des municipalités regroupent des coptes. Dans le temps, on se tenait un peu à l’écart de la politique et l’on s’abstenait d’y prendre part. Cela a changé de nos jours, il y a même pas mal de coptes qui se joignent au PND au pouvoir », dit Hani Aziz, accusé par ses adversaires d’être « simplement à la recherche de ses propres intérêts et de ne pas accorder beaucoup d’attention aux problèmes des coptes d’Egypte,  et qui parle surtout du principe de la citoyenneté ». Un terme qui signifie plutôt, à ses yeux, l’acceptation et le respect de l’autre.

« On ne peut pas affirmer qu’en Egypte, les coptes sont discriminés ou persécutés, sauf à quelques exceptions près. Nous sommes tous, à la différence de notre religion, des citoyens égyptiens. Personnellement, je n’ai jamais refusé de rendre service, mais parfois, c’est l’Eglise-mère qui doit trancher certaines questions », indique Aziz, qui est, rappelons-le, conseiller de l’Union des Egyptiens à l’étranger. Un poste qui l’intéresse plus que les autres, même s’il rejette l’appellation courante de « Aqbat al-mahgar » (coptes émigrés). Il revendique par ailleurs le droit de vote des Egyptiens à l’étranger, « puisqu’ils possèdent des cartes d’identité égyptiennes ». « Ma mission est de viser surtout les troisième et quatrième générations d’Egyptiens à l’étranger. Ceux qui ignorent totalement la grandeur de l’Egypte et sa gloire passée », précise Aziz. Et au businessman d’ajouter : « Je suis en train de fonder une ONG que j’autofinance, pour prendre soin des besoins et problèmes des Egyptiens à l’étranger ». Cette ONG n’est pas censée remplacer l’Union des Egyptiens à l’étranger, « mais elle doit compléter. Elle aura plus de prérogatives et une plus grande flexibilité, et va recourir à des bureaux d’expertise occidentaux. Car les ambassades égyptiennes à l’étranger n’ont ni cabinets d’avocat ni de budget pour prendre tous les problèmes en charge ». Aziz a commencé les procédures nécessaires à la création de son ONG il y a près d’un an environ. Et sa demande va bon train. Entre-temps, il organise des colloques du 29 au 31 juillet prochain aux Etats-Unis pour venir à bout des clichés. Cela, avec la participation de plus de 1 000 jeunes Egyptiens résidents dans ce pays. « Avec ces colloques, les jeunes rencontreront le grand cheikh d’Al-Azhar, Ahmad Al-Tayeb, et le pape Chénouda III », dit Hani Aziz, ajoutant : « Nous étions très anxieux de savoir qui prendrait la tête d’Al-Azhar après le vénérable cheikh Tantawi, mort subitement. Nous sommes chanceux d’avoir le cheikh Al-Tayeb, c’est quelqu’un de très cultivé et ouvert d’esprit. Il est capable de s’adresser à l’Occident et de protéger l’islam ».

Névine Lameï 

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 Jalons

1951 : Naissance au Caire, dans le quartier de Zeitoun.
1992 :
Membre du Conseil municipal de Zeitoun.
2000 :
Secrétaire général de l’Union des Egyptiens à l’étranger.
2007 :
Président du Lion’s Club International d’Egypte.
2008 :
Naissance de son petit-fils Youssef.

 




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