Al-Ahram Hebdo,Invité | Mahmoud Rached Ghaleb,  « Il y a un manque de confiance entre gouvernements arabes et ONG »

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 Semaine du 2 au 8 juin 2010, numéro 821

 

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Invité

L’ambassadeur Mahmoud Rached Ghaleb, directeur de l’Administration de l’observatoire de la société civile auprès de la Ligue arabe, évoque les rapports tendus entre les gouvernements et les ONG arabes.

« Il y a un manque de confiance
entre
gouvernements arabes et ONG »

Al-ahram hebdo : En quoi consiste le rôle de votre administration ?

Mahmoud Rached Ghaleb : Depuis que l’Observatoire a été fondé il y a 8 ans, il a été chargé de coordonner entre les organisations de la société civile et entre ces dernières et les gouvernements arabes. Ceci a permis de jeter des ponts de coopération entre les ONG au niveau international et les organisations arabes et ce, dans le cadre de la tendance de la Ligue à encourager le dialogue et l’action arabe commune.

En effet, l’expérience occidentale dans la société civile est très riche et très développée en comparaison avec l’expérience arabe qui fait encore ses premiers pas. Dans ce contexte, nous préparons une conférence pour les ONG arabes et européennes à Berlin.

Pensez-vous avoir réalisé les objectifs de la création de l’Observatoire ?

— La gestion pratique a prouvé que l’Observatoire n’a pas encore réalisé tous ses objectifs. Malheureusement, il y a toujours un manque de confiance entre les 2 parties. D’un côté, les ONG se plaignent toujours des tentatives des gouvernements de marginaliser leur rôle et, en contrepartie, les gouvernements craignent certaines organisations accusées d’avoir un agenda étranger et œuvrent à l’encontre des objectifs nationaux de la nation arabe.

Le problème essentiel réside dans le fait que dans les tentatives de rapprocher les points de vue entre les deux, nous trouvons qu’il y a une exagération de la part des ONG. Nous tentons donc de parvenir à des points communs en assurant que les ONG ne sont pas des partis politiques et ne peuvent remplacer les gouvernements. Elles sont partenaires dans la constitution d’une société civile. Et en même temps, l’autre partenaire, c’est-à-dire les gouvernements, doit donner aux ONG l’occasion d’exercer leur rôle et de participer au processus de développement. En effet, si les efforts de développement de la société civile sont entravés, ce n’est pas à cause de l’absence du financement mais de la non-application du principe essentiel dans la fondation de toute société civile et qui consiste à placer chaque personne elle doit être. Les gouvernements et parfois certaines ONG commettent une erreur grave en octroyant les postes importants à une seule famille ou à un groupe de personnes qui ont les mêmes intérêts. C’est ce qu’on appelle la culture de propriété privée concernant la nation.

Il y a également un autre problème : l’absence de la culture de la société civile dans les pays arabes. En effet, peu sont ceux qui croient que les ONG peuvent collaborer au développement. Les gens ont l’habitude de croire que le gouvernement doit résoudre tous les problèmes avec son bâton magique, ce qui est faux. Par exemple, après la Seconde guerre mondiale, les ONG ont contribué au développement du Japon et des Etats européens qui ont été affectés par la guerre.

A ce propos, les législations relatives à la société civile sont très importantes. Il faut aussi que les ONG œuvrent à gagner la confiance du public et à être plus proches des problèmes des citoyens. Il faut cependant reconnaître que dans de nombreux pays arabes, les gouvernements ont commencé à accorder un intérêt particulier aux ONG et à leur accorder un rôle plus grand dans le développement de la société, ce qui constitue un bon signe.

Il y a également la question des législations relatives à l’action des ONG dont une grande partie a besoin d’amendements pour devenir plus utiles et permettre aux ONG de mieux agir dans la société.

Est-ce que vous pouvez nous donner des exemples des réalisations accomplies par l’administration ?

Nous avons organisé une réunion des ONG arabes en décembre 2009 pour connaître leurs demandes. Nous avons surtout remarqué que la plupart des ONG se sont plaintes de la marginalisation et réclament plus d’intérêt et d’opportunités pour accomplir un rôle plus effectif dans la société arabe. Les ONG étaient très reconnaissantes pour cette invitation ; quelques-unes ont appelé à une surveillance des élections et à leur permettre d’exprimer leurs avis dans l’agenda du Conseil économique et social de la Ligue arabe. Nous avons recommandé l’étude de ces réclamations.

Nous avons également appelé à la discussion d’une question arabe critique qui est le déracinement des mines antipersonnel enterrées par les forces étrangères dans le monde arabe comme c’est le cas à Al-Alamein en Egypte. Ces mines ont en effet fait de nombreuses victimes et ont, en même temps, empêché les pays arabes de profiter de vastes superficies de territoires qui peuvent aider à leur développement. De plus, Israël a laissé des mines dans certains territoires arabes.

Nous avons donc décidé d’aider les ONG dans cette mission et les gouvernements ont favorablement accueilli cette initiative.

Que pensez-vous des organisations classées comme observateurs au sein du Conseil économique et social de la Ligue arabe ?

Vous serez surpris de savoir que c’est le département des droits de l’homme qui a donné cette qualité aux ONG, malgré la délicatesse du dossier. Lorsque la Ligue arabe a voulu ouvrir la porte aux ONG au sein du Conseil économique et social, elle s’est référée à l’expérience du comité arabe permanent des droits de l’homme. Nous avons aujourd’hui au moins 34 organisations observatrices œuvrant dans différents domaines comme l’enfance, les médias, l’environnement, le Forum arabe des médias et de l’environnement ainsi que l’Union des hommes de droits arabes qui regroupe un nombre de personnalités éminents dont Mohsen Aïni, ex-premier ministre du Yémen et le Dr Moufid Chéhab

Que pensez-vous du principe du financement étranger ?

— Le financement étranger est une arme à double tranchant. Il procure à l’organisation des fonds qui lui sont peut-être nécessaires, mais il constitue en même temps une chaîne serrée autour de son cou, car elle est obligée d’exécuter les désirs du donateur et non pas les siens. Il est vrai que certains rapports sont exagérés et je crois que ceci est au fait que les organisations adressent leurs rapports aux pays donateurs en contrepartie du financement qu’elles perçoivent. Cela est dangereux parce qu’il affecte la crédibilité de l’organisation et la prive de son indépendance. En lisant les rapports de certaines organisations, nous découvrons qu’elles dépassent les lignes rouges relatives aux valeurs de la société et ses croyances, ce qui a affecté la crédibilité de ces organisations dans leur environnement local. En effet, certaines organisations ont acquis une renommée à l’étranger, alors qu’elles passent quasiment inaperçues dans les pays arabes et dans leurs propres pays. Toute atteinte aux valeurs et aux cultures des peuples les amène à repousser ces organisations et à refuser leurs interventions dans la société civile, même si cette intervention est utile.

Propos recueillis par Atef Saqr

 




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