Météorologie.
Spécialiste des techniques de
modification, le professeur
Monir
El-Husseini
plaide, à
des fins de préventions, pour le
développement de
ces
enseignements dans les
universités
d’Egypte.
«
Ce genre de techniques
peut être
utilisé à
des fins militaires »
Al-Ahram
Hebdo
: Pouvoir modifier
l’environnement
paraît
étonnant. En quoi consiste
les techniques qui rendent
cela
possible ?
Monir El-Husseini
:
Il faut préciser
que l’on
parle ici
d’une science
appelée
géo-ingénierie, qui date du
début du
XXe siècle. Il
s’agit de techniques
terrestres
ou aériennes
visant à
des changements
dans les
systèmes terrestres,
spatiaux et
hydrauliques du globe
terrestre.
L’expression « techniques de modification
environnementale »
ou modification de la
météorologie
s’applique
à toute
méthode
visant à modifier, par
manipulation délibérée des
processus
naturels, la dynamique,
la composition ou la structure
de la Terre, notamment
ses biotopes,
sa
lithosphère, son hydrosphère
et son atmosphère
ou l’espace
extra-atmosphérique.
Bref,
c’est une
modification de la météo.
Parmi les techniques les plus
connues sur
le plan international, citons,
entre
autres, l’ensemencement
des nuages, la
technologie
tectonique et les ondes
électromagnétiques de
grande puissance.
—
Quand
est-il le plus approprié
d’utiliser
ces techniques ?
— Ces
techniques de modification de la météo
sont
utilisées conformément
à certaines
conditions et dispositions.
Elles consistent,
comme je
l’ai déjà
expliqué, à modifier des
conditions naturelles.
L’ensemencement des
nuages par
exemple consiste en
l’introduction de
particules
artificielles (aérosols)
dans les
nuages pour en modifier la composition.
Naturellement, les
nuages non
précipitants et les brouillards
sont
constitués d’une
multitude de gouttelettes
d’eau
microscopiques ou de
cristaux de glace qui
ne sont
pas suffisamment
gros pour
tomber et atteindre le
sol sous
forme de pluie. Les
expériences de modification
du temps
visent à
rompre
cet
équilibre en accélérant
la croissance
rapide de
certaines de ces
particules par introduction de
noyaux de condensation
ou de
congélation. Cette
technique a été
utilisée en Chine pour
cultiver
trois millions de km2, ce
qui est
équivalent au triple de la
superficie de
l’Egypte
! Elle a
été
également utilisée au
Japon, mais
en vue
d’éviter les inondations.
D’autres techniques de
cette science
sont
utilisées pour changer la
trajectoire des cyclones,
notamment aux Etats-Unis,
pour protéger
contre une
destruction certaine des
habitations.
— Ces techniques
permettent-elles de
remédier aux
problèmes
environnementaux
? Peut-on, par
exemple,
utiliser l’ensemencement
des nuages pour
cultiver le
désert en
Egypte ?
— J’ai
précisé que
l’utilisation de
ces techniques
devrait
répondre à des conditions
environnementales
précises. Pour
ce
qui est de
l’Egypte, elle
est située
dans la zone la plus
aride du
monde. L’Egypte
n’est pas un
pays pluvieux et
ne dispose pas de
cette
quantité de nuages qui
donnent
d’importantes pluies.
Je peux
donc dire
que cette technique
est
uniquement
utilisable sur la Côte-Nord.
Dans le
reste du pays, on
ne peut
pas procéder
à des modifications
météorologiques.
Mais
l’Egypte peut
utiliser la technique des
ondes
électromagnétiques pour
l’exploration des ressources
minérales
dans le désert.
—
Alors
pourquoi plaidez-vous
pour le développement de
l’enseignement de
ces techniques
dans les
universités
égyptiennes ?
— Même
si l’Egypte
n’est pas
dotée des conditions qui lui
permettent de se
servir de
certaines techniques, la manipulation
météorologique
est
une arme
préventive par excellence, car
les essais de
certains pays
peuvent
avoir des impacts sur
d’autres.
Je cite à
titre
d’exemple le problème de
l’invasion des
criquets en
Egypte il
y a quelques
années.
Lors de ce
phénomène,
nous ne
disposions pas de
spécialistes pour
l’expliquer
à la population, l’avertir
et la sensibiliser.
Mais nous
devons être
prêts à
tout pour éviter
d’importantes
pertes
économiques et
agricoles
comme ce qui
est arrivé
avec cette invasion de
criquets.
Alors, disposer de cette
discipline scientifique
dans nos
universités
est
une bonne chose pour
l’Egypte.
Enfin, n’oublions pas
que ce
genre de techniques peut
être
utilisé à des fins
militaires,
mais cela
est
encadré
: la convention sur
l’interdiction de
l’utilisation des techniques de
modification de l’environnement
à des fins
militaires ou
à toute
autre fin hostile (Convention
ENMOD) est un instrument de
droit international
du
désarmement, s’attachant
spécifiquement
à la protection de
l’environnement en
cas
d’hostilité.
Propos
recueillis par
Racha
Hanafi