Al-Ahram Hebdo,Voyages |

  Président
Abdel-Moneim Saïd
 
Rédacteur en chef exécutif
Hicham Mourad
  Conseiller de la rédaction
  Mohamed Salmawy

Nos Archives

 Semaine du 16 au 22 juin 2010, numéro 823

 

Contactez-nous Version imprimable

  Une

  Evénement

  Enquête

  Dossier

  Nulle part ailleurs

  Invité

  Egypte

  Economie

  Monde Arabe

  Afrique

  Monde

  Opinion

  Société

  Arts

  Idées

  Littérature

  Visages

  Environnement

  Voyages

  Sports

  Vie mondaine

  Echangez, écrivez



  AGENDA


Publicité
Abonnement
 
Voyages

Centenaire. L’Eglise grecque catholique de Saint-Cyrille fête cette semaine sa centième année. Al-Ahram Hebdo visite cette paroisse qui a presque le même âge d’Héliopolis, le quartier qui l’héberge.

Saint-Cyrille d’Héliopolis … 100 ans déjà

Au plein cœur d’Héliopolis, dans une région connue, encombrée et tout le temps embouteillée, l’église Saint-Cyrille se dresse comme une petite perle dans le rond-point de la rue Bagdad et la rue Al-Sawra, surnommé « Al-Korba ». En 1900, c’était juste ici que prenait fin la ligne de l’ancien métro d’Héliopolis. Les rails formaient un demi-cercle pour permettre au métro de faire demi-tour et reprendre son trajet habituel. Avec les années, « la courbe » du métro devenait « al-corba », qui n’est que l’arabisation de ce fameux mot français.

Père Rafik Greiche, curé de l’église, raconte : « Le terrain sur lequel est bâtie l’église était offert, à l’origine, par le baron Empain, le fameux homme d’affaires belge, qui décida, il y a 100 ans, de construire Héliopolis, la ville du soleil, un nouveau quartier à l’est de la ville du Caire ». En effet, Edouard Empain avait acheté ce grand terrain d’Héliopolis du khédive Abbass Helmi II pour inciter les habitants du Caire à venir vivre loin du centre-ville qui devenait, déjà à cette époque, encombré !

Empain était conscient que les habitants de ce nouveau quartier étaient en majorité des catholiques syro-libanais, avec un grand nombre de Melkites, et qu’ils avaient besoin d’un endroit pour prier. Il leur a vendu un bout de terre d’une superficie de 1 688 m2, qu’il se fit payer 1 688 piastres, soit le mètre carré à une piastre (1 piastre = 0,01 L.E.). Ils construisirent alors une petite église dotée d’un plafond composé de 3 coupoles bien arrondies. Et c’était le 8 juin 1910 que ce petit joyau fut consacré à la prière.

Une fois entrés dans l’enceinte de l’église, nous accueillent 6 colonnes de marbre belge d’excellente qualité qui ornent son entrée, enrichies par des fûts de style byzantin. A cette porterie s’arrête la participation du baron constructeur. Les frais de construction, le décor, les icônes et tout autre objet à l’intérieur de la bâtisse est le résultat de la contribution des fidèles syro-libanais, en signe de reconnaissance à leur patriarche de l’époque, Cyrille VIII Jiha, pour son jubilé épiscopal d’argent. C’est l’architecte Habib Ayrout, lui-même grec catholique, qui supervisa les travaux de construction de l’église centenaire.

Père Greiche poursuit : « Habib Ayrout était le papa du Jésuite Henri Ayrout, fondateur de l’Association de la Haute-Egypte, qui a créé des dizaines d’écoles dans le sud de l’Egypte pour offrir un enseignement de qualité et gratuit aux plus pauvres des pauvres ».

Entre hier et aujourd’hui

Au fil des ans, l’affluence des fidèles grecs catholiques dans ce quartier calme augmenta, et cette petite église pria 5 et parfois 6 messes les dimanches pour répondre à leurs besoins. Qui n’a pas connu père Kanakri ou père Sarkis ? Chaque prêtre a marqué, par son activité, sa pensée et son amour, cette paroisse qui compte aujourd’hui seulement 350 familles, « en plus de 150 familles que je considère comme amies », ajoute le père Greich.

Chaque dimanche est un jour important, tout le monde y est, en plus des célébrations religieuses habituelles. N’empêche que durant la semaine, diverses activités sont organisées au service des différentes catégories d’âge. Les vendredis et samedis, presque 130 enfants, qui ne reçoivent aucune notion de religion dans leurs écoles internationales, sont rassemblés pour des cours de catéchisme. S’ajoutent à ceux-là les scouts, les adolescents des cycles préparatoire et secondaire, les universitaires et les post-universitaires. Les responsables de la paroisse organisent aussi des cours de préparation au mariage, acte sacré au sein de l’Eglise catholique et qui mérite une attention particulière de la part de spécialistes sociaux, pédagogiques et psychologiques. L’église héberge également les réunions de l’Association Saint-Vincent de Paul, qui a pour mission de secourir les pauvres quelle que soit leur appartenance religieuse.

Le rayonnement de Saint-Cyrille n’est pas uniquement religieux. « Nous avons un rôle pédagogique qui n’est pas moins important que le religieux, souligne Rafik Greiche. Nous apprenons à nos jeunes l’art de traiter avec l’Autre, l’art de parler, dialoguer, ne pas s’énerver, contrôler sa colère. Nous leur apprenons à transformer leur colère et leur frustration en une énergie positive ».

Saint-Cyrille a souffert de l’émigration de familles entières, à cause de la nationalisation des années 1960 et la guerre de 1967. Cette grande paroisse, qui comptait une communauté de 550 familles, s’est vue se restreindre à seulement 350. Elle a été très affectée par ce grand nombre de gens qui sont partis à l’étranger. « C’était triste de voir les membres de toutes ces grandes familles émigrer alors qu’ils pouvaient servir l’Egypte et lui présenter beaucoup de choses positives. Ceux-là sont aujourd’hui des millionnaires, des savants et des intellectuels de grande renommée. Ils vivent essentiellement au Canada, aux Etats-Unis, en Australie et en Angleterre », conclut-il. Notons que cette vague d’émigration s’est répétée aussi dans les années 1970 et 1980 pour d’autres raisons. Robert Solé, le grand journaliste du Monde, et Alain Greiche, de Libération, ont fait tous les deux leur première communion à l’église Saint-Cyrille.

Qui sont les musulmans ?

La paroisse offre aussi des cours d’islamologie. « Il est important que nos jeunes sachent comment est né l’islam dans la péninsule arabique, pourquoi ses adeptes prient 5 fois par jour. On leur enseigne les notions exactes et correctes de cette religion qui prédomine la société dans laquelle nous vivons, afin de corriger l’image suscitée par les extrémistes qui commettent les actes de violence », poursuit père Greiche. Et l’échange chrétien-musulman est d’ailleurs prouvé par les multiples colloques animés par des figures de la culture égyptienne, tels le Dr Ahmad Sadeq, Nabil Abdel-Fattah, le Dr Ahmad Chawqi, le Dr Moustapha Al-Fiqi, Mohamed Salmawy, Hussein Fahmi ainsi que Yéhia Al-Fakharani et plusieurs autres.

La chorale, la meilleure de la région

La chorale de l’église est composée de 60 personnes et renferme plus de femmes que d’hommes. C’est une chorale à 4 voies : mezzo-soprano, soprano, ténor et basse. « Sur le plan de la mélodie, nous avons hérité de nos ancêtres, à l’instar de Constantin Al-Khouri, qui fut membre actif de l’Institut de musique arabe. C’est lui qui avait mis tous les cantiques dans des partitions musicales enregistrées sur papier ». Une répétition hebdomadaire est impérative pour maintenir le niveau de suprématie et tous les choristes sont volontaires. D’autre part, la chorale des Angels, les petits descendants de la grande chorale, a récemment fait son apparition artistique avec beaucoup de succès.

Loula Lahham
Charbel Héchéma

 


 

Père Greiche, curé de paroisse et homme de médias

Professeur d’introduction à la Bible, Rafik Greiche est aussi président du conseil d’administration du seul hebdomadaire catholique d’Egypte et du Moyen-Orient, Le Messager, tiré à 3 000 exemplaires et distribué dans tous les coins d’Egypte. Il y écrit l’édito sur l’actualité et l’éthique de la politique. Il est chargé du bureau de presse de l’Eglise catholique en Egypte depuis plus que dix ans. Il raconte : « Avant la visite du pape Jean-Paul II en Egypte en 2000, j’ai été choisi pour donner des informations aux médias ». Son bureau fait une lecture quotidienne de la presse égyptienne destinée aux responsables de l’Eglise catholique. Il entretient d’excellentes relations avec les journalistes et les médias : on appelle Greiche pour savoir telle ou telle information avant de la publier. Quand se passe un événement important, on l’appelle pour connaître l’opinion de l’église dessus. Et quand de fausses informations sont publiées, il écrit des rapports à ses supérieurs, membres du Conseil des patriarches et des évêques catholiques, duquel dépend ce bureau de presse.

Le père Rafik Greiche est marié et père de deux belles jeunes filles, un phénomène qui n’est pas fréquent chez les catholiques d’Egypte.

 

 




Equipe du journal électronique:
Equipe éditoriale: Névine Kamel- Howaïda Salah -Thérèse Joseph
Assistant technique: Karim Farouk
Webmaster: Samah Ziad

Droits de reproduction et de diffusion réservés. © AL-AHRAM Hebdo
Usage strictement personnel.
L'utilisateur du site reconnaît avoir pris connaissance de la Licence

de droits d'usage, en accepter et en respecter les dispositions.