Porte-parole du
mouvement
Fatah du
président
palestinien
Mahmoud
Abbass, Ahmad
Assaf
analyse les perspectives du
déblocage
du processusde
paix.
« Les
promesses
américaines
doivent
se transformer an actes
»
Al-ahram
hebdo
: Quel
bilan
faites-vous des navettes
du
médiateur américain
dans la
région, George Mitchell ?
Ahmad
Assaf
:
L’objectif
que nous
n’avons pas
atteint était
d’obtenir
une réponse
claire sur
les engagements israéliens
stipulés
dans la feuille de route,
les accords signés
l’appelant
à arrêter les
activités de
colonisation
ainsi que
toute
mesure unilatérale,
tel que
le blocus
imposé à Gaza, les
tentatives de
judaïsation de la
ville de
Jérusalem, la confiscation des
territoires, les arrestations,
les barrages et toutes les
autres
mesures d’oppression.
Les rencontres
de Mitchell avec l’Autorité
palestinienne
n’ont
abouti à
rien de
concret. Cependant,
un certain
progrès a été
enregistré au
niveau des propositions
américaines, qui
peuvent
être considérées
comme une
avancée
même si
elles ne
sont pas au
niveau des ambitions
palestiniennes. Le plus important
fut un
message adressé par le
président
Barack Obama,
comprenant un engagement
sur
l’établissement des deux
Etats. Ceci
prouve
l’attachement américain
à la mise
en place d’un Etat
palestinien
selon les frontières de
juin 1967 et place le
conflit
arabo-israélien en tête
des priorités de
l’administration
américaine.
La
réponse que
nous avons
apportée à
Mitchell est
que nous
ne voulons
pas entendre des paroles et des
promesses creuses,
mais nous
voulons des
actes sur le terrain
exprimant
une réelle
volonté
dans le sens de la
paix.
—
Quelles
sont les idées
américaines qui
ont été
avancées pour
débloquer la
situation ?
— Les
idées
tournent autour de
progrès
selon lesquels les
Etats-Unis
ne permettront pas
à Israël
d’entreprendre des
mesures
unilatérales, c’est-à-dire
des activités
colonialistes. Les
idées
comprenaient également
un engagement
que Tel-Aviv
arrête la construction de 1 600
unités de
colonisation à
Jérusalem,
projet annoncé pendant la
visite du
vice-président
américain Joe
Biden. Le plus important pour
nous dans
ce
contexte
est de donner
une nouvelle chance aux
négociations de
paix. Il
est dans
notre
intérêt d’accorder aux
efforts de l’administration
américaine
une chance.
D’ailleurs,
l’ensemble des
dirigeants
américains ont
déclaré que
la sécurité des
soldats
américains dans la
région
était liée
à
l’établissement de l’Etat
palestinien. Face
à cette
volonté
réelle, le président
Abbass a
souhaité que
ces espoirs
se transforment en
réalité sur
le terrain. Le citoyen
palestinien
lui-même doit
sentir que
les paroles américaines
sont
devenues une
réalité.
Nous sommes
concernés par la
paix, mais
pas n’importe
laquelle et
pas à
n’importe quel prix.
D’autant
plus qu’une
paix qui ne
soit pas
juste ne
peut pas
être durable. Nous
ne pouvons
pas nous engager
dans des
négociations sur
une terre
occupée dès
1967 alors
qu’en même temps,
l’Etat
d’occupation ne
cesse de
confisquer les terres,
et
d’effectuer une
épuration
ethnique contre les
Palestiniens vivant
sur cette
terre.
— Les
Etats-Unis
peuvent-ils être
considérés
comme un honnête courtier
malgré
l’influence considérable
du lobby
américain pro-israélien
?
—
Nous devons
admettre
qu’une certaine
évolution a vu le jour
mais
qu’elle n’est pas
à la hauteur des ambitions
palestiniennes.
Nous
œuvrons sous
une
ombrelle arabe
et nous
n’entreprenons
aucune
mesure sans coordination avec la
Ligue arabe, et
tous les
membres du quartette.
Lorsque les
négociations ont
trébuché le
mois dernier, le président
Abbass a
dit à Mitchell
que nous
voulons savoir
si les
Etats-Unis sont
un simple
médiateur transmettant
les messages aux deux parties
ou bien
s’ils sont
des juges
jugeant en vertu
du droit
international et des accords signés.
La
solidité des relations
américano-israéliennes
est
connue du
monde entier et les
deux parties
ont affirmé
qu’ils y
étaient attachés à plus
d’une occasion.
Nous
avons vu
auparavant l’administration
américaine
ligoter Israël.
Pour les Etats-Unis,
ce
sont leurs
intérêts qui les
motivent.
Si leurs
intérêts
résident dans la
conclusion de la paix,
ils
tiendront à
le faire aboutir en
dépit du
lobby juif.
— La
question de Jérusalem-Est
semble insoluble. Comment
envisagez-vous de la
régler
?
— Notre
position sur
Jérusalem
est
souple. Mais
nous
n’avons pas le droit de
la soumettre au
marchandage.
C’est une
terre
occupée par la force en 1967.
Toutes les résolutions
internationales et
onusiennes qui
ont suivi
l’occupation
ainsi que
les accords d’Oslo
affirment
que Jérusalem fait
partie des
terres occupées en 1967
et que, par
conséquent, elle
est censée
devenir la
capitale de l’Etat
palestinien.
Ceci d’un point de
vue
politique, mais d’un
point de vue
religieux,
un milliard de musulmans
de toute la
planète savent
qu’elle est
le troisième lieu saint de
l’islam. La position
palestinienne vis-à-vis de
Jérusalem
est
soutenue sur les plans
arabe et international, via le
quartette sur le
Proche-Orient.
— Le
droit de
retour des
réfugiés
palestiniens est
aussi une
question épineuse.
Quelles propositions
faites-vous pour
sortir de
l’impasse
?
— Le
droit de
retour fait
partie des
sujets sur
lesquels le
négociateur palestinien
n’a pas le
droit de marchander.
Nous avions
progressé
dans les négociations
avec Ehud
Olmert et Condoleezza Rice
et nous
avions déterminé le
retour
selon un calendrier
temporel. Le
problème
est
qu’avec chaque
gouvernement,
nous
repartons à
zéro. Une
paix sans le
droit de
retour sera défaillante
et non durable.
—
Mais les
clivages entre le
Fatah et le
Hamas entravent
aussi le
déblocage du
processus de
paix
...
—
C’est un
vrai
calvaire palestinien qui
doit se
trouver une issue. Car le
cours
actuel des événements
va
à
l’encontre des intérêts
palestiniens.
Mais nous
devons nous
rappeler
que c’est le
Hamas qui
s’est retourné
contre le
Fatah et a
tué des
centaines de ses
partisans. Malgré
cela, le
Fatah s’est
rallié aux efforts
menés par
l’Egypte, a signé le plan
égyptien de
réconciliation et a
tendu sa
main à
plusieurs reprises au Hamas
qui continue de tergiverser.
Propos recueillis par
Khaled Al-Assmaï