Al-Ahram Hebdo, Livres | Nasr Marei, « L’élevage se rapproche plus de l’art que de la science »
  Président Abdel-Moneim Saïd
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 19 au 25 mai 2010, numéro 819

 

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Pur Sang d’Egypte. Nasr Marei, juge, éleveur et photographe passionné, présente « le plus classique des chevaux arabes » dans son dernier ouvrage. Entretien.

« L’élevage se rapproche plus de l’art que de la science »

Al-Ahram Hebdo : Sait-on à quand remonte précisément l’origine des chevaux arabes ?

Nasr Marei : On retrouve certaines traces dans le Croissant fertile aux alentours de 2300 av. J.-C. Mais la race en tant que telle, c’est-à-dire l’apparition de son élevage pour préserver ou améliorer ses caractéristiques, remonte aux IIIe ou IVe siècles avant notre ère dans la péninsule arabique. En Egypte, c’est avec l’apparition de l’islam que se développe réellement la race arabe, alors souvent associée aux conquêtes et aux batailles. Durant de nombreux siècles, le cheval arabe restera un symbole d’honneur, de richesse et de générosité. Mais c’est sous Mohamad Ali que commence véritablement l’histoire moderne de la race arabe en Egypte. Car c’est à cette époque que l’on commence à garder des traces sur les origines des chevaux : leurs qualités, leurs défauts, mais surtout leur ascendance, élément central à tout élevage.

Existe-t-il, à proprement parler, une race arabe égyptienne ?

— Il existe différents types de chevaux arabes ayant développé des caractéristiques différentes. L’histoire du cheval arabe en Europe commence avec les croisades, quand les chevaliers, par les qualités de cette race, rapportèrent dans leurs pays des modèles arabes. Par un jeu de croisements et de programmes d’élevage, il apparaîtra des branches bien distinctes de type arabe, et l’on peut aujourd’hui parler de chevaux arabes polonais, anglais ou de la péninsule arabique. Quant à l’égyptien, il représente environ 3 à 4 % de la population mondiale des chevaux arabes pour une population évaluée entre 4 000 et 5 000 chevaux.

Vous êtes aussi juge dans les concours internationaux de chevaux arabes, comment décrirez-vous la race égyptienne ?

— Elle représente, pour une majorité d’experts, le type le plus classique de chevaux arabes. Comparée par exemple au polonais, le cheval égyptien est plus petit, plus carré. Sa croupe est raccourcie, son chanfrein plus incurvé. Ses naseaux doivent être ouverts, ses oreilles petites. Les juments ont une encolure fine alors qu’elle est plus massive chez les étalons. Le poitrail est aussi plus ouvert. Personnellement, je place la race égyptienne très haute sur une échelle de beauté allant de 1 à 10, mais ceci n’engage que moi ! Et chaque race possède ses propres avantages. Pour autant, quand un éleveur à l’étranger sent que sa lignée s’éloigne trop du type arabe traditionnel, il fait appel à du sang égyptien pour réintroduire, disons, plus de classicisme dans son élevage.

Vous êtes dans votre famille la troisième génération d’éleveurs. Comment préservez-vous les caractéristiques particulières de la race égyptienne tout en vous conformant aux critères de beauté internationaux ?

— Les critères internationaux varient d’année en année. Il serait aujourd’hui impossible de remporter un prix avec un cheval présentant tous les standards de beauté d’il y a dix ans. Pour ne pas perdre le type égyptien, nous avons établi des points très simples qui consistent à garder la même ligne de base tout en la raffinant. Une des règles les plus évidentes est de ne pas infuser de sang étranger dans le modèle arabe égyptien. Si nous faisons appel à des chevaux étrangers, ils doivent impérativement être de lignée égyptienne et en présenter toutes les caractéristiques. L’essentiel est, avant tout, de voir le long terme dans l’élevage, de ne pas cesser d’évoluer, de chercher la perfection mais à l’intérieur de critères de base préétablis. L’élevage est loin d’être une science exacte. Certaines qualités peuvent sauter une génération, un croisement de deux chevaux splendides ne donnera pas obligatoirement un poulain alliant les qualités optionnelles de ses deux parents. Pour moi, l’élevage se rapproche plus de l’art que de la science.

C’est cela que vous avez voulu montrer dans vos photographies ?

Bien sûr. Mais un cheval n’est pas une statue. Je me désintéresse d’obtenir des critères de beauté remarquables s’ils ne sont pas assortis de qualités physiques d’endurance ou de vitesse, par exemple. Dans mes photographies, mes chevaux sont toujours en mouvement, l’œil est en éveil, attentif. Il est fréquent que le cheval regarde directement l’objectif de mon appareil avec des attitudes changeantes selon les clichés. On ressent une interaction, un jeu entre le photographe et le cheval. Mais j’ai aussi choisi de les présenter dans une grande liberté d’action. Les chevaux ne sont ni montés, ni harnachés, leurs mouvements sont toujours libres que la photographie soit dans une carrière ou à l’extérieur.

— En fin de compte, quels sont, en Egypte, les moteurs de perpétuation de l’élevage du cheval arabe égyptien ?

— Il y a bien sûr les prix et les concours qui sont autant de récompenses pour les éleveurs. Mais l’élevage en Egypte est avant tout une question de traditions. La beauté, l’esthétisme inégalé de la race égyptienne, ses qualités exceptionnelles viennent nourrir une passion et un amour qui existent en Egypte depuis un grand nombre de siècles pour ces chevaux très  particuliers.

Propos recueillis par Alban de Ménonville

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The Arabian Horse of Egypt, Nasr Marei, AUC press, 2010

 




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