Al-Ahram Hebdo, Egypte | Les robes noires en ébullition
  Président Abdel-Moneim Saïd
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 19 au 25 mai 2010, numéro 819

 

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Egypte

Ordre des Avocats. Un amendement de la loi soulève l’indignation d’un grand nombre d’avocats. Ils dénoncent un complot du Parti National Démocrate (PND, au pouvoir) pour faire main basse sur leur corporation.

Les robes noires en ébullition

Le torchon brûle au niveau de l’ordre des Avocats. Samedi, ils étaient 500 avocats dirigés par Montasser Al-Zayat et le député Mohamad Al-Omda à observer un sit-in ouvert au siège de l’ordre au centre du Caire. Des accrochages ont lieu avec les forces de l’ordre qui voulaient empêcher les avocats de sortir dans la rue afin de faire une marche vers le Parlement. Les manifestants scandaient des slogans hostiles à Ahmad Ezz, responsable de l’organisation au PND, et contre le bâtonnier Hamdi Khalifa ainsi que contre Omar Haridi, accusé d’être l’homme du PND, à travers lequel le parti au pouvoir veut mener à bien son complot pour monopoliser l’ordre.

Tout commence lorsque la commission des lois de l’Assemblée du peuple approuve un amendement de la loi relative à l’ordre des Avocats. Cet amendement, présenté par des députés du PND, dont Omar Haridi, propose de faire passer le quorum requis pour retirer la confiance au bâtonnier ou au conseil de l’Ordre de 500 à 5 000 membres. Il faudra désormais au moins la présence de 10 000 membres pour que les décisions de l’assemblée générale soient valides. Des mesures qui visent, selon les avocats, à assurer l’arrivée à la tête de l’ordre de Omar Haridi dans les meilleures conditions possibles. Le projet de loi soulève une controverse. D’autant qu’il est passé à la commission des lois en catimini et sans que les avocats ne soient consultés. Au sein de l’ordre, les réactions fusent. Le front de défense de l’indépendance de l’ordre dénonce, dans un communiqué, la tentative du PND de faire main basse sur l’ordre. « Personne n’a pris l’avis des avocats sur cet amendement suspicieux », affirme le communiqué. Plusieurs milliers d’avocats menacent d’organiser un sit-in ouvert et de marcher jusqu’au Parlement si cet amendement n’est pas retiré. « Cet amendement transformera l’ordre des Avocats en une véritable coopérative gérée par le PND. Il faut se mobiliser pour lutter fermement contre ce projet de loi », lance l’ancien bâtonnier nassérien Sameh Achour. Même son de cloche chez l’avocat islamiste Montasser Al-Zayat, pour qui cet amendement est fait sur mesure pour servir les intérêts de Omar Haridi et des cadres du PND. « Le PND veut-il nationaliser notre ordre qui a gardé son indépendance pendant des décennies ? Pourquoi ce projet a-t-il été présenté à la hâte ? », s’interroge Al-Zayat.

Un complot du PND

Les avocats dénoncent donc un complot fomenté par le PND sous la houlette d’Ahmad Ezz pour s’accaparer l’ordre et réduire l’influence des Frères musulmans. L’actuel bâtonnier, Hamdi Khalifa, également membre du PND, se présente aux élections du Conseil consultatif. Il aurait reçu le soutien d’Ahmad Ezz pour un siège au Conseil consultatif. Mais en échange, Khalifa doit soutenir Omar Haridi, l’autre homme du PND, et œuvrer pour réduire l’influence des Frères musulmans qui dominent le Conseil de l’ordre. Pour les avocats, cet amendement est injustifié. C’est ce qu’estime Tareq Al-Awadi, avocat nassérien. Il s’interroge : « Pourquoi augmenter le quorum nécessaire au retrait de confiance du président ou du conseil d’administration ? Si le législateur a fixé ce quorum à 500 membres, c’est qu’il a estimé que ce nombre garantit le sérieux de la procédure ». Pour Sameh Achour, cet amendement vise en premier lieu à protéger le bâtonnier actuel, qui fait l’objet de critiques de la part de l’assemblée générale. « C’est un complot de l’Etat visant à nationaliser l’ordre des Avocats et à le soumettre au contrôle du PND », affirme Achour. Et d’ajouter : « Est-ce par hasard qu’on veuille augmenter ce quorum alors que des procédures et une campagne de collecte de signatures se déroulent pour retirer la confiance au bâtonnier actuel ? ». Au contraire, Hamdi Khalifa, qui soutient cet amendement, trouve qu’il est naturel d’augmenter le quorum étant donné l’augmentation du nombre d’adhérents à l’ordre qui s’élève désormais à 450 000 membres. « La loi en vigueur a été promulguée en 1983. A l’époque, l’ordre ne comptait que 25 000 membres ».

L’amendement : le quorum et les critères

Outre le quorum, l’amendement modifie les critères de candidature pour le poste de bâtonnier. Selon la loi en vigueur, tout candidat à ce poste doit avoir exercé le métier d’avocat pendant au moins 20 années successives dans une institution ou un cabinet non gouvernemental. Or, l’amendement annule cette condition et ouvre la porte aux avocats travaillant dans le secteur gouvernemental pour se présenter au poste de bâtonnier. Une mesure qui sied, selon les avocats, à Omar Haridi, qui ne répond pas aux critères de la loi actuelle. Une autre mesure dangereuse prévue par l’amendement : la réduction du nombre de sièges du Conseil de l’Ordre. Celui-ci passera de 46 à 31 sièges. En effet, les élections de l’ordre se déroulent à deux niveaux : le niveau des cours d’appel, chaque cour présente deux candidats, et le niveau général, des candidats indépendants peuvent se présenter. L’amendement a annulé les 15 sièges du niveau général, mesure qui vise en premier lieu à éliminer les islamistes et les Nassériens qui siègent au conseil. « La plupart de nos candidats n’obtiennent des sièges qu’au niveau général, parce que le choix des candidats au niveau des cours d’appel est souvent dominé par d’autres calculs. Les services de sécurité jouent un grand rôle dans le choix des candidats », explique Mohamad Tosson, avocat des Frères musulmans.

Face à la grogne des avocats, Hamdi Khalifa a affirmé dans un communiqué que la discussion du projet de loi sera suspendue jusqu’à ce que l’assemblée générale des avocats le discute. « Le but de ce projet de loi c’est l’intérêt de l’ensemble des avocats. Il ne sera pas discuté au Parlement avant que la majorité des avocats ne soient d’accord », a affirmé Khalifa. Mais ces tentatives d’apaisement n’ont pas réussi à calmer les esprits. Les avocats ont décidé de poursuivre leur sit-in jusqu’à ce que le projet de loi soit entièrement retiré du Parlement.

May Al-Maghrabi

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