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  Président Abdel-Moneim Saïd
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 7 au 13 avril 2010, numéro 813

 

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Voyages

Liban. A l’occasion de la fête de Pâques, tournée traditionnelle et historique à travers sept couvents nichés au creux de la montagne qui domine la ville côtière du Batroun. Visite guidée.

Les sept perles de l’hinterland

En egypte, le pas est déjà fait. Les églises chrétiennes, coptes, catholiques, orthodoxes, arméniennes, toutes confessions confondues, sont désormais unies autour d’une date fixe pour célébrer la fête de Pâques. Par contre, au Liban, il y a toujours un décalage d’horaire et de temps, selon les églises suivant le calendrier julien (réformé en 46 av. J.-C., par Jules César) et celles suivant le calendrier grégorien (réformé en 1582 par le pape Grégoire XIII). Cette année cependant, la date est la même pour tous les chrétiens du Liban et du monde. Le dimanche 4 avril constitue une heureuse coïncidence pour le pays du Cèdre. Elle tombe à point et en harmonie avec le climat de réconciliation nationale qui règne actuellement dans le pays.

Jeudi 1er avril, c’est le jeudi saint, le quatrième jour de la semaine sainte qui commence le lundi suivant le dimanche des Rameaux, le 28 mars. C’est le jour qui commémore la cérémonie du lavement des pieds des disciples par Jésus, mais aussi cette tradition bien ancrée dans les cœurs et les esprits, celle de la visite de sept églises par les fidèles effectuée de préférence à pied (voir encadré Tradition historique). L’Hebdo a choisi cette visite effectuée en plein hinterland, dans la région du Batroun.

Comme à l’accoutumée, une ambiance familiale toute chaleureuse et conviviale règne chaque année au sein de plusieurs agences de voyages. De grands autobus remplis à la majorité renforcée par la gent féminine quittent les rues encombrées de la capitale Beyrouth et partent à la découverte de sept couvents historiques (il y en a beaucoup d’autres) qui creusent en pleine montagne la ville côtière du Batroun, située à 54 km au nord de la capitale. Très vite l’on remarque ce singulier contraste entre le pic de la montagne (lieu des monastères) et la base toute plane de la grande mer bleue. Il est 15h, les voitures climatisées roulent, cassant et fuyant les grosses chaleurs de midi, mais aussi les routes archi-encombrées de Beyrouth, en direction du nord. Bientôt apparaît la célèbre ville de Jounieh avec ses localités Adonis et Ghazir, ainsi que Tabarja. Toutes plongent dans un bouchon infernal avant d’atteindre Safra et les villes salutaires de Jbeil et Tripoli.

 

Première étape : Deir Sayedet al-nouriye (la lumière)

Situé au pic d’une montagne vertigineuse dans une forte pente ascendante, il surplombe majestueusement la mer et la ville de Tripoli. Vieille bâtisse toute en pierre, l’origine de sa construction demeure controversée. Certains parlent d’un capitaine de bateau qui serait venu hiberner dans la baie. Remarquant une lumière surnaturelle jaillir fréquemment, il monte et voit l’icône de la Sainte Vierge resplendissante de lumière divine. Il décide alors d’y construire le lieu qui portera le nom de la lumière, Al-Nouriye.

D’autres versions parlent d’un certain ermite qui vivait dans une grotte en pleine montagne. Il aurait vu la Sainte Vierge sur un bateau bravant une forte tempête, sous forme de faisceau de lumière. Là aussi, on dit que les rescapés du naufrage l’auraient construit.

La troisième version la plus courante parle du passage du roi Théodose, au IVe siècle, à bord d’un navire en pleine mer menacé de faire naufrage. L’apparition de la Sainte Vierge, toujours sous forme de faisceau lumineux, apaisa la tempête et les sauva. De toutes ces versions, une chose est sûre, le dénominateur commun c’est bien la lumière divine qui donna le nom à ce lieu sacré.

 

2e étape : Deir Mar Semaan al-amoudi

Le soleil luit pour tout le monde, dit-on. Il luit aussi non loin de Deir al-nouriye, à Deir Mar Semaan al-amoudi, qui veut dire la verticale. Effectivement, la position de ce lieu est bien la verticale, une petite église toute en pierre qui surplombe également la mer bleue. Ici, tout comme à Deir al-nouriye d’ailleurs, un fait est remarquable : toutes les barrières confessionnelles sont brisées. Des Libanais, Arabes et étrangers de tous bords, toutes confessions confondues, y affluent. Car une dévotion toute particulière est vouée à Settena Mariam, d’où cette foule dense qui avance, avide de calme, de sérénité et de lumière spirituels.

 

3e étape : Bijderfel, Deir Mar Bendi Laymoun

Bijderfel ? Drôle de nom, me diriez-vous. Eh bien oui, si l’on ignore bien sûr l’araméen, cette langue sémitique parlée durant l’Antiquité dans tout le Proche-Orient. Bijderfel signifie la muraille brisée. La construction du couvent de Panda Laymoun remonte à 1763, portant le nom du saint patron des femmes stériles. De nombreux miracles ont eu lieu et beaucoup de femmes stériles ont eu la grâce d’avoir un enfant longtemps attendu.

 

4e étape : Hardini, couvent des saints Cyprien et Justine

Son véritable nom est Youssef Kassab, de Hardine (Batroun). Il fait son entrée au couvent en 1828 et prend le nom de Néamatallah. Prêtre au couvent des saints Cyprien et Justine à Kfifane (Batroun), il s’occupe également de la reliure des livres où son atelier et ses œuvres sont toujours exposés. La construction du couvent remonte à 717 et porte le nom des martyrs Cyprien et Justine. En 1766, la direction du lieu passe à la Congrégation maronite libanaise qui se charge d’enseigner la philosophie, la théologie, les lettres et le droit. De nombreux prêtres y ont fait leurs études, mais aussi leur chemin spirituel, dont le père Néamatallah. Ce couvent comprend actuellement la tombe de saint Hardini, canonisé en 2004, et celle du père Stéphan Nehme.

 

5e étape : Jrebta, couvent de Saint-Joseph, sainte Rafka

Nombreux sont encore ceux qui ignorent la vie douloureuse de sainte Rafka, née à Hemlaya, dans le Metn nord, le 29 juin 1832, le jour de la fête des saints Pierre et Paul. On lui donna le nom de Boutrossiya. Fille unique, elle grandit dans l’amour de Dieu et de la prière. Elle fait son entrée au couvent et poursuit sa mission à Batroun où elle enseigna aux jeunes filles. Religieuse, elle prend le nom de sa mère qu’elle chérissait, Rafka. Et comme les grandes douleurs sont muettes, elle demande à Jésus la grâce de pouvoir partager ses souffrances. Elle perd ses deux yeux, et pendant douze ans, elle vit dans la douleur muette, dans la patience et dans la joie. En 1897, le couvent de Saint-Joseph à Jrebta (Batroun) est construit. La non-voyante connaît une fin de vie difficile. Seules ses mains demeurent intactes, elle en profite pour tricoter à l’aide d’une aiguille. Le 23 mars 1914, elle s’éteint, auréolée d’une lumière emplissant les lieux. Le 10 juin 2001, elle est canonisée par le pape Jean-Paul II.

 

6e étape : Mar Saba

Il est 20h, la nuit couvre la région montagneuse. L’église de Mar Saba regorge de monde en quête de bénédiction. Mar Saba s’occupa lui-même de la construction du couvent, prêcha et instruisit les gens, réussissant à convertir un grand nombre d’égarés. Avec Mar Saba, le chemin du retour est entamé. C’est la descente lente à travers les sentiers abrupts. Une dernière visite est encore à faire, celle du couvent de Saint-Nohra.

 

7e étape : Saint Nohra, patron des yeux

Né en Perse au IIIe siècle, Nohra était un jeune home païen très intelligent et avide de connaissance. Il opte pour le christianisme et le prêche sur les côtes phéniciennes, à Jbeil, Batroun, Akkar. Comme il refuse d’adorer l’idole, le wali lui fait couper la tête à Smar Jbeil (appellation ancienne signifiant le gardien de Jbeil, dans le Batroun). Là aussi, le lieu est envahi par des personnes venues se recueillir et chercher la paix intérieure.

 

Notre visite est terminée. Chose remarquable : au Liban, les couvents se suivent et se ressemblent de par leur construction en pierre. Mais chaque lieu a un style particulier, une histoire caractéristique à nulle autre pareille. Chacun porte un témoignage poignant de l’histoire d’un saint mais beaucoup d’autres restent encore à découvrir. C’est une montée incessante vers le ciel, suivie d’une descente abrupte en direction de la plaine. L’important est cette union entre le ciel et la terre, cette fusion totale où le terrestre fait révérence et place au céleste.

Mireille Bouabjian


 

Tradition historique

La visite des sept églises remonte loin dans le temps à l’un des principaux Etats de l’Antiquité, à savoir Rome (origines et royauté 753-509 av. J.-C.) fondée par Romulus et gouvernée par les rois latins, sabins et étrusques. Puis c’est la République romaine (509-27 av. J.-C.) avec ses luttes intestines, sa guerre civile, suivie de l’Empire romain (Haut-Empire, Ier et IIe siècles) et le Bas-Empire, IIIe-Ve siècles). En 476, le roi barbare Odoacre dépose le dernier empereur Romulus Augustule. C’est la fin de l’Empire d’Occident.

Dès 756, Rome devint le centre du christianisme, la capitale des Etats pontificaux et le siège de la papauté. Pour arriver jusque-là, de nombreux martyrs ont payé très cher le prix de leur foi. A Rome, sept églises ont été construites à l’intention des sept martyrs qui ont le plus souffert. Une foule dense affluait de très loin en pèlerinage et un parcours harassant attendait cette masse. Avec le temps, le pape décide de simplifier et de faciliter le périple en autorisant les fidèles à visiter, ce jeudi saint, sept églises, chacun à son choix. D’où ce rituel traditionnel de la tournée bien accueillie des sept églises que certains préfèrent effectuer à pied, comme les ancêtres le faisaient. L’important réside non seulement dans les jambes, mais aussi et surtout dans les cœurs.

 

La porte vers
l’au-delà

Une imposante fausse porte en granit rouge provenant de la tombe d’un haut dignitaire pharaonique datant d’environ 3 500 ans a été découverte à Louqsor, a annoncé le ministre égyptien de la Culture, Farouk Hosni. Cette fausse porte, considérée par les anciens Egyptiens comme le point de passage vers l’au-delà, a été exhumée près du temple de Karnak, a indiqué le ministre dans un communiqué.

Elle appartenait à la tombe de Ouser, un puissant conseiller, ou vizir, de la reine Hatchepsout, qui régna sur l’Egypte entre 1479 et 1458 av. J.-C., le plus long règne d’une femme pharaon. Sur cette porte haute de 1,75 mètre et de 50 cm d’épaisseur sont gravés des textes religieux ainsi que les différents titres d’Ouser, tels que maire, vizir et prince, a précisé le chef du service des antiquités égyptiennes, Zahi Hawas. « Cette porte a été réutilisée par les Romains. Elle a été déplacée de la tombe du vizir et utilisée dans une structure datant de l’époque romaine », a ajouté le chef des fouilles, Mansour Boraik, dans ce communiqué.

 

Batroun, aperçu historique

Ancienne cité du Nord-Liban, Batroun est à 54 km au nord de la capitale Beyrouth. Elle est entourée des rivières Al-Joz au nord, Abi-Karam au sud de la Méditerranée du côté ouest et de Jdabra à l’est. Vingt mille personnes y vivent actuellement.

On retrouve les traces de Batroun dans les lettres de Tell Amarna envoyées par les rois phéniciens aux pharaons d’Egypte (1372-1354 av. J.-C.), mais la ville est beaucoup plus ancienne que ça. L’homme a occupé la terre 300 000 ans av. J.-C. Les lettres de Batroun ont été écrites 10 fois en 3 parties « Bat », « Rou » et « Na ». Durant cette période, Batroun était sous le règne du roi de Byblos. Les études ont montré que le terme Beit-Rouna est un nom syriaque. Beit al-raouss (la maison du chef), ce qui explique l’existence d’un gros rocher avec une porte et des marches, « Maqaad al-amir » ou le fauteuil du prince à Bacha Beach.

Durant la période classique, les Grecs et leurs successeurs baptisèrent la cité « Botrys », relativement à la vigne dominant la ville. Botrys signifie la grappe de raisin. Durant la période arabe, la cité est baptisée « Bassroun » par Al-Idrissi dans le dictionnaire arabe Yacout al Hamawy. Les croisés, eux, se contentèrent de lui donner le nom de Boutron, avec une influence accentuée au nord. Batroun faisait à ce moment-là partie intégrante de la féodalité de Tripoli.

M.B.

 

 




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