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 Semaine du 7 au 13 avril 2010, numéro 813

 

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Afrique

Guinée-Bissau. Une querelle interne à l’armée serait à l’origine de la brève interpellation du premier ministre, Carlos Gomes junior, par des militaires. La présidence et l’armée tentent de minimiser l’affaire qui révèle toutefois d’une instabilité politique chronique.

Retour des vieux démons

Tentative de renversement du pouvoir, simple « rappel à l’ordre », démonstration de force ? De nombreuses interrogations entourent l’interpellation, jeudi dernier, du premier ministre, Carlos Gomes junior, par des militaires. L’interpellation a certes duré quelques minutes seulement, il n’en demeure pas moins qu’elle révèle un malaise politique en Guinée-Bissau et surtout une mainmise du pouvoir par les militaires. Et, outre Carlos Gomes junior, les militaires mutins ont également arrêté le chef d’état-major de l’armée et une quarantaine d’officiers.

Au lendemain de ces interpellations, les dirigeants de Guinée-Bissau ont tenu plusieurs réunions d’urgence. Les nouveaux chefs de l’armée ont démenti que l’interpellation de Carlos Gomes junior ait été une tentative de renversement du gouvernement. Dans un communiqué, les dirigeants des forces armées ont « réaffirmé leur soumission au pouvoir politique, aux institutions de la République et appelé au calme et à la sécurité de la population ». Quant au chef de l’Etat, Malam Bacai Sanha, il a tenu à minimiser l’affaire, parlant d’une querelle interne à l’armée. « Nous contrôlons la situation. Il y a eu un problème entre militaires qui s’est étendu aux autorités civiles », a dit le président Sanha à l’issue d’une réunion avec les nouveaux maîtres de l’armée.

Reste que l’avenir politique de Carlos Gomes junior est remis en question, le nouveau chef des forces armées l’ayant clairement menacé, lui et ses partisans qui ont manifesté par centaines contre son arrestation. « Si les manifestants ne quittent pas les rues, je les tuerai tous et je tuerai Carlos Gomes junior », a lancé le général Antonio Njai au cours d’une conférence de presse, peu après l’arrestation de l’ex-chef d’état-major des forces armées, l’amiral José Zamora Induta. A la suite de l’arrestation de ces autorités, Antonio Ndiaye, vice-Chef d’état-major général des armées, a été nommé chef d’état-major général de l’armée par Jose Americo Bubo Na Tchute.

Lutte de pouvoir

La raison profonde de la discorde entre Njai et Gomes demeure obscure mais, en Guinée-Bissau, l’armée, qui se targue d’avoir joué un rôle décisif dans l’accession à l’indépendance en 1974, dispute de longue date le pouvoir aux civils. Selon un diplomate occidental en poste à Bissau, l’interpellation de Gomes a en partie été liée avec un autre incident survenu jeudi : un groupe de militaires a fait irruption dans les locaux des Nations-Unies pour chercher l’ancien chef d’état-major Bubo Na Tchuto, soupçonné d’une tentative de coup d’Etat en 2008 et qui avait trouvé refuge auprès de l’organisation en décembre dernier. Bubo Na Tchuto, un allié de Njai, devait être livré au gouvernement de Gomes. Na Tchuto s’est affiché aux côtés de Njai lors de sa conférence de presse de jeudi. Au cours de celle-ci, le général Njai s’est clairement présenté comme le nouveau numéro un de l’appareil militaire. « Je veux lancer un appel au peuple, a déclaré Na Tchuto lors d’une conférence de presse. Quiconque sortira dans la rue pour manifester sa solidarité envers le premier ministre sera balayé de la rue ». Et d’ajouter : « Il (le premier ministre) a commis beaucoup d’erreurs et il devra en répondre devant la justice ». Le général Antonio Njai compte même le « juger ». « Cadogo (surnom du premier ministre) est un criminel et il doit être jugé comme tel ».

Auparavant, le bureau des Nations-Unies à Bissau avait mené une médiation entre le gouvernement et Na Tchute. Mais cette médiation n’a pas finalement abouti.

Malgré le retour au calme dans les rues de la capitale, c’est donc toujours la confusion qui règne en Guinée-Bissau. La vie de cette ancienne colonie portugaise est, depuis son indépendance en 1974, rythmée par les putschs et les assassinats politiques. Le dernier coup d’Etat date de mars 2009 quand le président Joao Bernardo Vieira et le chef d’état-major Tagmè Na Waié ont été assassinés. On suspecte d’ailleurs le patron actuel de l’armée, qui serait l’homme fort du régime, le général José Zamora Induta, d’avoir fomenté ce double attentat. Nombreux sont ceux qui voient dans cette instabilité des règlements de compte politiques ou encore des querelles entre cartels de drogue dans un pays devenu une importante voie du trafic de drogue vers l’Europe et où narcotrafiquants ont une influence grandissante.

Abir Taleb

 

 

 

 

 


 

LRA. La rébellion ougandaise de l’Armée de résistance du Seigneur multiplie ses attaques en Centrafrique et en RD Congo, menaçant la stabilité de la région dans sa totalité.

La menace devient régionale

Réputée pour être une des plus brutales au monde, la rébellion de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) est active depuis 1988 dans le nord de l’Ouganda, mais depuis 2005, ses combattants se sont installés dans l’extrême nord-est de la République Démocratique du Congo (RDC), ainsi qu’en Centrafrique et au Sud-Soudan. Depuis plusieurs semaines, les attaques de la LRA se sont intensifiées dans la région, au moins neuf depuis fin février en Centrafrique. De récentes informations ont fait état de nouvelles attaques fin mars de la LRA qui ont fait 26 morts, dont 10 civils dans le sud-est de la Centrafrique. En même temps, un autre massacre de par la LRA en RDC vient d’être révélé.

Selon une source militaire centrafricaine, « l’attaque d’Agoumar a entraîné la mort de onze personnes, dix civils centrafricains dont une femme brûlée vive par les rebelles, et un élément de la LRA tué par les villageois qui s’organisent désormais en autodéfense ». A Dembia, « les éléments de la LRA ont été pris en chasse par l’armée ougandaise, qui a abattu au moins quinze rebelles ». Les rebelles ont utilisé lors de chaque attaque « les mêmes procédés de porte-à-porte, faisant des otages au sein de la population et emportant des biens de valeur, ainsi que des provisions », selon l’officier. Plus de quarante personnes auraient été prises en otage dans ces trois villages, a indiqué à l’AFP, également sous couvert de l’anonymat, un fonctionnaire de Bangassou (principale ville du sud-est de Centrafrique), où 400 personnes se sont réfugiées, fuyant les combats.

Ces récents développements risquent de jeter un froid dans les relations entre l’Ouganda et la Centrafrique. La semaine dernière, les habitants de Bangassou ont manifesté dans les rues de la ville à l’appel des autorités, dont le préfet Rémy Semndouto, pour exiger le départ des forces ougandaises qui opèrent régulièrement en Centrafrique depuis juin 2009. De plus, selon eux, il existerait une complicité entre l’armée ougandaise et les rebelles de la LRA, parce que ces derniers attaquent les villages aussitôt après le passage des militaires ougandais.

L’est de la Centrafrique est ainsi en proie à un harcèlement incessant. A chaque fois les méthodes de la LRA sont les mêmes : ses rebelles font du « porte-à-porte » dans les villages et prennent « des otages, emportant des biens de valeur, ainsi que des provisions », selon un officier centrafricain basé à Bangassou. « Nous n’avons jamais connu une telle cruauté. Des jeunes, des adultes et vieillards, des deux sexes confondus, sont systématiquement abattus selon les humeurs des rebelles », raconte à l’AFP Eusèbe Moutizon, fonctionnaire, habitant de Rafai actuellement réfugié à Bangassou.

Le bilan en RCA (République CentrAfricaine) est difficile à établir, mais il se chiffrerait en dizaines pour les morts et en centaines pour les otages. Des centaines d’habitants ont déjà fui leurs villages pour se réfugier dans des villes mieux protégées. « C’est une guerre qui nous est imposée », a affirmé à l’AFP Jean-Francis Bozizé, ministre délégué à la Défense nationale centrafricaine, soulignant : « Nous vivons une situation qui n’est pas propre à notre pays ». La RCA, déjà très instable sur le plan politico-militaire avec l’existence de nombreuses rébellions aux quatre coins du pays, a donné son feu vert en juin 2009 pour que l’armée ougandaise poursuive la LRA sur son territoire.

Le chef de la LRA, Joseph Kony, recherché pour crimes de guerre par la Cour Pénale Internationale (CPI), « circule entre le Darfour, Bahr Al-Gazal (deux provinces du Soudan) et la RCA », explique le porte-parole de l’armée ougandaise, le lieutenant-colonel Felix Kulayigye. La Centrafrique est pour la LRA un terrain plus favorable que le Soudan semi-désertique pour se cacher ou pour voler des vivres dans les villages, a-t-il ajouté. « Cela fait un certain temps qu’il joue ce jeu ».

L’Onu a fait état de 290 tués

Outre la Centrafrique, la RDC est elle aussi la proie d’attaques meurtrières de la LRA. Selon un rapport de l’organisation Human Rights Watch (HRW), un massacre « planifié » par la LRA a tué au moins 321 civils mi-décembre 2009 dans des villages du nord-est de la RDC. L’Onu a fait état de 290 tués alors que le gouvernement de la RDC a minimisé l’ampleur de ce massacre, évoquant un bilan de 25 morts et que la LRA a réfuté ces accusations.

Le Haut commissariat des Nations-Unies aux droits de l’homme a également publié deux rapports étayant les accusations de « crimes contre l’humanité » à l’encontre de la LRA en RDC et au Sud-Soudan. L’un de ces rapports recommande à la communauté internationale d’améliorer la qualité des forces de sécurité de la RDC et leur capacité à protéger les civils et « de coopérer avec la CPI pour rechercher, arrêter, transférer et traduire en justice les dirigeants de la LRA auteurs présumés de crimes internationaux ». Dans ces deux rapports, le Haut commissariat des Nations-Unies aux droits de l’homme fait état de près de 1 300 personnes tuées en RDC et au Sud-Soudan entre septembre 2008 et juin 2009 et détaille nombre « de violations systématiques et généralisées des droits de l’homme menées par la LRA contre les civils ». « Ces attaques et violations systématiques et généralisées des droits de l’homme » menées par la LRA ont également provoqué le déplacement d’environ 230 000 personnes dans les districts du Haut-Uélé et du Bas-Uélé de la Province Orientale en RDC, précise le rapport de l’Onu. Selon ce rapport, « elles pourraient constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ».

Abir Taleb

 




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