Edito Manœuvre
Une nouvelle brouille entre la Syrie
et les Etats-Unis ? L’Administration américaine a soudain durci le ton face à
la Syrie, par la voix de son secrétaire d’Etat adjoint pour le Proche-Orient,
Jeffrey Feltman, avertissant que « toutes les options seront sur la table ».
Cette mise en garde est intervenue à la suite des accusations adressées par Washington à Damas,
soupçonné de fournir des missiles Scud au Hezbollah libanais. Une accusation
qui intervient à un moment où la Syrie espérait voir ses relations se
réchauffer avec Washington.
La Syrie avait été accusée à
l’origine par le président israélien Shimon Pérès de fournir au Hezbollah des
missiles Scud, susceptibles d’atteindre l’ensemble du territoire d’Israël. Les
Etats-Unis, lui emboîtant le pas, ont demandé des explications. Le chef de
mission adjoint à l’ambassade de Syrie aux Etats-Unis, Zouheir Jabbour, avait
été convoqué au département d’Etat pour répondre « des actes de provocation »
de la Syrie concernant le possible transfert d’armes au Hezbollah.
La tension survient au moment où
les rapports entre Damas et Washington poursuivaient leur amélioration après
plusieurs années de crise. Elle intervient aussi alors que le Sénat examine la
nomination, par le président Barack Obama, d’un nouvel ambassadeur des
Etats-Unis en Syrie. S’il est confirmé, Robert Ford sera le premier ambassadeur
américain à Damas depuis 2005. Très récemment, la Syrie a donné son
autorisation à la réouverture de l’école américaine à Damas, fermée depuis
plusieurs mois.
Il est donc peu probable que les
récents avertissements américains changent le cours des événements. Pour preuve
: à Washington, des responsables américains ont déclaré jeudi que le Pentagone
et les milieux du renseignement doutaient que des Scud syriens aient été livrés
au Hezbollah. Comment donc expliquer le brusque changement de langage américain
? Il s’agit probablement d’une manœuvre destinée à exercer des pressions sur la
Syrie à un moment où les deux pays doivent s’asseoir autour de la table pour
discuter des désaccords de fond qui les opposent. Or, ces divergences majeures
sont encore entières. Alors que les Etats-Unis ont toujours agi au
Proche-Orient dans un sens contraire aux intérêts de Damas, la Syrie,
notamment, soutient bon nombre des ennemis de l’administration américaine, de
l’Iran au Hezbollah en passant par le Hamas palestinien et d’ex-responsables du
parti Baas iraqien.
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