Artisanat. Derrière l’exposition de Hagaza
et Akhmim, tenue
au Caire au siège de l’Association de la Haute-Egypte
pour l’Education et le Développement
(AHEED), se profile un travail de longue haleine qui remonte aux années 1940.
Sculpter sa vie par le bois
Comme chaque année, les artisans arrivent de
la ville de Hagaza. Une ville située
à une trentaine
de kilomètres au nord-est
de Louqsor et réputée depuis
Ils sont devenus
des experts dans la fabrication du
bois. Et leur production est aujourd’hui exportée en
Ce projet
de fabrication du bois de Hagaza
a débuté dans les années 1980 quand le père
L’atelier de Hagaza,
créé par le père Boutros, reçoit seulement la gent
masculine. La première promotion comptait 11
jeunes hommes dont l’âge variait
entre 15 et 20 ans. Ils assistaient au cours d’apprentissage, du père Boutros, cinq jours par semaine. Puis le Père a fait appel à cinq autres
artistes étrangers pour l’aider dans sa
mission.
Tous les trois ans, un
nouveau groupe se joint à
la formation. Aujourd’hui, la promotion compte près de 60 personnes qui viennent apprendre pour améliorer leurs conditions de vie. La formation dure
trois ans, ce qui permet
aux jeunes d’acquérir un
savoir-faire.
L’initiative du père Boutros a changé la vie et l’avenir de toute une ville. Les jeunes artisans sont fiers de leur renommée
et leur réputation
à l’étranger. Les uns ont participé à des expositions à
Shayeb a réussi à vendre
100 articles à 7 000 L.E. « Si
je gagne beaucoup d’argent et suis
désormais connu, c’est bien grâce
au père Boutros. On est, tous, connus autant
au niveau local qu’international
», confie Yasser qui possède un atelier dans la rue principale de Hagaza.
Pour fabriquer
des articles en bois de bonne qualité,
les artisans de la ville de Hagaza
utilisent trois types de
bois, espèces d’arbres plantés dans les régions chaudes de l’Egypte comme Louqsor et Assouan. Des arbres connus sous
le nom de sersou (importé d’Inde par les Anglais et acclimaté à
l’Egypte), de tamaris ou d’Ethle (un bois blanc) et le kay
(un arbre local).
Ces genres de
bois sont utilisés dans la fabrication des saladiers,
des pots, des boîtes et d’autres
ustensiles de table proposés
par nos artisans ... Ce
mélange de bois leur donne
des reflets incomparables. Chaque objet est travaillé à la main et sa fabrication requiert plusieurs heures de travail.
Certains artistes
de Hagaza utilisent d’autres genres de bois que l’on trouve au bord des rivières et des canaux. Jadis,
on utilisait ce
genre de bois pour couvrir les toits
des immeubles ou des maisons. Mais aujourd’hui,
il se vend à 1 400 L.E. la tonne.
La population de Hagaza, dont la plupart est
modeste, vit en principe de la culture du coton et de canne à sucre. La plupart
des enfants n’accède pas ou peu à
l’enseignement. « J’adore ce que je fais. Je
n’ai pas d’horaires fixes et je ne
cesse de travailler que lorsque je
suis vraiment épuisé », dit Roumani,
40 ans, propriétaire d’un
atelier. Ce dernier a abandonné
les bancs de l’école à l’âge de 13 ans pour aider son père à gagner sa
vie. Contribuant largement
aux besoins de sa
famille, Roumani a décidé de poursuivre ses études tout en continuant à travailler le bois.
La plupart
des jeunes du village ont appris le métier de menuisier dès leur
jeune âge et les diplômés de l’enseignement supérieur qui se sont retrouvés au chômage les ont rejoints. Comme Karim, diplômé de tourisme et d’hôtellerie
qui pense que ces objets d’art rapportent beaucoup plus d’argent.
C’est pourquoi il a suivi
une formation de trois ans à l’atelier
de Hagaza, espérant ouvrir un jour un petit atelier. Aujourd’hui,
il profite
pour exposer ses articles à la Foire internationale
du Caire
L’Association de la
Haute-Egypte pour l’Education
et le Développement (AHEED) offre des microcrédits aux jeunes apprentis après la fin de l’apprentissage. Wafa, qui a hérité le métier de son père, produisait deux articles par
jour. Il a obtenu un premier
microcrédit de 2 000 L.E. en 2002. Il
a pu augmenter sa
production à trois articles
par jour. Il a décidé ensuite
de s’élargir et a demandé plusieurs microcrédits à l’association. Il a pu acheter
un local de deux pièces et
a acheté le matériel nécessaire. Mais à chaque fois
qu’il a besoin de découper les troncs d’arbres, il
s’adresse à l’atelier-mère où se trouvent de grandes scies qui découpent les troncs d’arbre en planches. D’autres prennent un microcrédit
de 10 000 ou 15 000. Ceux-ci sont
devenus des propriétaires
de grands ateliers. Les œuvres
de ces artisans sont actuellement exposées au sein de l’AHEED, située à Daher. Un
rendez-vous annuel où affluent un grand nombre de ministres, d’ambassadeurs et de visiteurs, de tous bords. A visiter
jusqu’au 30 avril.
Dossier réalisé par Manar
Attiya