Un
enracinement
de longue date
Un
travail qui remonte
à loin donc
pour cette association
créée en 1941 par le
père Henri
Ayrout. Après avoir
étudié la vie et les
mœurs des habitants de la Haute-Egypte,
ce père
Jésuite
fonde l’Association de la
Haute-Egypte pour
l’Education et le
Développement (AHEED)
dont le but
est de créer des
écoles
gratuites pour les pauvres
de cette
région laissée-pour-compte.
Il
constate
que l’éducation
est la condition
nécessaire au
développement de
ces zones
défavorisées où la
grande
majorité de la population vit
au-dessous
du seuil de la
pauvreté. Le
choix de la Haute-Egypte
n’est pas un
pur hasard.
Le taux de
chômage, d’analphabétisme
et des services de bases y sont
quasi absents : 66 % des
populations les plus pauvres et
qui vivent au-dessus
du seuil
de la pauvreté
vivent en Haute-Egypte.
95 % des villages les plus
démunis se
situent, aussi, en Haute-Egypte.
« Devant
toutes ces
statistiques,
nous
continuerons à
œuvrer pour le
changement de
cette situation
injuste »,
disait le père Henri.
Aujourd’hui,
l’association
s’adresse aux
communautés
rurales de quatre
principales
régions de la Haute-Egypte
: Minya,
Assiout,
Sohag et Qéna. Elle
gère
également une
école dans
le quartier
populaire de la banlieue
du Caire
de Charabiya pour
aider une
population ayant
migré de la Haute-Egypte.
Un centre de promotion
féminine
est installé
à
Alexandrie, dans le
quartier
populaire de Moharrem
Bey, dont
la population est
aussi
composée majoritairement
de migrants de la Haute-Egypte.
En
Haute-Egypte,
cette association
possède et
gère 35
écoles avec, au total, 10 000
élèves. L’AHEED mène
également
une action pour
combattre
l’analphabétisme des adultes
— les femmes en sont
particulièrement
touchées en Haute-Egypte
— par des programmes
d’apprentissage de la lecture
mais aussi
de développement personnel (hygiène,
conscience sociale,
travaux
manuels ...). Son action s’est
concrétisée par la construction
d’ateliers
d’artisanat de bois à
Hagaza,
d’ateliers de tissages
et de
broderies à
Akhmim, 48
centres d’alphabétisation,
33 centres de promotion
féminine, 60
dispensaires et
centres de
soins. L’AHEED développe
également de plus en plus de
microcrédits pour les plus
pauvres.
L’association
propose
aussi des programmes de
formation et de développement
destinés
prioritairement aux enfants,
aux femmes et aux jeunes.
Il ne
s’agit ni
d’assistance
ni d’aide
humanitaire.
Il s’agit de
donner aux plus
pauvres les
outils pour changer leur
situation économique et
participer au
développement de
leur
communauté.
Les
projets de
microcrédits de l’AHEED
ont été
créés en 2001.
En 2007-2008, le programme a
porté sur
4 822 bénéficiaires pour un
montant de 18,7 millions de L.E.
Les prêts
couvrent les domaines
d’activité
d’élevage d’animaux, de
services, de commerce et surtout
les activités
d’artisanat
effectuées dans les
villes
d’Akhmim et Hagaza.
L’Association
des Amis de la Haute-Egypte,
dont le
siège est
en France, apporte son
soutien moral et financier
à
l’association égyptienne.
Le soutien financier
versé en 2009 de
l’Association des
amis
de la Haute-Egypte
à l’AHEED
a atteint les 114 824 euros.
Akhmim
versus tissage
En
plus de Hagaza pour le bois,
l’Association de la Haute-Egypte
pour
l’Education et le Développement
(AHEED) est
également impliquée
à Akhmim.
Situé sur
la rive droite
du Nil en face de
Sohag, à
environ 130 kilomètres au
sud
d’Assiout, Akhmim
est
un tout petit village de la Haute-Egypte
où les habitants
sont
réputés pour le tissage.
Ce métier se
transmet
d’une génération
à l’autre
depuis 4 000
ans et
fait vivre de nombreuses
familles. Il
était
essentiellement masculin
jusqu’en 1960. Le centre de
tissage
d’Akhmim a alors
commencé à
former les femmes.
Marsa
brode tous
azimuts
Elle
confectionne des motifs avec des
perles,
cousues à la main, des
châles
multicolores, des nappes,
des couvre-lits et des
jetés de canapé en
coton, soie,
viscose ou
lin. Marsa
Naguib est
âgée de 20 ans. Elle a
commencé à
exercer le métier
depuis deux
ans. Elle adore la broderie et
n’aime pas beaucoup le
tissage car
ce métier l’oblige
à
travailler au centre où
se trouve le métier
à tisser.
Tandis
que l’on
peut faire de la
broderie chez
soi.
Marsa ne
veut pas
suivre le même
itinéraire
que ses
quatre
sœurs, membres
du centre
depuis 40 ans. Elle va
bientôt se
marier, c’est
pourquoi
elle a choisi la
broderie.
Celle
qui travaille
devant son métier
à tisser
ne doit
pas avoir
d’obligations familiales.
Quand
la fille arrive
à l’âge
du mariage,
elle
abandonne le tissage pour
le dessin et
la broderie et
quand ses
enfants
commencent à
grandir,
elle recommence de nouveau à
pratiquer le
tissage. Un
métier ardu et qui a
besoin de muscles. «
Jadis, les conditions
d’admission au centre
étaient
d’accepter les filles
analphabètes,
très
pauvres. Mais
aujourd’hui,
ces conditions
n’existent plus.
L’essentiel
est d’être
douée,
talentueuse et d’avoir
des sœurs au centre pour
transmettre
leur expérience en
matière
artistique », précise
Samira, la
directrice du centre
d’Akhmim. Avec
l’aide de la première
génération
féminine au centre, appelées
les artistes-mères, la future
artiste choisit le genre
et la
couleur du
tissu et des
fils. Le
dessin est
important aussi.
Avant tout,
Marsa dessine
sur
papier
; ensuite,
elle trace
à la craie son
dessin,
puis elle
brode
dessus.
Et Awatef
tisse
comme elle respire
Assise
sur un
banc, devant son métier
à tisser,
penchée sur
son ouvrage, son corps
est
constamment en mouvement.
Sa main guide la
navette avec
aisance et fait des
allers-retours
sur
l’ensouple.
Ses gestes
sont très
précis. Elle doit
à la fois
respecter les dimensions du
tapis,
compter le nombre de
nœuds et
faire attention aux espaces qui
existent entre
chaque
dessin. De grosses bobines
sur
lesquelles sont
enroulés des
fils de
laine, de soie
ou de
lin, de
différentes
couleurs de son choix,
sont
disposées un peu partout
dans une
des pièces
du centre.
Awatef
commence à
tisser un
tapis
splendide. Elle
est
fière d’avoir
comme disciple
une grande
artiste comme
Mariem Azmy.
Cette
dernière, qui
est
sa tante
maternelle,
l’a aidée
à adhérer
au centre.
Awatef
considère
que le tissage
est
la pierre
angulaire de tout art manuel.
« J’adore
ce
que je
fais. Je
n’ai pas
d’horaires fixes et
je ne
n’arrête de
travailler que
quand je
suis
vraiment épuisée »,
lance-t-elle.
Awatef
a abandonné les bancs de
l’école à
14 ans pour
travailler et
aider sa
famille
financièrement. Après le décès
de sa
mère, elle
rejoint le centre.
« C’est la
première fois
que je
présente
mes œuvres en exposition.
J’ai été
ravie de
voir les gens
apprécier
mes tapis.
Ce travail
va me procurer un
revenu
satisfaisant ».