Al-Ahram Hebdo, Opinion | Du sérieux de Baradei
  Président Abdel-Moneim Saïd
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 14 au 20 avril 2010, numéro 814

 

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Opinion
 

Du sérieux de Baradei
Abdel-Moneim Saïd

Nombre de mes confrères et lecteurs et même le public présent à une conférence que j’ai dernièrement donnée à Alexandrie m’ont posé la question sur la signification de la nécessité de parler sérieusement de et avec Dr Mohamad ElBaradei.

Certains pensent peut-être que c’était une accusation adressée à autrui de ne pas prendre la question avec assez de sérieux. De mon point de vue, le sérieux dont je parle signifie qu’il faut commencer à traiter avec Baradei comme étant l’un de nous, puis en tant qu’homme politique monté sur la scène avec une pensée nécessitant une discussion et un jugement, et un comportement qui doit être évalué. Et ce, en se basant premièrement sur sa pensée libérale, et deuxièmement, sur l’intérêt du pays. Jusqu’à maintenant, Dr Baradei est traité d’une manière particulière en tant que personnalité célèbre, lauréat du prix Nobel de la paix et de la décoration du Nil. Puis quand il a décidé de s’engager sur la scène politique avec un slogan important, qui est le changement, il continue à être traité comme quelqu’un de très spécial. Ce slogan suscite souvent de grands espoirs, surtout quand il est lié à la réalisation d’une démocratie complète. Donc, aux niveaux personnel et objectif, la situation du Dr Baradei nous rappelle une pièce de théâtre dans laquelle, un bon matin, un héros vient en ville et veut tout changer, abstraction faite du fait que la ville a besoin de ce changement ou non, ou que le peuple aspire à ce genre de changement ou non.

Dr Baradei a été pris au sérieux depuis le début, depuis qu’il a annoncé qu’il était prêt à déposer sa candidature aux prochaines élections présidentielles. A condition que le peuple lui réclame de le faire, et si ce peuple est prêt à effectuer les amendements constitutionnels pour qu’il puisse déposer sa candidature en tant qu’indépendant, sans passer par les procédures actuellement requises par la Constitution. Or, cette logique implique beaucoup de confusion et d’équivoque. Il est vraiment étonnant qu’aucun des partisans ni des adversaires de Baradei ne les ont découvertes. Ces réclamations sont anticonstitutionnelles, puisqu’il réclame des amendements sur des articles de façon qui est elle-même anticonstitutionnelle. D’un autre côté, il appelle les institutions actuelles qui se basent sur la Constitution à effectuer cet amendement alors qu’il est l’unique à le désirer. , il devient difficile de comprendre si notre homme désire faire partie du régime ou en sortir ou bien le changer. Il n’est pas ici question de la Constitution dans les îles Comores, mais de la Constitution de 1971, amendée en 1980, 2005 et 2007, et d’articles bien déterminés qui sont les articles 76, 77 et 88. Et en même temps, ElBaradei ne parle pas des institutions déjà existant en Egypte, au contraire, il ne reconnaît pas la légitimité des lois actuelles puisque le pouvoir lui-même n’est pas légitime. Comment donc est-il possible d’effectuer des amendements sur des articles constitutionnels par l’intermédiaire d’institutions qui ne sont elles-mêmes pas légitimes, selon Dr Baradei et compagnie ?

Pour être vraiment sérieux envers cette affaire, il faut tenter par tous les moyens de résoudre l’équivoque suscitée par Baradei. Dès que celui-ci était monté sur la scène politique, il avait proposé une méthode par laquelle il serait possible d’appliquer un changement. Et ce, en disant que si par exemple 10 000 membres de l’ordre des Médecins envoyaient des réclamations pour des amendements constitutionnels, et aussi d’autres syndicats comme celui des Journalistes, des Avocats et des Ouvriers, etc., le régime sera obligé de satisfaire ces doléances. , il n’a fait aucune allusion aux institutions actuelles. Or, les syndicats n’ont pas répondu à l’appel et n’ont envoyé aucune pétition munie de milliers de signatures à n’importe quelle institution chargée d’effectuer des amendements. Dr Baradei est alors passé à une autre méthode qui est de réclamer à ses partisans de collecter 5 millions de signatures d’Egyptiens désirant effectuer des amendements constitutionnels pour qu’il puisse répondre à l’appel des foules et déposer sa candidature aux prochaines présidentielles. Et selon des sources proches de Baradei, les signatures collectées n’ont pas dépassé les 2 millions. Et ce, en sachant qu’il avait insisté, et il en a tout à fait raison, pour que les signatures ne soient pas envoyées par Internet, mais que les noms et les numéros de la pièce d’identité des citoyens soient écrits par le citoyen lui-même, comme une sorte de procuration ou de vote. Or, les millions de citoyens attendus ne sont pas venus et n’ont pas signé, et les partisans de Baradei n’ont collecté que 10 000 signatures ou un peu plus. Et ce, malgré le nombre énorme d’interviews effectuées dans les chaînes satellites égyptiennes et étrangères et l’intérêt médiatique accordé à chaque mouvement effectué par les partisans de Baradei, qui se sont trouvés incapables de réunir plus de 1 000 personnes dans toutes les réunions.

Pour continuer à être sérieux envers Dr Baradei, il faut lui dire que ce qui importe n’est pas la légitimité des institutions égyptiennes, mais sa propre légitimité et celle de sa réclamation appelant les dirigeants du changement à se joindre à lui. Partant de la logique libérale et nationale, le changement doit être effectué à travers un processus institutionnel effectué dans le pays concerné et non à travers une seule personne ou un groupe de personnes qui prennent des décisions sans travailler sur le sujet avec les institutions chargées d’effectuer les changements, juste pour répondre aux demandes d’un nombre limité d’individus alors que rien ne prouve que ceux-ci représentent le peuple. Et , il est incorrect de dire que les citoyens n’ont pas signé parce qu’ils ont peur ou que les forces de sécurité les ont retenus. Chaque jour, des manifestations sont organisées face à l’Assemblée du peuple et au siège du gouvernement. Des chaînes satellites spécialisées dans la critique du régime, des ministres et même du président de la République sont légion maintenant.

Il y a donc un problème dans la légitimité du Dr Baradei, et un libéraliste comme lui doit en être conscient. Si en Egypte tout peut être réglé par les messages et les signatures, donc les Frères musulmans ou n’importe quel autre groupe fondamentaliste peut rassembler des signatures pareilles, surtout que certains de ces groupes jouissent d’une grande popularité au sein des Egyptiens. Ils peuvent ainsi appliquer un système religieux ou n’importe quelle autre pensée fondamentaliste actuellement répandue dans le pays. Ceci ne signifie pas que Baradei n’a pas le droit d’exprimer son avis en ce qui concerne les questions qu’il a suscitées, au contraire, il est dans son devoir de le faire. La différence ici est que le travail à travers des institutions reste le moyen le plus sûr pour effectuer des changements, même si cela nécessite plus de temps que ne le désire tout le monde.

De plus qu’il est évident que Dr Baradei a tout à fait le droit de suivre le chemin qu’il désire pour réaliser ses objectifs, que ce soit par amender la Constitution ou parvenir au poste de président de la République. Mais en avançant sur son chemin, il doit tenir aux principes libéraux et démocratiques auxquels il appelle. Il ne faut pas qu’il reste silencieux ou qu’il se contente du soutien de quelques dizaines de personnes qui veulent nuire au régime en manifestant à la place Tahrir.

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