Soudan.
Des premières élections
multipartites en
près de 25
ans ont
eu lieu
cette semaine.
Marquées par des
plaintes pour
irrégularités,
elles
devraient reconduire au
pouvoir le
président sortant Omar
Al-Béchir et
son parti,
faute d’opposition.
Victoire
attendue de
Béchir
Dans
un climat
tendu,
quelque 16 millions d’électeurs
soudanais
ont voté
dimanche,
lundi et mardi
derniers, aux
élections
présidentielle, régionales
et législatives.
Il s’agit
des premières élections
multipartites en
près d’un quart de siècle,
considérées
comme des plus complexes, avec plus de 14 000
candidats y participant
à tous
les niveaux.
De
nombreux
problèmes logistiques
ont
compliqué le déroulement
du vote au point
que la commission
électorale
soudanaise a reconnu des
« erreurs techniques
dans les
listes électorales, la
disparition de bulletins de vote
et l’ouverture
tardive de
certains bureaux de vote
».
Pour sa
part, l’opposant
islamiste
Hassan Al-Tourabi a
affirmé que
son parti
avait recensé plus
d’une
centaine d’irrégularités
au premier jour de scrutin.
Quant aux ex-rebelles
sudistes du
Mouvement
populaire de libération
du Soudan
(SPLM, ex-rebelles
sudistes),
ils
ont demandé
à ce
que le
scrutin soit
prolongé
jusqu’à samedi
prochain.
Partageant le même avis,
le gouverneur de
l’Etat de Khartoum,
Abderahman Al-Khidr,
membre du
Parti du
congrès national (NCP
du
président Béchir),
a affirmé
qu’il
allait demander la tenue
de trois
autres jours de vote.
Aucune
réponse n’a
été donnée
à
ce
sujet.
D’ailleurs,
la commission électorale
soudanaise
estime être en
mesure
d’annoncer les résultats
d’ici le 18
avril.
Si un
candidat aux
présidentielles
n’obtient pas de
majorité simple (50 % + un
vote), ce qui
est peu
probable, un second tour sera organisé
les 10 et 11 mai. Pour la
présidentielle, le
sortant Omar Al-Béchir,
auteur d’un coup d’Etat
militaire
soutenu par les islamistes
en 1989, fait figure de grand favori.
Ce dernier
est
accusé par la Cour
Pénale
Internationale (CPI) de crimes de guerre et crimes
contre
l’humanité au Darfour.
Malgré ces
accusations et son
impopularité
dans les camps de
déplacés, son
parti
compte sur
plusieurs
appuis au Darfour.
Ses
deux
principaux rivaux,
Yasser
Arman, un musulman
laïque
défendant les couleurs
du SPLM, et
Sadek Al-Mahdi,
ancien premier
ministre et chef
du parti
Umma (nationaliste),
se sont
retirés de la présidentielle.
Ces deux
candidats
accusent M. Béchir de
truquer le
scrutin et estiment
que les conditions pour des
élections «
libres » et « justes »
ne sont
pas réunies,
notamment
dans la région
du Darfour
(ouest),
sous état
d’urgence en raison de la guerre
civile et
d’une insécurité
endémique.
Les mouvements
rebelles du
Darfour, qui
contrôlent des bouts de
territoire de
cette
région, rejettent
catégoriquement
ces
élections, mais
n’ont
toutefois pas menacé de
les faire échouer.
Répondant aux accusations de
fraudes et
au boycott, le président
sortant Al-Béchir
a promis la
semaine dernière
que les
élections seraient «
équitables et
libres,
propres et exemplaires,
car elles
représentent une
obligation religieuse », a-t-il
proclamé.
En
effet, si
le vainqueur de la
présidentielle
est
d’ores et déjà
connu, des surprises
pourront
émailler l’élection des
élus à
l’Assemblée
nationale et les représentants
— gouverneurs et
députés — des
Etats du
pays. Des luttes locales pour
les postes de
députés et de
gouverneurs
dans certaines
régions du
Sud-Soudan
ou des zones à la
frontière
entre le Nord,
musulman, et le
Sud, en
grande partie
chrétien,
pourront être
à l’origine
de combats, craignent
différents
observateurs.
Certains
analystes
estiment cependant
que tout
est
joué d’avance.
« Béchir et
son parti se
sont
assurés de la victoire,
aussi bien
aux présidentielles
qu’aux
législatives. Il ne
risque donc
pas d’y
avoir de problèmes en
ce concerne
la formation du
gouvernement »,
estime le Dr
Hany Raslan,
expert au Centre d’Etudes
Politiques
et Stratégiques (CEPS)
d’Al-Ahram.
Reste
un
rendez-vous plus important,
celui du
référendum de 2011
sur la
séparation ou non
du sud.
Selon Hany
Raslan, le SPLM
n’a pas
donné beaucoup d’importance
à
ce multiple
scrutin, car
il mise
sur celui
de 2011, avec l’ambition
affichée de se
séparer du
Nord.
Maha
Salem