Al-Ahram Hebdo, Egypte | Un vide juridique comblé
  Président Abdel-Moneim Saïd
 
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 Semaine du 14 au 20 avril 2010, numéro 814

 

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Egypte

Projet de Loi. Le Conseil consultatif vient d’approuver un texte, premier en son genre, contre les diverses formes de trafic humain.

Un vide juridique comblé

Signataire de la Convention internationale contre le trafic humain, l’Egypte ne dispose toujours pas d’outils législatifs pour faire face à cette activité criminelle. En approuvant la semaine dernière un projet de loi présenté par le ministère des Affaires étrangères, le Conseil consultatif vient d’entreprendre le premier pas pour combler cette lacune juridique. Le projet de loi se veut avant tout dissuasif : il prévoit de lourdes peines de prison entre 7 et 20 ans, ainsi qu’une amende entre 50 000 et 200 000 L.E. contre toute personne impliquée dans une activité ayant trait au trafic humain. Phénomène aussi ancien que l’homme, le trafic humain a pris de nouvelles formes durant les dernières décennies du XXe siècle. Les victimes peuvent être forcées ou leurrées en vue de leur exploitation par des réseaux de prostitution, de tourisme sexuel, de trafic d’organes ou de mariages sexuels. En Egypte, ce sont surtout les femmes et les jeunes filles issues des milieux défavorisés qui représentent la proie principale de ce trafic.

« Le trafic humain est un phénomène que facilite l’emplacement géographique de l’Egypte, ainsi que sa politique qui facilite l’accès à son territoire des ressortissants étrangers », souligne Sayed Eleiwa, professeur de droit à l’Université du Caire. « L’Egypte accueille des danseuses de plusieurs pays comme l’Ouzbékistan, l’Ukraine et la Russie, ainsi que d’autres pays de l’Europe de l’Est. Ce recrutement peut très facilement basculer vers le tourisme sexuel à travers des réseaux transnationaux », assure Eleiwa.

Selon Nagui Chéhabi, membre du Conseil consultatif, deux facteurs contribuent à la perpétuation du phénomène : la mondialisation et la pauvreté. « Les organisations impliquées dans la traite humaine sont devenues plus complexes. La combinaison de la pauvreté, du manque d’éducation et de l’instabilité régionale offre un terrain propice à leurs activités », assure Chéhabi. Une activité de plus en plus décriée par la presse et les ONG consiste à fabriquer des contrats de mariage des filles mineures avec de vieux Arabes venus du Golfe pour donner une façade légitime à leur exploitation sexuelle. « L’Egypte a commencé à réaliser l’importance de la promulgation d’une telle loi, d’autant plus que ce genre de trafic représente actuellement une des trois activités criminelles les plus répandues du fait qu’elle est une des plus lucratives après le trafic de la drogue et des armes », explique Ibrahim Al-Dessouqi, membre du comité législatif du Conseil consultatif.

Officiellement, le gouvernement essaye de mettre en avant l’importance de lutter, à travers une législation, contre un phénomène qui touche aussi bien les enfants de la rue (dans le cadre du trafic des organes) que les jeunes filles issues des familles pauvres (dans le cadre des réseaux de prostitution ou du mariage sexuel à de richissimes Arabes). Deux catégories qui représentent les premières victimes locales de ce trafic.

Gasser Abdel-Razeq, directeur du Centre d’études juridiques (ONG), estime pourtant que l’initiative égyptienne de faire adopter une nouvelle loi anti-trafic humain répond à des pressions internationales. Elle s’est impliquée par la ratification en 2003 de la Convention internationale contre le trafic humain. « Le tourisme sexuel représente une source de revenus que le pays doit sacrifier », note-t-il. 

Dimension sociale négligée

« Bien que draconienne, cette législation n’apportera pas à elle seule la solution à un problème principalement socioéconomique, l’implication de la société civile est primordiale », ajoute Abdel-Razeq qui compare ce phénomène à ceux de l’excision ou des enfants de la rue. Il propose de créer un fonds pour l’aide des victimes de ce trafic. « Nous travaillons avec d’autres ONG dans les petits villages pour sensibiliser les parents contre le tourisme sexuel. Nous leur expliquons les dangers et les préjudices que ce genre de mariage est susceptible de porter à leurs fillesc’est un travail de longue haleine », explique Abdel-Razeq.

D’autres activistes, notamment ceux travaillant dans le domaine des droits des femmes, font remarquer que le projet de loi en question insiste sur les pénalités sans accorder assez d’importance à « la dimension sociale ». C’est ce qu’explique Azza Solimane, féministe. « Les femmes victimes de ce trafic sont, dans la plupart des cas, arrêtées et mal traitées par la police, alors qu’elles doivent être plutôt protégées et soumises à un programme de réinsertion sociale et réhabilitation psychologique », affirme Solimane.

Même s’il représente une grande source de satisfaction, ce projet de loi, d’après la société civile, reste un premier pas sur le chemin.

Marianne Youssef

 

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