Bourse Egyptienne.
Sa hausse relative depuis le début de l’année se
poursuivra-t-elle ? 10 spécialistes donnent leurs prévisions
à l’Hebdo. La plupart d’entre eux sont optimistes, mais
reconnaissent que le marché reste imprévisible.
Diagnostics d’experts
2010
commence plutôt bien pour la Bourse égyptienne, qui a connu
une hausse de plus de 7 % depuis janvier. Mais il s’agit
d’une tendance à la hausse accompagnée de fluctuations
continues. L’indice principal de la Bourse, le EGX 30, a
enregistré à un moment une hausse de 10 % avant de fléchir
puis remonter la semaine dernière. La tendance générale
reste néanmoins à la hausse si l’on compare les chiffres à
ceux de l’année passée. Une tendance qui se poursuivra,
selon la majorité des acteurs du marché. Reste que la hausse
du marché égyptien est modeste, comparée aux bonds du Dow
Jones (New York) par exemple, dont l’indice n’est pas loin
de rattraper son niveau le plus haut atteint en 2008. Un
facteur parmi d’autres qui rend les mouvements de la Bourse
égyptienne imprévisibles. Ce même facteur fait d’ailleurs
que certains experts s’attendent à une hausse de la Bourse
égyptienne au cours du trimestre courant, pour rattraper les
autres marchés.
Ainsi, 8
experts sur 10, interrogés par l’Hebdo, prévoient une hausse
de la Bourse au cours du prochain trimestre. « Des
fluctuations sont possibles, mais la tendance à la hausse va
se poursuivre », estime Walaa Hazem, vice-président de la
gestion d’actifs chez HC. Nos experts justifient leurs
optimismes par plusieurs raisons. La première est
l’amélioration des indicateurs économiques du pays. La
hausse prévue de la croissance économique à 5,8 % en
2010/2011, selon des récentes déclarations du ministre de
Développement économique Osman Mohamad Osman, a aussi eu son
effet. L’amélioration de la conjoncture économique en Europe
et aux Etats-Unis et la hausse des Bourses internationales a
elle aussi donné espoir aux experts égyptiens, bien qu’ils
reconnaissent que la Bourse égyptienne n’est pas directement
influencée par les Bourses internationales. Mais le facteur
le plus décisif qui déterminera l’avenir à court terme de la
Bourse du Caire sera les résultats des sociétés cotées. Là
aussi, 8 experts sur 10 s’attendent à des résultats positifs
au cours des premier et deuxième trimestres de l’année pour
la majorité des secteurs dont les actions sont échangées. Et
cela au moins par rapport à la même période de l’année
passée.
Seuls
deux, soit 20 % des experts interrogés, ne partagent pas cet
optimisme avec leurs collègues. « Personne ne peut prévoir
ce qui se passera, l’économie mondiale n’est pas aussi
stable qu’on le croit avec la Grèce qui affronte des
difficultés. En Egypte, la dette interne est en hausse. Il
se peut que le marché monte pendant un trimestre, mais je ne
suis pas trop optimiste », analyse Hani Tewfiq, PDG de la
société de courtage International Investment. En rappelant
que la Bourse égyptienne est très influencée par les rumeurs
et les décisions politiques. Une idée que partagent tous les
experts interrogés, même les plus optimistes. En fait, pour
eux, cela est un signe d’immaturité de la Bourse égyptienne.
« Nous comptons parmi les économies les moins touchées par
la crise, mais notre Bourse a été parmi les plus affectées
», se lamente Ahmad Helmi, à la tête du département des
ventes de la société Al-Guezirah pour les échanges des
titres financiers. Hani Hendawi, président de la société de
courtage Al-Orouba, explique que le problème des Bourses
émergeantes, dont celle de l’Egypte, est que la majorité des
échanges sont réalisés par des personnes et non par des
institutions. D’où leur fort pouvoir d’influence du marché.
« Plus
d’appétit pour les acquisitions »
Quant
aux secteurs les plus prometteurs de la Bourse, la majorité
des experts insistent sur celui de l’immobilier. Ainsi, 5
d’entre eux s’attendent à une hausse du secteur et deux
prévoient une stabilité positive, contre deux seulement qui
s’attendent à une baisse. Les prévisions positives de
l’immobilier se répercutent de la même manière sur les
sociétés de fer, de ciment et de matières de construction en
général. Le secteur du pétrole et des pétrochimies a suivi
celui de la construction. Alors que le secteur bancaire a
suscité une controverse parmi les experts, divisés en deux
camps sur son avenir. Le secteur qui présente le plus de
scepticisme est celui des télécommunications qui est, selon
certains, pratiquement saturé. A cela s’ajoute le doute qui
persiste encore sur l’issue du litige entre Orascom Telecom
(OT) et France Telecom sur Mobinil et les problèmes d’OT en
Algérie. Cependant, deux de nos experts n’ont pas écarté la
possibilité d’une hausse des actions du secteur.
Enfin,
le marché financier égyptien ne semble prêt ni au lancement
de nouvelles Offres Publiques Initiales (OPI), ni à de
nouvelles acquisitions-fusions. Ce genre de transaction qui
traduit une vivacité du marché est stagnant depuis mai 2008,
c’est-à-dire depuis que la Bourse a entamé sa chute. 7
experts sur 10 écartent la possibilité du lancement de
nouvelles OPI ou la réalisation de fusions au cours du
deuxième trimestre 2010. Les plus optimistes estiment que
cette activité reprendra avant la fin de l’année. C’est le
cas de Mohamad Maher, président exécutif de Prime. « Les
sociétés ont plus d’appétit pour les acquisitions. Certaines
institutions internationales ont déjà montré un intérêt pour
l’acquisition des sociétés égyptiennes d’agroalimentaire et
de médicaments. Quant aux OPI, on a entendu parler de Amer
group, Juhyna et Trafco, mais cela n’aura pas lieu au cours
de l’actuel trimestre, plus probablement après »,
dévoile-t-il.
Le
marché égyptien semble donc plus positif qu’en 2009, même
s’il est encore loin de retrouver son niveau record de 12
000 points réalisés en 2008. 9 de nos experts excluent
toutes possibilités d’atteindre ce niveau cette année. 2011
sera peut-être le témoin d’une forte hausse, mais personne
ne peut le garantir. Moustapha Badra, administrateur délégué
de la société Ossoul, explique que, pour que la Bourse
atteigne son niveau record, il faut que l’économie mondiale
se redresse et que le commerce avec l’étranger augmente
considérablement.
Marwa
Hussein