Comesa.
L’amélioration des infrastructures dans les pays membres de
ce marché représente un bon investissement. Une leçon tirée
du 3e Forum de l’investissement du Comesa, tenu les 12-13
avril en Egypte.
Les
infrastructures : une nécessité primordiale
Le
trajet entre Johannesburg, en Afrique du Sud, et une mine de
cuivre en Zambie est de 454 km. Il y a six semaines, un
camion avait fait le trajet, se dirigeant vers le nord,
croisant ainsi deux frontières des pays membres du Comesa
(Marché commun de l’Afrique orientale et australe). Dans
d’autres pays en développement, un tel trajet pourrait
prendre quelque 10 heures. Il en a pris 120.
« Le
chemin de retour du même camion a pris 181 heures »,
s’exclame Terrence Mcnamee, député du directeur de la
Brenthurst Foundation et expert d’infrastructure, qui a fait
lui-même l’aventure, pour évaluer la qualité des routes en
Afrique. « La moitié du temps perdu était sur les frontières
», renchérit-il. Le temps est donc imprédictible, tout comme
les dangers à croiser : violence criminelle, troupeaux de
bétail qui croisent le chemin, parties du chemin non
maintenues, bureaucratie lente et petite corruption. L’état
de cette route n’est cependant guère exceptionnel.
Une
étude récente effectuée par la Banque mondiale estime que le
manque d’infrastructures efficaces dans les pays du Comesa
fait baisser la productivité des entreprises de 40 %. C’est
pour cette raison que le 3e Forum du Comesa pour
l’investissement souligne l’importance de l’amélioration de
ce secteur. Déjà, récemment, une croissance du secteur se
fait d’ailleurs sentir. « L’infrastructure a contribué à
hauteur de la moitié de la croissance réalisée dans les pays
du Comesa lors des 5 dernières années », salue Richard
Scobey, directeur de l’intégration régionale en Afrique
auprès de la Banque mondiale, lors du Forum tenu sur 2 jours
et qui vient de s’achever le mardi 13. Et d’ajouter que, si
tous les pays de l’Afrique installent des infrastructures
semblables à l’Ile Maurice, qui dispose de la meilleure dans
le continent, le PIB africain s’accroîtrait de 2,2 %. Mais
c’est plus facile de parler que de faire.
La
Conférence des Nations-Unies pour le commerce et le
développement estime qu’une croissance annuelle de 7 % en
Afrique nécessiterait un investissement annuel de 22
milliards de dollars dans les infrastructures, dont 40 %
dans les transports, 25 % dans l’énergie, 20 % dans le
secteur hydraulique et le reste dans les télécommunications.
Sindisi
Ngwenya, secrétaire général du Comesa, reconnaît le manque
de financement. Il accuse les banques de développement
multilatérales de ne pas tenir leurs engagements de
financement. « A l’exception de la Banque africaine du
développement », précise-t-il. Ce dernier a récemment
approuvé le financement de 2 projets d’infrastructures
communs entre les pays du Comesa. Pour Ngwenya, l’absence
d’un mécanisme régional qui gère le financement des projets
qui lient les pays membres du Comesa rend lente
l’installation de ces projets. La Banque chinoise du
développement qui a créé un fonds à hauteur de 5 milliards
de dollars, pour financer des projets en Afrique, n’en a
investi que moins d’un milliard. Ce qui a poussé le
secrétaire général à appeler à en créer un mécanisme
semblable à celui du Fonds de développement européen, qui
s’occupe de l’infrastructure commune de l’Union européenne.
Le
secteur privé est aussi invité à contribuer. Plusieurs
investisseurs interviewés par Al-Ahram Hebdo lors du Forum
ont exprimé leur intérêt à entamer des projets d’énergie et
de transports. Citadel Capital, une entreprise
d’investissement privée qui possède des investissements dans
3 pays du Comesa, a déjà commencé à installer des projets de
transport.
Il y a
deux semaines, Citadel Capital s’est engagée à la
restructuration du chemin de fer du Kenya et de l’Ouganda à
travers l’obtention d’une concession de Kenya and Uganda
National Railway. Au Soudan, elle a obtenu l’approbation
officielle du gouvernement à faire marcher ses propres
locomotives sur le long des chemins de fer du pays. « Nous
cherchons toujours des partenaires à ce projet », commente
Hassan Messaoud, directeur associé pour l’investissement au
Soudan et l’Afrique orientale.
Salma
Hussein