Kirghizistan.
Un
calme
précaire règne suite au
renversement de régime
du 7 avril.
Un coup d’état qui
intéresse
Moscou et Washington à la
fois, car
cette ancienne
république
soviétique est la
seule nation
du monde à
posséder
deux bases militaires,
russe et
américaine.
Au
centre des convoitises
Cinq
ans après « la
Révolution des
tulipes » en 2005 qui
avait porté
le président
Kourmanbek
Bakiev au pouvoir,
voilà que
le Kirghizistan
plonge de nouveau
dans
l’anarchie. Le président
déchu, qui a
fui les
violences qui ont
éclaté la
semaine dernière
vers le sud
du pays, refuse
catégoriquement de
démissionner
ou même
de reconnaître la
légitimité
du nouveau pouvoir en
place. « Je
ne vais pas quitter le
pays et je
ne vais pas
démissionner », a-t-il
assuré
dimanche, alors
que le
gouvernement intérimaire
a fait état,
lundi, de
préparatifs en vue
d’une «
opération spéciale »
contre le
président qui a promis un
bain de sang en
pareil cas.
Le président
déchu se
dit toutefois prêt
à négocier
avec l’opposition.
« Même
si c’est
un gouvernement
illégitime,
asseyons-nous à la table
des négociations », a
déclaré
Bakiev. Pourtant,
l’opposition,
incarnée par Rosa
Otounbaïeva, chef
du
gouvernement par
intérim,
refuse toute
négociation avec le
président et
l’invite à
quitter le pays. Déjà, les adversaires
du
président ont
instauré la
politique du fait
accompli, en formant un
gouvernement
intérimaire et en
promettant
l’organisation d’une
élection
présidentielle dans les
six mois à
venir. « Le
pouvoir est
sous le
contrôle du
gouvernement
provisoire.
Cette construction
du système
politique
va
fonctionner durant six
mois pour
préparer une nouvelle
Constitution et organiser la
tenue d’une
élection
présidentielle conforme
à toutes
les règles
démocratiques », a déclaré
Rosa Otounbaïeva.
Selon
les experts, la Russie
aurait joué
un rôle
dans
l’éviction du
président, car
ce dernier
s’était attiré la
colère de
Moscou en maintenant
une base
militaire américaine
dans son pays.
Bakiev
a même dit
voir une
implication étrangère
dans le
soulèvement qui l’a
évincé.
« Je
ne peux
pas dire que la
Russie est
derrière cela.
Je
ne veux
tout simplement pas le
croire », a
déclaré Bakiev, qui
était jugé
trop proche de Washington aux
yeux du
Kremlin, qui refuse d’admettre
la présence
américaine dans la zone
d’influence de la
Russie. Fait unique, le
Kirghizistan
est
le seul pays
du monde qui
entretient
deux bases militaires
sur ses
territoires,
l’une
américaine et l’autre
russe. La base
russe de Kant
est
bien sûr
l’héritage
du passé soviétique
du
Kirghizistan, qui était
l’une des
quinze républiques de
l’URSS. La base
américaine,
située à
Manas, dans
la banlieue de
Bichkek, la
capitale, a de son côté
été ouverte
au lendemain
du 11
septembre. A l’époque, le
pouvoir
kirghize souhaitait en
partie
s’affranchir de la tutelle
du Kremlin
et s’ouvrir
vers
l’Ouest. Les
deux installations se trouvent
à seulement
une dizaine
de kilomètres
l’une de
l’autre.
Selon
les analystes,
ce
qui s’est passé
dans ce
pays pourrait
donc être
une lutte
d’intérêts
entre le Kremlin et la Maison
Blanche. Cette
semaine, les
nouvelles
autorités ont
tenté
d’asseoir leur
légitimité
internationale quand le
nouveau premier ministre a
discuté par
téléphone avec le premier
ministre russe M.
Poutine, qui
lui a
offert son « assistance », en se
disant prêt à
fournir une
« aide humanitaire
nécessaire
à la population ». Ce qui
renforce
l’hypothèse que le
Kremlin est
derrière ce
renversement. Les Etats-Unis,
eux, se
sont efforcés de
rester
neutres cette
semaine après
l’éviction
du président. De part
et d’autre,
on adopte
surtout la politique
du « wait and see ».
Maha
Al-Cherbini