Al-Ahram Hebdo, Afrique | L’apartheid et ses nostalgiques refont surface
  Président Abdel-Moneim Saïd
 
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 Semaine du 14 au 20 avril 2010, numéro 814

 

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Afrique

Afrique du Sud. Le meurtre d’un fermier blanc par des ouvriers noirs a ravivé les tensions racistes dans un pays qui peine à établir les fondements d’un régime égalitaire, 16 ans après la chute de l’apartheid.

L’apartheid et ses nostalgiques refont surface

Si l’affaire avait eu lieu dans un autre pays, elle aurait été simplement de l’ordre d’un fait divers. Deux ouvriers agricoles accusés du meurtre de leur employeur. Et des motifs relatifs à une question de salaire impayé et d’agression sexuelle. Or, en Afrique du Sud, l’affaire a une tout autre portée. Car la victime est un néonazi blanc évidemment et les agresseurs sont noirs. Ainsi, 16 ans après la chute du régime raciste de l’apartheid, le meurtre d’Eugène Terre’Blanche a fait resurgir les tensions raciales sous-jacentes dans les zones rurales notamment, où persistent d’effarantes inégalités. Depuis ce meurtre en effet, les discours racistes en Afrique du Sud, émanant de Blancs comme de Noirs, ont focalisé l’attention sur les extrêmes à tel point d’occulter l’adhésion de la majorité à l’idéal d’une « nation arc-en-ciel ». Le Mouvement de résistance afrikaner (AWB), qui avait organisé de nombreux attentats meurtriers dans les années 1990 pour empêcher la chute de l’apartheid, est monté au créneau, ressuscitant le mythe d’un « swart gevaar » (« danger noir » en afrikaans, la langue des descendants des premiers colons européens), qui avait servi d’excuse au régime raciste pour mener ses politiques discriminatoires. « Nous encourageons nos membres à tuer leurs attaquants. Ils ne doivent vraiment pas hésiter parce qu’on en a marre de ces meurtres de Blancs par des Noirs », tonnait encore ce vendredi le secrétaire général de l’AWB, André Visagie, en marge des funérailles d’Eugène Terre’Blanche.

Ces funérailles ont en effet donné lieu à une véritable manifestation digne des temps de l’apartheid. Le cercueil du chef de l’AWB avait été recouvert d’un drapeau aux couleurs de la formation : une croix noire rappelant la swastika nazie, dans un cercle blanc sur fond rouge. Et la foule a entonné l’ancien hymne de l’Afrique du Sud, datant de l’époque de l’apartheid, alors que les véhicules de ses partisans ont fait flotter le drapeau du régime d’apartheid et ceux de l’AWB sur la route menant au cimetière familial.

Provocations de part et d’autre

Mêmes provocations racistes du côté des Noirs, notamment de la part de Julius Malema, chef du mouvement des jeunes du Congrès national africain (ANC, parti au pouvoir), qui a multiplié récemment les propos anti-blancs. Coutumier des déclarations souvent agressives et aux relents racistes, Julius Malema a franchi un nouveau pas en taxant un journaliste de la radio britannique BBC de « salopard » doté d’une « tendance de Blanc (...) à attaquer les Noirs ». Julius Malema a également persisté à défendre une chanson héritée de la lutte anti-apartheid qui appelle à « tuer les Boers » (fermiers blancs) malgré une interdiction de la justice. Une attitude « regrettable et inacceptable », selon le président sud-africain Jacob Zuma, qui a annoncé cette semaine que le parti au pouvoir allait prendre des mesures contre le chef de son mouvement de jeunes. « La Ligue de la jeunesse n’est pas un organisme indépendant » et doit respecter la discipline et les valeurs de l’ANC, a déclaré Jacob Zuma dans un communiqué. Or, elle a adopté « un comportement et des propos complètements étrangers à la culture de l’ANC », qui prône l’égalité entre les sexes et les races, a-t-il jugé. Soufflant encore sur les braises, Julius Malema a aussi apporté son soutien au président zimbabwéen Robert Mugabe et à ses politiques anti-Blancs.

Le meurtre d’Eugène Terre’Blanche a donc ravivé les tensions raciales en Afrique du Sud, où la couleur de la peau reste un facteur de divisions. Ses deux assassins, dont un mineur de 15 ans, doivent comparaître mercredi devant le tribunal de Ventersdorp (nord-ouest). Un procès dont l’issue est capitale pour l’Afrique du Sud qui s’apprête à accueillir la Coupe du monde dans deux mois. Les autorités tentent de profiter de cette grand-messe sportive pour renforcer l’unité entre Noirs et Blancs dans un pays qui porte encore les séquelles de l’apartheid. Une mission difficile. Certes, l’AWB et ses satellites idéologiques ne peuvent prétendre, loin de là, avoir le soutien des trois millions de membres de la communauté afrikaner et encore moins du reste des Blancs sud-africains. Mais aujourd’hui, l’extrême droite retrouve l’un de ses ressorts fondamentaux, celui de la peur.

Abir Taleb

 




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