Grâce au retour à la Nature, Tony
Moros est sorti vainqueur de ses batailles contre
plusieurs maladies, comme le tétanos, la méningite et le
cancer de la vessie. Aujourd’hui, il est en bonne santé et
tente d’aider les autres à mener une vie plus saine.
L’art de
gérer sa santé !
De prime abord, Tony
Constantine Moros a l’air d’un homme comme tous les autres :
petit de taille, maigrichon, au visage un peu pâle mais aux
yeux pétillants. Ceux-ci miroitent un mélange d’intelligence,
de persévérance et de chagrin. Quand il commence à raconter
sa petite histoire, l’on voit tout de suite que c’est un
croyant qui a la force d’un « Lion », comme il se plaît à
qualifier son frère Spiros (décédé à New York à la suite
d’un cancer en 2002).
Grec d’Egypte, il a vécu
une enfance angoissée dans l’Interna. Il était toujours
malade, et par conséquent, il avait des problèmes scolaires
de base. Il n’avait personne pour s’occuper de lui. Et avoue
avoir réussi à l’école par pur hasard !
Mais à l’Université
catholique de Louvain en Belgique, Tony Moros était un des
premiers, empruntant sa volonté à son frère aîné Spiros et à
Nikos Kazantzakis, l’écrivain de Zorba le Grec. « Ce dernier
m’a donné envie de me battre et de gagner », dit-il.
Tony Moros, qui était
asthmatique, a souffert de plusieurs maladies graves. A 14
ans, il a eu une méningite. A 16 ans, il a eu l’hépatite. A
30 ans, il a eu le tétanos. Et à 45 ans, il a eu un cancer
de la vessie.
Pourtant, aujourd’hui, à
ses 56 ans, il a une santé robuste. Rien qu’un rhume, de
temps en temps. « Si je le veux, je ne tombe pas malade ».
Pour lui, l’affaire est simple, il suffit de ne pas faire de
bêtises. En général, c’est la règle, mais on peut toujours
avoir des exceptions.
Quand il a eu le tétanos,
Tony Moros a perdu 25 kilogrammes en 20 jours. A l’époque,
on laissait mourir le malade de tétanos, mais son frère
Spiros a essayé de trouver un moyen. « Si beaucoup de gens
sont guéris du tétanos en Grèce, c’est grâce à Spiros »,
dit-il.
Sa vie durant, il a appris
à faire confiance à la nature un peu plus qu’à la médecine.
« Mon père est mort à cause d’un cancer de la vessie. Il a
été mal traité, les médecins l’ont tué ». Mais Tony, qui a
eu le même genre de cancer, a décidé de se confier à la
nature et a refusé de se faire opérer, gérant sa maladie en
suivant un régime alimentaire et en opérant des prises de
sang régulières. « Après un an et demi, j’ai décidé de subir
une chirurgie en Allemagne et je n’ai même pas eu besoin de
suivre un traitement chimique », ajoute-t-il.
Spiros, son aîné de 9 ans,
continue à l’inspirer, bien que mort il y a quelques années.
En effet, il font partie d’une famille d’origine grecque, de
4 frères et une sœur, qui a subi tous les hauts et les bas
de la société égyptienne.
Son grand-père a d’abord
quitté la Grèce pour l’Angleterre, ensuite, il est accosté
en Egypte après avoir passé par la Turquie et la Syrie.
C’était un commerçant qui a perdu tous ses biens, car les
Frères musulmans ont incendié son dépôt. Son père et ses
oncles paternels ont ensuite fondé la première usine de
colle en Egypte, mais il était difficile pour eux de faire
fortune sous Nasser, qui avait accordé aux ouvriers un
statut privilégié, suivant les termes de Tony Moros. « Nous
avons vécu toute l’histoire du pays, Anouar Al-Sadate,
déguisé en chauffeur, pour fuir aux forces de l’ordre, avant
la Révolution, est venu plusieurs fois chez nous à l’usine.
Il ramenait les os d’animaux qu’on utilisait pour fabriquer
la colle », raconte Moros, ajoutant que sa famille a échappé
belle à la nationalisation pour la simple et bonne raison
que leur business « avait une mauvaise odeur ! ». Il
s’explique : « Les généraux qui sont venus nous nationaliser
ont remarqué qu’il y a trop d’odeurs nauséabondes ; ils ont
alors décidé de nous laisser tranquilles ! ». Tony Moros ne
cesse de passer d’une histoire à l’autre, évoquant par
exemple les jours où il a galéré avec son frère aîné : « On
dormait sur les ponts, voyageant en bateau pour aller en
Grèce ».
Et d’ajouter : « Spiros,
mon frère, est ce type d’homme que l’on ne peut oublier. Il
était curieux et clairvoyant. Avant qu’il ne tombe malade,
il lisait beaucoup et faisait des expériences lui-même. A 15
ans, il avait commencé déjà à comprendre l’importance de la
nature ».
Le jour où Spiros s’est
rendu compte qu’il avait un cancer avancé de la peau et
qu’il attendait la mort dans 6 mois, il était très courageux
et a surmonté sa peur. Il a décidé de suivre un traitement
au Pays-Bas, encore en phase expérimentale. Durant les 3
mois suivants, les deux frères sont partis à la montagne en
Grèce où ils ont suivi un régime assez dur. Ils ne
mangeaient que du cru, ils buvaient beaucoup d’eau et
jouaient du sport tout en consommant un mélange de miel avec
de l’Aloès. Spiros s’occupait de son corps, se basant sur
ses connaissances, et appliquant ses théories.
« Le fait de cuire les
aliments les transforme complètement. L’homme, il y a 10 000
ans, ne mangeait que du cru. Spiros voulait éviter les
erreurs, car il était convaincu que la maladie est une
conséquence d’erreurs et d’ignorance, et qu’une personne
malade comme lui n’avait pas vraiment le temps de faire des
erreurs », indique-t-il.
Les 3 mois passés en
montagne étaient très durs. Le régime alimentaire que les
deux frères suivaient leur a fait perdre 10 kilogrammes
durant le premier mois. Le sommeil leur était difficile,
tout le mécanisme de leur corps a changé. Mais à leur
surprise, le cancer avancé de Spiros a reculé de 60 % durant
ces trois mois.
« Il espérait continuer à
obéir à la nature tout en gardant la possibilité de prendre
le médicament plus tard. Cependant, la doctoresse a refusé,
le considérant déjà comme un homme mort. Elle lui a dit :
Maintenant ou jamais, et il a dû suivre le traitement. Un
mois plus tard, le cancer était à zéro ! », dit-il.
Mais un an après, Spiros a
commencé à souffrir de nouveau, le traitement avait
bouleversé son système immunitaire jusqu’à son décès 5 ans
ultérieurement. Les 52 autres malades volontaires qui ont
pris ces mêmes injections, en test, sont tous morts quelques
mois après !
Cette expérience a appris à
Tony qu’il faut gérer sa santé, faire des plans à long et
court termes. Et pour guérir, il faut d’abord comprendre son
cas. Chose qu’il a faite pour vaincre son cancer de la
vessie. Il a par ailleurs créé, en l’an 2000 avec Spiros, la
Fondation Spiros C. Moros au Caire, précisément à Zamalek,
pour partager son expérience avec autrui. Une fondation non
lucrative qui n’accepte pas de fonds, ni égyptiens, ni
étrangers, et laquelle a traduit vers l’arabe 5 ouvrages
différents portant sur la nutrition et le cancer, l’immunité
et l’allaitement naturel. Un sixième livre sur l’importance
de l’eau est à paraître et sur lequel on tiendra un colloque
à Saqiet Al-Sawi, le 17 avril 2010. « On essaye de suivre
les conseils d’un livre donné, et si l’on juge utile, on
cherche à divulguer l’information en arabe », assure-t-il.
Tony insiste toujours que
la Fondation n’est pas une pharmacie, mais une institution
ayant pour but de guider les gens vers une vie plus saine.
Par exemple, si l’on découvre avoir un cancer, selon Moros,
il faut consulter la fondation à même de fournir des
informations honnêtes concernant le mode de nutrition
renforçant l’immunité.
Tony cultive actuellement,
dans sa ferme bio, une plante qui s’appelle Plantago, sur
250 m2 à titre expérimental. Cette plante aide beaucoup les
asthmatiques, selon ses dires. « Je l’ai utilisée avec ma
petite-fille de 8 ans. Elle est asthmatique dès sa
naissance. Elle était tout le temps malade, maintenant c’est
fini », assure-t-il. Le jus de cette plante, 3 fois par
jour, réduit remarquablement les crises d’asthme chez les
enfants, dit-il, ajoutant que la fondation compte distribuer
gratuitement cette plante pour en profiter.
« Je fais des miracles avec
ma mère, âgée de 94 ans, je l’aide à gérer ses misères ! »,
dit l’homme d’affaires, propriétaire d’une entreprise de
Plexiglas qui exporte 30 % de sa production, avec un
effectif de 500 personnes. A l’entendre parler, on est
projeté très loin du monde du business, se rappelant plutôt
l’adage du philosophe grec Aristote : « La santé est la
qualité la plus méritoire du corps ». Et à l’entendre jouer
au piano, on découvre son côté artiste répétant : « Les
moments d’inspiration sont courts ».
Pour lui, la musique est un
besoin. Quand son frère, Spiros, est mort, il a alors
composé un morceau, comme pour se soulager : « J’ai craché
ce morceau, j’ai fait le deuil de mon frère et je l’ai
terminé en sanglotant ». Tony Moros est fier d’avoir signé
plusieurs compositions qu’il a lui-même jouées au Palais de
Manesterli à Manial, à la Bibliotheca Alexandrina ou à
l’Opéra, où il a tenu gratuitement une soirée de gala à
l’anniversaire de Spiros, le 24 janvier 2006. « Je veux
faire une autre soirée le 24 janvier 2011 pour lui rendre un
dernier hommage ». Et enfin, quand les amis écoutent sa
musique, ils disent souvent qu’elle leur rappelle la musique
des films. Peut-être il exprime sa propre vie, rien qu’à
travers ses notes.
Dalia
Abdel-Salam