Pression
Les Etats-Unis semblent
déterminés à poursuivre leur bras de fer avec Benyamin
Netanyahu au lendemain d’une visite infructueuse à
Washington du premier ministre israélien, dans l’espoir
d’aboutir enfin à une relance du processus de paix.
Netanyahu a été incapable
d’apaiser son puissant allié, malgré trois jours
d’entretiens intensifs avec le président Barack Obama et
son équipe au complet. Jeudi, alors que s’achevait la
visite de Netanyahu, le secrétaire américain à la
Défense, Robert Gates, a répété que l’impasse entre
Israël et les Palestiniens sapait « les intérêts
américains en matière de sécurité nationale » dans la
région. Le vice-président américain, Joe Biden, avait
été le premier à invoquer l’argument, lors de sa visite
en Israël qui a mis le feu aux poudres il y a trois
semaines. Annoncer de nouvelles constructions juives à
Jérusalem-Est, avait-il déploré, affaiblit la
crédibilité des efforts américains pour la paix au
Proche-Orient et met en danger la tentative de
l’administration Obama pour regagner la confiance du
monde arabe.
Le président Obama aurait
soumis à Benyamin Netanyahu un document écrit, exigeant
notamment que ce dernier s’engage à ne pas reprendre la
colonisation en Cisjordanie en septembre à la fin d’un
moratoire partiel de 10 mois décrété pour la
construction de logements. Obama réclamerait également
un arrêt de la construction de logements dans les
quartiers israéliens à Jérusalem-Est, où les
Palestiniens veulent faire la capitale de leur futur
Etat. Sur ce point, Netanyahu a jusqu’à présent exclu
tout moratoire. Le président américain a également
insisté sur la nécessité de discuter de toutes les
questions-clés, notamment les frontières du futur Etat
palestinien alors que le premier ministre israélien
estime que la priorité doit être accordée aux
arrangements de sécurité que doivent fournir les
Palestiniens.
Jusqu’où peut aller cette
pression américaine ? Plusieurs commentateurs, aux
Etats-Unis et en Israël, ont suggéré que Washington
voulait pousser Benyamin Netanyahu à briser sa coalition
de droite actuelle au profit d’une entente avec sa
rivale centriste Tzipi Livni, chef du parti Kadima.
Poussé dans ses derniers retranchements à l’issue
d’entretiens houleux à la Maison Blanche, le premier
ministre israélien devra choisir entre la cohésion de sa
majorité de droite et les concessions pour la paix
demandées par Washington. En cédant aux exigences du
président Obama, Netanyahu provoquerait inéluctablement
l’implosion de sa coalition gouvernementale de droite.
Dans le cas contraire, les relations avec le grand allié
américain se détérioreraient, de même que le processus
de paix avec les Palestiniens, déjà en panne.