Cites. L’Egypte a réussi
à faire
valoir ses
arguments concernant le
crocodile du Nil
lors de la
réunion des pays signataires
de cette Convention
internationale
sur le commerce des
espèces
menacées. Focus.
Le
crocodile du Nil
passe de l’annexe I
à II
«
L’Egypte
est sortie
gagnante après un long marathon
et un travail dur.
Nous avons
rencontré au début des
oppositions de certains pays
tels
l’Indonésie et
l’Union
européenne. Leur
opposition était
basée sur
le manque
d’expérience égyptienne
dans
l’exécution de la convention de CITES », se
réjouit
Moustapha Fouda,
ancien
président du
secteur de la
biodiversité et des
réserves
naturelles au sein de
l’Agence
Egyptienne pour les Affaires de
l’Environnement (AEAE) et
président de la délégation
égyptienne
lors de la conférence de
la convention des Nations-Unies
sur le commerce international
des espèces de
faune et de
flore sauvages
menacées
d’extinction (CITES), qui a
achevé ses
travaux ce
25 mars 2010 à Doha, Qatar.
C’est
à
l’unanimité que
cette
conférence a voté la
proposition égyptienne de
transférer la population
du crocodile
du Nil de
l’annexe I (qui comprend
toutes les
espèces menacées
d’extinction et
dont le commerce
n’est
autorisé que
dans des conditions
exceptionnelles)
à l’annexe
II (qui comprend
toutes les
espèces qui ne
sont pas
nécessairement menacées
d’extinction,
mais dont
le commerce des spécimens
doit être
réglementé pour
éviter une
exploitation incompatible avec leur
survie).
«
Mais ils
ont changé
ce point de
vue après toutes les
discussions que
nous avons
entretenues
lors des séances de débat.
Nous y
avons expliqué le
programme de
suivi du
crocodile du Nil qui a
commencé il
y a deux ans. Il
s’agissait pour
nous de changer
l’idée déjà
prise sur
l’Egypte
selon laquelle
il y a des
abus et un non respect de la convention de la CITES
», renchérit
Moustapha
Fouda. Et de
préciser
: « Les différentes
parties étaient
d’accord
sur la situation dramatique
de plusieurs
espèces.
Mais je
dois
l’avouer, la CITES s’est
toujours
appuyée sur des analyses
scientifiques,
mais en fin
du compte,
ce sont
les discours
sociaux,
économiques ou
politiques qui
dominent
entre les pays.
Dès le
premier jour, les discussions
bilatérales commencent.
Dans
les couloirs, dans les
dîners, les
négociations parallèles
étaient
permanentes ».
Protégé et
élevé en ranch
Le crocodile
du Nil
a une
longue histoire. Il
était
respecté pour sa force et
considéré
comme l’un des
gardiens des
pharaons et des
prêtres de
l’Egypte antique. Vers
les années 1950,
cette
espèce a
été
pratiquement éradiquée
du Nil
égyptien. La construction du
Haut-Barrage d’Assouan
et la mise
en eau du
lac Nasser ont
donné au crocodile
du Nil une
seconde chance en
Egypte, et
dès les années 1970,
l’on a pu
observer irrégulièrement un
certain nombre de
ces crocodiles.
L’habitat à
la fois
vaste, éloigné
et hautement
productif
que représente le
lac Nasser a
rapidement
facilité une
réapparition de la population.
Mais
cela n’a
pas été sans
effets. «
C’est
depuis les années 1990
que les
crocodiles étaient
devenus un
élément commun
du paysage
biologique, et les
pêcheurs
ont commencé
à se
plaindre de leur
nombre trop
élevé. Raison pour
laquelle, en 2008,
l’Agence
égyptienne de l’environnement
a reconnu le
potentiel
du crocodile du Nil en
tant que
ressource
économique, et donc son
utilisation durable
comme
réponse aux revendications
de la communauté des
pêcheurs du
lac Nasser »,
affirme
Samer Al-Moufti,
secrétaire
général de l’association
Amoureux des
réserves
naturelles.
Des
mesures ont
été prises
ensuite pour
exécuter un
programme de
suivi du
crocodile en 2008. « La première année
a été très
réussie,
puisqu’elle a permis de
former le personnel, d’estimer
le nombre de la population, de
recueillir des indices
sur
l’abondance des crocodiles pour justifier la
poursuite de
l’action de
suivi, de se faire reconnaître
des utilisateurs et des
administrateurs des
ressources
naturelles du
lac Nasser, et
d’entamer
une collaboration avec les
spécialistes internationaux.
D’où la
création officielle de
l’Unité
égyptienne de gestion
du crocodile,
chargée de
superviser le suivi
futur de
l’espèce et des
activités annexes »,
indique
Fouda.
Le plan
égyptien
présenté à la
conférence se base
sur
l’élevage en ranch de crocodiles
venant
d’éclore dans la nature.
Tous les
crocodiles élevés en
ranch seront
marqués par des
étiquettes pour
l’inspection des carcasses et
des cuirs. Pour
ce
qui est du
commerce international, la délégation
égyptienne
à la conférence a
souligné
qu’il sera axé
sur les
peaux traitées et
sur les articles en
cuir. « A
cet égard,
nous avons
demandé
qu’un quota d’exportation
annuel de 750
peaux
d’animaux élevés en ranch
soit
accepté avec effet en
2013. Cela
permettrait
d’avoir amplement le
temps de procéder aux
opérations
d’élevage en ranch approuvées
pour constituer
un stock et
s’assurer que
durant
cette période,
aucun animal
ne sera
prélevé dans la nature
pour remplir le quota »,
précise
Fouda. Selon
lui, il
est attendu
qu’un
système de suivi de la
population de crocodiles ainsi
que des
programmes d’utilisation
se développent, et
que des
mesures soient
prises pour faire respecter la
réglementation et pour
que les
bénéfices tirés des
animaux
élevés en ranch soient
affectés à
la gestion de la
faune et de la
flore
sauvage ainsi
qu’aux populations locales.
Racha
Hanafi