Presse .
Alors
que les 300
journalistes poursuivent
leur sit-in pour protester
contre la
fermeture d’Islam Online,
la direction qatari a
annoncé le
renvoi du
cheikh
Youssef Qaradawi, PDG de
la fondation Al-Balagh
qui chapeaute le site.
Islam
Online reste
dans la
tourmente
La
crise d’Islam Online se
prolonge avec les 300
journalistes qui
poursuivent
leur sit-in pour protester
contre la décision de la
direction qatari de
fermer le site. La
fondation Al-Balagh,
propriétaire
du site, a
en effet
créé la surprise en annonçant
le renvoi
du cheikh
Youssef Al-Qaradawi,
PDG d’Islam Online, et
l’un de ses
fondateurs.
« C’est une
décision
désolante qui montre
que la direction
qatari est
prête à
tout pour s’accaparer le site »,
affirme
Nagwane Al-Chewal,
journaliste
du site.
Tout a
commencé il
y a deux
semaines, lorsque la
fondation Al-Balagh
a nommé une
nouvelle direction au Qatar qui a
affirmé vouloir
réformer le
contenu éditorial
du site Islam Online.
Mais ce
que
personne n’attendait,
c’est que
la première étape de
ce plan
était de fermer le bureau
du Caire
qui s’occupe de la
rédaction
du site depuis 10 ans.
Selon
certains observateurs,
cette situation
est due à
l’avènement d’un courant
dur au sein
d’Al-Balagh qui
considéra la
politique
du site comme non
conforme à
l’islam. Islam Online
traitait
tous les sujets, y
compris la
sexualité, d’un angle islamique.
La
popularité du site a
nettement
régressé depuis la
décision de
fermeture, passant de 130 000
visiteurs par jour à 30
000 seulement. Face
à cette
situation, les journalistes
ont demandé
le secours de
l’ancien PDG
d’Al-Balagh, le
cheikh Al-Qaradawi,
qui est
intervenu en
licenciant
Ibrahim Al-Ansari et Ali
Al-Emadi, les
deux
directeurs de la fondation.
En outre,
il a
promis aux journalistes
de reprendre
leur travail.
Mais face à
ces
décisions, la réponse
du
gouvernement
qatari a
été brutale.
En tant
qu’instance responsable
des associations, le ministère
qatari
des Affaires sociales a
destitué Al-Qaradawi.
Les
journalistes du site au
Caire
dénoncent le licenciement
d’Al-Qaradawi
et ont
décidé de se
solidariser avec
lui. Une
nouvelle initiative
baptisée
: « Médias de la nation
». Il s’agit
d’un site alternatif
à Islam Online,
basé sur
la modération
religieuse.
Nagwane Al-Chewal,
directrice des
programmes
culturels du site,
explique
qu’il s’agira
d’une
société actionnaire
dont la
souscription sera ouverte
à tous
ceux qui
veulent soutenir
un islam
modéré et
tolérant. « Le développement
des événements,
à commencer par
l’ingérence
dans le contenu
rédactionnel
du site, la
fermeture de nos
locaux au
Caire et le licenciement
du cheikh
Al-Qaradawi pour la simple
raison qu’il
nous a
soutenus, montre
que c’est
le contenu de
notre site qui
était visé.
C’est
pourquoi
nous lançons
cette initiative »,
indique
Nagwane. « Il
ne s’agit
pas seulement d’un
problème financier. Le
véritable combat
est
entre deux
courants et non
entre un personnel et
sa direction.
Si on ne
peut pas
récupérer notre site, on
œuvrera par
d’autres moyens pour
poursuivre
notre mission, celle qui
consiste à
répandre un
islam tolérant et
modéré »,
estime Fathi
Abou-Hatab,
journaliste au site. Un
licenciement qui a
foudroyé les
journalistes, qui
ont réalisé
que le site
était tombé
dans les mains des
Qataris. Le
cheikh Youssef Al-Qaradawi
s’est
abstenu de commenter la décision
du
ministère
qatari des Affaires
sociales de le démettre
de son poste
comme PDG de la
fondation Al-Balagh.
Il a envoyé un message aux
travailleurs
à Islam Online les
remerciant pour
leurs efforts et a
affirmé que,
face à
cette récente
crise, il
a vainement fait de son
mieux pour
sauver le site.
Manipulation qatari
Depuis
jeudi, des
négociations sont en
cours entre
les avocats des
journalistes
et ceux de la direction
pour mettre un
terme à
cette crise.
Mais
jusqu’à
présent, ces efforts
ont été
voués à
l’échec. La
fondation Al-Balagh
avait
pourtant promis de
régler la
crise des journalistes.
Dans des
déclarations à la
chaîne
qatari, Al-Jazeera,
Ibrahim Al-Ansari,
le nouveau PDG, a déclaré
que les
salaires du
mois de mars
ainsi qu’un
dédommagement de six
mois et un
mois pour chaque
année
d’expérience seront
versés à
l’équipe
d’Islam Online au Caire.
Il a ajouté
que ceux
qui souhaitent continuer
à
travailler pouvaient se
porter candidats.
Toutefois,
l’avocat d’Al-Balagh
affirme,
lui, que les
salaires et
les droits financiers
du personnel
ne seront
pas versés
avant qu’ils
ne
présentent une
démission collective et
quittent le
bâtiment. Affaire rejetée
par l’avocat des
journalistes,
Yasser
Fathi, qui a trouvé
dans cette
condition imposée
une manipulation
qatari
visant à
renvoyer les
journalistes
égyptiens sans
règlement financier.
« J’ai déjà
reçu des affirmations de la part
du vice-PDG
d’Al-Balagh sur le
règlement des
droits des
travailleurs, mais
ce paradoxe
entre les
déclarations et les actes
complique la situation.
Nous
ne
resterons pas les bras croisés,
nous aurons
recours aux plus
hautes institutions
judiciaires. La
loi
organise les relations du
travail et
l’affaire ne
dépend pas de la
générosité des
Qataris
comme ils le
croient »,
affirme Fathi.
Sous
la pression,
certains
journalistes ont
dû
présenter leur
démission.
D’autres
refusent et
poursuivent
leur mouvement de
protestation.
May Al-Maghrabi