Consommation.
Depuis
quelques jours, les prix
des viandes rouges, déjà
élevés pour
un salaire
moyen,
s’emballent. La hausse
varie entre
5 et 20 L.E. pour le kilo,
selon les
quartiers.
Mauvais
sang autour de la
viande
Les prix des
viandes rouges
flambent
depuis deux
semaines.
Dans les
quartiers
populaires, le kilo est
passé subitement de 42
à 50 L.E.
tandis que
dans les
quartiers chic comme
Héliopolis, le prix a
culminé à
80 L.E. pour un kilo de viande.
Un record.
Cette hausse a
mécontenté des
citoyens qui, déjà,
ont de plus en plus
de difficulté
à acheter
de la viande.
En effet, le
prix n’a
cessé de grimper, passant
de 20 à 60 L.E. en
l’espace de
quelques années.
Et même
sans cette
dernière hausse, les prix
des viandes
sont trop élevés par
rapport à la
moyenne des
salaires. « Avant
cette
hausse, j’avais
l’habitude
d’acheter un kilo par
mois,
maintenant, mes
revenus ne
me permettent
d’acheter
que quelques
grammes », se plaint
Sayed Hafez,
employé au
ministère des Transports.
Pourquoi donc
cette
hausse
subite ?
Selon les
responsables au ministère
de l’Agriculture,
elle
est due
à «
l’avidité des bouchers ».
« Cette
hausse est
l’œuvre des
bouchers et des éleveurs
qui ont
augmenté les prix sans raisons
valables », a déclaré le
ministre de
l’Agriculture Amin
Abaza.
Abaza a soutenu
l’appel
lancé par certaines
organisations non
gouvernementales pour boycotter
la viande.
Et il a
demandé aux
citoyens d’acheter des
volailles et
du poisson
pour lutter
contre l’avidité des
marchands de
viande. Pour
ces
derniers, la hausse
est
due à
d’autres facteurs.
« Les paysans
ne veulent
plus élever les
animaux.
Depuis
quelque temps,
ils
préfèrent vendre les
petits
buffles. D’une part,
ils
sont plus
chers et d’autre part,
ils
réduisent les frais de
l’élevage »,
explique
Salah Ramadan, boucher
dans le
quartier de Choubra.
Depuis
quelques mois, les prix
du buffle
sont passés
de 10 000 à 15 000 L.E. La
hausse des prix a
eu des
effets négatifs
sur les
bouchers tout
comme les
citoyens. «
Lorsque les prix augmentent,
les ventes
baissent. Le client a
tendance à
marchander pour essayer de
diminuer le prix,
et à
la fin, il
ne prend
qu’un demi-kilo
et parfois
rien du tout.
Donc, moi
aussi, en
tant que
boucher,
je suis
affecté. Je
paie les
salaires des ouvriers, le
loyer du
magasin, les factures
d’eau et
d’électricité et
mes revenus
ont baissé
», explique
Salah. Il
affirme
qu’il va
fermer son
magasin pendant un mois.
De
leur côté,
les éleveurs
estiment
que les frais
du fourrage
des animaux
sont devenus
très élevés,
surtout après la
privatisation par le
gouvernement des
usines de production
du fourrage. « Nous
n’arrivons plus
à nourrir
nos enfants.
Comment va-t-on
nourrir les
animaux
? », explique
Mahmoud
Khafagi, un
ancien
éleveur. Des
bouchers
mécontents et des
éleveurs qui
s’estiment
lésés. Quelle
est donc
la solution ?
Selon un
ancien
responsable au ministère
de l’Agriculture,
donner des
emprunts aux éleveurs
pour les encourager à
élever du
bétail
n’est pas une
bonne solution. «
Nous devons
prendre des
mesures très
strictes pour
interdire la
vente et
l’abattage des petits
buffles et des
bufflesses et
prévoir des sanctions
sévères à
l’encontre des
éleveurs qui
ne
respectent pas cette
décision. Il
faut aussi
encourager le paysan
à élever
le bétail en
lui
fournissant le fourrage
à des prix
convenables au lieu de lui
donner des
emprunts. Il faut
lui donner
des produits pour
être sûrs
qu’il va
élever des
animaux et non pas prendre
l’argent pour le
dépenser
dans d’autres
domaines »,
explique cet
ancien
responsable au ministère
de l’Agriculture.
Il ajoute
qu’au temps de
l’ancien
ministre Youssef
Wali, le
projet d’élevage de
petits
buffles était
une grande
réussite, et
c’est pour
cela, selon
lui, que
les prix des viandes
n’ont pas
augmenté à
l’époque où
ce projet
était en
vigueur.
De
leur côté,
les responsables au
ministère de
l’Agriculture
envisagent
plusieurs solutions. « L’une
d’elles
consiste à accorder des
emprunts avec beaucoup de
facilités aux
éleveurs pour les inciter
à élever
les petits
buffles et, par la suite,
augmenter la production », affirme
Tewfiq
Chalabi, chef du
secteur de la production
animalière au
ministère de
l’Agriculture. Le
ministre de
l’Agriculture a aussi
autorisé à
certaines
sociétés privées
d’importer plus de 60 000
têtes de
bétail et 44 000 tonnes
de viande
congelée pour augmenter l’offre
sur le
marché et réaliser un
certain équilibre.
D’autre part, le
Conseil des
ministres doit se
réunir
cette semaine pour
discuter de
l’affaire et mettre un
plan national pour contrôler le
marché de la
viande et accorder des
facilités aux
éleveurs.
Sabah Sabet