Al-Ahram Hebdo, Dossier | Au cœur de la nature et des traditions
  Président Abdel-Moneim Saïd
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 31 mars au 6 avril 2010, numéro 812

 

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Dossier

Nubie. A Assouan, de l’autre côté du Nil, Gharb Soheil est un village d’un esprit et d’une population tout particuliers. Avec ses spécificités naturelles et culturelles, il devient un ami des touristes qui jouissent de sa beauté et de la vie quotidienne sous les toits des maisons qui semblent sortir de l’Histoire.

Au cœur de la nature et des traditions

Malika, Al-Beit beitak, ou ana kato, qui veut dire en nubien « c’est notre maison », des noms affichés en couleurs vives sur les façades des maisons de ce village, Gharb Soheil, à 15 km de la ville d’Assouan. A l’autre bord du Nil, au nord du Barrage d’Assouan et en face de l’île de Soheil, se situe ce lieu authentique qui vous donne l’impression de vous être introduit au cœur de l’ancienne Nubie. Le Nil, le soleil, des maisons d’archétypes nubiens, des étalages multicolores exposant des épices, des accessoires, des paniers, des tapis, d’encens ou des fabrications en ivoire, spécialité nubienne ou soudanaise, constituent le décor d’un des plus anciens villages nubiens qui garde toujours une forte identité culturelle. Ici, loin des voitures et du brouhaha de la ville d’Assouan, des hommes et femmes aux visages qui semblent brûlés par le soleil sont à l’accueil des visiteurs avec un sourire et une générosité fascinante. Ils ont réalisé que les touristes admirent leur patrimoine, leur vie quotidienne et leur culture, alors, ils ont fait de leur accueil un gagne-pain et un moyen d’améliorer leurs conditions de vie.

Dans les maisons bien aérées, d’une architecture et couleurs très riches prises de la nature, les visiteurs jouissent de ce décor authentique qui s’approfondit dans l’Histoire. Le tableau est splendide : un amalgame de couleurs, le jaune du désert, le bleu du ciel et le marron, couleur du limon du Nil. Des plafonds à la forme des voûtes, des sols en sable, des cours très vastes dont les murs sont recouverts de motifs colorés ou de dessins reflétant le quotidien nubien et des scènes de la vie auprès du Nil, 7 ou 8 pièces ornées de tableaux confectionnés de tiges des palmiers ou de noyaux de dattes, un chef-d’œuvre artistique qui sert de lieu de vivre. A la maison de Malika, qui porte le nom de la mère de famille morte, laissant au monde 5 filles qui prennent soin de préserver leur patrimoine et les présenter aux visiteurs du pays, la scène est impressionnante. Mona fait le tour de la maison aux touristes, le temps que Wessam leur prépare du thé à la menthe ou du karkadé (boisson fraîche composé de fleurs d’hibiscus bouillis), Malika dessine du henné à celles qui le demandent. Qamar, elle, prend soin des crocodiles ... et fait sortir le plus petit de son coffre pour le montrer aux visiteurs qui sont éblouis par cette relation entre les Nubiens et les crocodiles. Liés toujours à la nature et à la vie auprès du Nil, les Nubiens cohabitent avec les crocodiles, les élèvent et même les enfants savent bien les traiter, en évitant leur colère ou danger. Ils leur présentent des poissons ou de la viande pour manger et n’oublient pas de ne pas presser leurs corps pour ne pas les énerver.

Un flash-back réel

Une visite au cœur du patrimoine et de la culture nubienne l’on invite aussi les touristes à assister à une scène de danse nubienne aux rythmes de l’artiste du village Mohamad Al-Yazbi, qui présente des extraits de chansons de la culture de ses ancêtres. Un festival artistique et culturel les traditions des célébrations des noces se mêlent aux odeurs des narguilés ou des boissons et repas nubiens pour former une ambiance extraordinaire et tant de saveurs. D’autres maisons se transforment en de fabriques des produits artisanaux de spécialité. Des productions qui servent de beaux cadeaux ou souvenirs d’un peuple ayant une particularité et qui perdure à la préserver. De la maison de Malika à celle de Nasser, passant par celle de Yéhia, le sentiment de creuser dans l’Histoire s’amplifie. Ce dernier, d’une quarantaine d’années, guide touristique, raconte aux visiteurs des extraits de l’histoire de l’ancienne Nubie tout en leur montrant les différentes pièces et les ornements de la maison de sa famille datant de plus de 100 ans. Yéhia est le premier à emmener des groupes de touristes à son village. Une expérience qui a porté ses fruits dans le village, devenu l’un des importants sites d’Assouan.

Fou amoureux de ses racines et de sa société dont il admire la particularité et le mode de vie, il a construit le premier hôtel dans le village, à l’architecture nubienne. D’une très belle vue sur le Nil et sur des échelons montagneux, le touriste peut y jouir quelques jours, aux bras de la belle nature vierge, du paysage splendide, et se permettre de goûter la vie quotidienne des Nubiens, amateurs de la nature. Ana Kato est le nom de l’hôtel qui ouvre ses portes aux visiteurs du village qui ne veulent pas le faire en passage. De petites embarcations et des dromadaires sont au service des touristes pour se déplacer et plonger au cœur de la splendide nature.

Un nouveau genre de tourisme qui attire de plus en plus des adeptes, saturés de la visite des monuments et s’intéressent plus à la nature et au patrimoine humain.

4 000 touristes fréquentent quotidiennement ce village pas comme les autres. Des touristes traversent le Nil aux bords des bateaux qui les débarquent au sable de la terre de Barbar, ils rendent visite au village nubien à dos de dromadaires. habitent 10 000 et 750 personnes dont 90 % sont des Nubiens et 10 % des Saïdis (habitants de la Haute-Egypte) qui y sont venus lors de la construction du Haut-Barrage et du réservoir d’Assouan et se sont intégrés dans la société nubienne. Un village qui date de plus de 100 ans, au moment de la construction du réservoir d’Assouan. Ses premiers habitants sont ceux des îles situées au sud du réservoir qui ont été déplacés pour s’installer dans cette région, en face de l’île de Soheil. Au début, ils étaient des commerçants ou des pêcheurs qui cherchent leur gagne-pain dans les eaux du Nil, jusqu’au jour ils ont découvert le tourisme qui constitue aujourd’hui le revenu essentiel du village.

Et bien que 60 % des Nubiens ouvrent leurs portes aux touristes et que le village figure aujourd’hui dans les programmes de visites de la ville d’Assouan comme un site essentiel, il souffre du manque d’un système de drainage sanitaire. Un problème qui empoisonne la vie paisible des habitants de Gharb Soheil. Plusieurs projets ont été prévus pour intégrer le service au sein du village mais, comme l’explique Nasser, ils ne voient jamais le jour. Des promesses du gouverneur d’Assouan d’introduire le système des égouts et de développer les routes du village touristique sont toujours en suspens.

Et les habitants, qui tiennent à présenter aux touristes les beautés et les spécialités de leur quotidien, ressentent la honte d’être obligés, parfois, de verser l’eau usée dans le fleuve qu’ils considèrent source de vie et de prospérité.

Doaa Khalifa

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