Politique.
Al-Baradei, un citoyen normal ou un phénomène ? Une question
qui intéresse plusieurs de nos lecteurs.
Un
accueil chaleureux
Le
vendredi 19 février, l’aéroport du Caire a connu l’accueil
d’une personnalité qui a beaucoup occupé l’opinion publique,
surtout ces derniers mois.
C’est
l’ancien directeur de l’Agence Internationale de l’Energie
Atomique (AIEA) et prix Nobel de la paix 2005, Mohamad Al-Baradei.
Des centaines de citoyens de tout le pays et de différents
courants politiques et culturels sont venus pour
l’accueillir les drapeaux à la main. Des jeunes hommes et
filles chantaient l’hymne national. En fait, tous ces gens
qui attendaient l’arrivée d’Al-Baradei et des milliers
d’autres qui n’ont pas pu venir trouvent en cette
personnalité un instrument de changement de la situation en
Egypte. Al-Baradei a donné l’espoir à des milliers
d’Egyptiens lorsqu’il a annoncé qu’il va déployer beaucoup
d’efforts pour que l’Egypte avance vers la démocratie et le
progrès économique et social. Aussi, il n’a pas nié son
intention de se présenter aux prochaines élections
présidentielles. Mais certainement, plusieurs obstacles
attendent Al-Baradei dont l’essentiel est la Constitution
qui ne permet pas aux indépendants de se présenter comme
candidats aux élections présidentielles. Donc, il ne faut
pas mettre tous nos espérances sur une seule personne. Al-Baradei,
même s’il possède des capacités qui lui permettent de
participer à la réforme, n’a pas le bâton magique pour
changer des situations qui datent depuis une cinquantaine
d’années. Al-Baradei lui-même sait bien qu’il va affronter
tant de difficultés pour réaliser ses objectifs.
Ahmad
Gamal,
Le Caire.
La
musique, un moyen d’épanouissement
J’ai été
à l’Opéra la semaine dernière avec une de mes amies qui y a
inscrit ses deux filles pour s’entraîner sur les instruments
de musique. J’étais très heureuse de voir de petits enfants,
des jeunes filles et garçons de 20 ans. Ils ont l’air
heureux et souriants. En leur parlant, j’ai constaté que
certains enfants sont stimulés par la musique qui les
encourage à être bien dans leur peau, dans leurs études,
dans leur vie sociale. Je conseille tous les parents de
penser à inscrire leurs enfants aux cours de musique. Ce qui
renforce cette idée, c’est la visite d’un célèbre musicien
français qui joue de la guitare en Egypte. Il est venu pour
donner des galas en faveur des enfants de la rue. Il fera
une tournée dans certains pays arabes, dont la Palestine
aussi, en faveur des enfants. Ce musicien ne recevra aucun
sou de ces galas. Sa satisfaction est de voir la joie se
dessiner sur les visages des enfants. Je crois que la
musique est un élément essentiel dans l’épanouissement de la
personnalité.
Mona
Hussein,
Le Caire.
Une
corruption croissante
Dernièrement, la presse et les différents médias ont révélé
des affaires de corruption concernant deux responsables
gouvernementaux et les deux sont des ministres dont l’un est
un ex-ministre. Mohamad Ibrahim Solimane, ex-ministre de
Logement, est accusé d’avoir profité de son poste pour
réaliser des intérêts personnels, en possédant et achetant
des terrains dans les nouvelles villes pour ses enfants.
L’autre cas est le ministre des Finances, Youssef
Boutros-Ghali. Ce dernier a refusé dernièrement d’allouer
une somme supplémentaire pour le traitement aux frais de
l’Etat pour les gens qui n’ont pas les moyens, sous prétexte
qu’il existe une exagération dans ces frais. Mais la grande
surprise est que le ministre lui-même est parti à l’étranger
pour des soins, dont le coût est de 1 million de L.E. aux
frais de la princesse. Plus que ça, et ce qui est étonnant,
c’est que le premier ministre a approuvé la demande de Ghali.
Tout est permis pour les responsables et tout est interdit
pour les autres citoyens. Le responsable a le droit de faire
tout ce qu’il veut et il prend tout ce qu’il veut sans être
interrogé. Il faut que le pouvoir choisisse bien les hommes
honnêtes qui puissent rendre aux citoyens leurs droits et
pas les voler ou les exploiter.
Hussein Kamal,
Alexandrie.
La
conscience
Je ne
serai pas choquée si on ne trouve plus ce mot dans les pages
d’un nouveau dictionnaire, notamment si ce dictionnaire est
d’origine égyptienne.
Commençons tout d’abord par définir ce mot dont il existe
encore une bonne partie de gens qui ignorent le sens, j’en
suis sûre.
La
conscience est ce pouvoir natif chez l’homme de distinguer
entre le bien et le mal ... elle joue un rôle autoritaire
sur les actions de l’homme et le dirige vers le bon chemin.
Croyez-vous, chers lecteurs, que si chacun de nous possédait
encore ce parfait mécanisme ... il existerait encore le
professeur qui tyrannise ses élèves pour les obliger à
demander secours ? Existerait-il des responsables qui osent
dormir le soir sans accomplir leurs devoirs ? Y aurait-il
encore ce système de gratification ? Ces plans d’avanie et
de vexation ?
Si
chacun de nous avait conscience dans son métier, conscience
dans ses responsabilités, je vous jure qu’il n’y aurait ni
gens abusés, ni victimes d’injustice ni compétences perdues
... chacun ferait son devoir, et en face, il recevrait son
droit dans un pays où tout le monde possédait une conscience
encore vivante, encore palpitante.
Cela
serait-il un jour une réalité ou justement un rêve exagéré ?
Rohanda Hamed,
Alexandrie.
Souvenir de l’homme océan
Qui,
d’entre nous, n’a pas été fasciné par Les Misérables, ce
roman qui a si bien dévoilé les malheurs de la couche
modeste de la société négligée dans le Paris du XIXe siècle,
voire aux quatre coins du monde. Et qui d’entre nous n’a pas
été séduit, dès les premières pages, par les personnages de
Notre-Dame de Paris : le fol amour de Quasimodo et de Frollo
pour Esméralda, l’Egyptienne innocente. Mes chers lecteurs,
je vous parle des chefs-d’œuvre d’un écrivain inclassable
qui occupe une place prépondérante dans la littérature
mondiale ! Il s’agit d’un homme immortalisé et toujours
glorifié par ses romans impressionnants et sa poésie
captivante à travers les siècles. C’est Victor Hugo, l’homme
océan dont la date d’anniversaire est le 26 février. On peut
dire qu’Hugo était, comme tous les grands de son époque, un
homme à plusieurs talents. Il était un poète brillant,
romancier et dramaturge exceptionnel, peintre rêveur et, au
bout du compte, un politicien brave et fidèle qui ne
redoutait ni l’exil ni la prison lorsqu’il s’est agi de la
défense de ses idées. C’est lui qui a dit un jour : « Ceux
qui vivent, ce sont ceux qui luttent ».
La
poésie d’Hugo, c’est comme un jardin vaste et fructueux.
Ceux qui adorent la nature et connaissent bien les valeurs
de l’amour et la beauté doivent lire Les Contemplations
ainsi que Les Orientales. Et ceux qui désirent explorer de
près l’histoire moderne de la France, pleine d’événements
décisifs, vont lire Les Feuilles d’automne et L’Année
terrible. Pour ma part, j’ai beaucoup aimé la Légende des
siècles, dans laquelle notre poète dessine une série
d’aventures humaines où se mêlent des scènes du passé, du
présent et du futur. Au fond, la grande estime pour Hugo
remonte non seulement à sa production littéraire
éblouissante, mais aussi à son rôle en tant qu’homme d’Etat,
après avoir participé, indubitablement, à la création de la
troisième République et après avoir défendu les principes de
la démocratie en France.
Enfin,
j’aimerais conclure mon message avec ces quatre premiers
vers d’un poème extrait du recueil Odes et Ballades, où
Victor Hugo loue Dieu par les plus beaux mots :
Gloire à
Dieu seul ! Son nom rayonne en ses ouvrages !
Il porte
dans sa main l’univers réuni,
Il mit
l’éternité par-delà tous les âges,
Par-delà
tous les cieux il jeta l’infini.
Saleh
Karam Saleh,
Le Caire.