Al-Ahram Hebdo, Enquête | Une hausse des prix se fait sentir
  Président Abdel-Moneim Saïd
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 17 au 23 mars 2010, numéro 810

 

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Enquête

Gasoil . Très utilisé dans les transports et les boulangeries du pays, la pénurie actuelle conduit à se poser des questions sur l’avenir des subventions dont bénéficie ce carburant. Eléments de réponse.

Une hausse des prix se fait sentir

Quel sera l’avenir des subventions à l’énergie ? Une question qui se pose dès qu’une pénurie d’un produit pétrolier sur le marché égyptien apparaît, mais à laquelle personne ne donne jamais de réponse claire. Cette fois, c’est le manque de gasoil depuis le début du mois qui anime les discussions, alimentées par la mort d’un homme lors d’une bagarre dans une station-service. Dans celles-ci, des microbus, camions, toc-tocs et quelques véhicules particuliers font des queues interminables pour obtenir quelques litres de gasoil. « On nous donne seulement quelques litres », se plaignent les chauffeurs devant une station de Bachtil, près du Caire. Cette pénurie et les rumeurs de hausse prochaine des prix qui l’ont accompagnée ont créé un marché noir du gasoil : il se vend maintenant entre 24 et 35 L.E. le bidon de 20 litres, alors qu’officiellement, son prix est de 22 L.E.

Mais quelle est l’origine de cette crise ? Les responsables du ministère du Pétrole assurent que les quantités disponibles sur le marché n’ont pas diminué et accusent les propriétaires des stations d’essence de provoquer la crise. Ceux-ci, de leur part, assurent que les quantités de gasoil reçues ont baissé. « Pendant deux jours, nous n’avons pas reçu une goutte de gasoil. Là, on obtient 20 000 litres par jour au lieu de 30 000 normalement », explique le directeur de la station Misr pour le pétrole.

L’effet de cette courte crise sur l’économie et les ménages n’a pas été négligeable avec les prix des moyens de transport qui ont augmenté. « On a dû augmenter les prix au client, on ne peut pas endosser la hausse que les stations nous imposent », explique un chauffeur de camion. Les chauffeurs de microbus ont fait de même. Certaines usines et boulangeries, consommatrices de gasoil, ont recouru au chômage technique dans certains cas.

Cette crise du gasoil n’est pas la première en son genre. Il y a quelques semaines, le marché égyptien a connu une pénurie plus grave des bonbonnes de gaz, elles aussi subventionnées. Leurs prix sont passés de quelque 5 L.E. à 70 L.E. dans certains quartiers et des bagarres ont fait plusieurs blessés. De tels incidents sont souvent accompagnés de rumeurs autour d’une prochaine hausse des prix, qui se sont révélées exactes sur plusieurs produits subventionnés ou monopolisés par l’Etat. Des déclarations du ministre du Développement économique, Osmane Mohamad Osmane, il y a quelques jours, favorisent les prévisions d’une proche hausse des prix, contrairement au discours de plusieurs responsables du gouvernement depuis le début de la crise économique. « Les améliorations introduites depuis 2004 dans le système des subventions ont été timides. Nous serons plus courageux à l’avenir. Nous ne nous attendons pas à deux prochaines années exceptionnelles », a par exemple affirmé le ministre en faisant allusion aux élections législatives qui auront lieu en 2010 et aux présidentielles en 2011. Il a ainsi prévu que le gouvernement pourra commencer à changer avant 2011 le système de subvention actuel par une aide mensuelle en espèce aux plus pauvres. Un système qui pourrait réduire les subventions des deux tiers environ. Mohamad Farid Khamis, président du comité de l’énergie au Conseil consultatif, et Mohamad Aboul-Einein, président du Comité de l’industrie et de l’énergie au Parlement, tous deux membres du Parti National Démocrate (PND, au pouvoir), sont pour une révision du système des subventions afin qu’elles bénéficient davantage aux pauvres. Cependant, Aboul-Einein exclut une hausse des prix des produits subventionnés dans l’année en cours et estime qu’il est possible d’y procéder en 2011. « Il faut d’abord commencer par sensibiliser les citoyens et étudier les alternatives. Une large tranche de la société pourra être affectée par une telle décision sur le court et moyen terme », explique-t-il. Aboul-Einein estime aussi qu’il serait plus facile de diminuer ou de changer le système de subvention des denrées alimentaires comme le sucre, le riz, ou l’huile. « Les subventions sur le gasoil et le butane ne peuvent diminuer que graduellement, cela prendra du temps. Il est très difficile de les supprimer tout de suite », annonce-t-il. 

Solution idéale

En fait, suite à la crise économique mondiale, le gouvernement a suspendu depuis la fin 2009 son plan de diminution des subventions à l’énergie qu’il avait entamé en 2004, après environ 14 années lors desquelles les prix n’avaient pas bougé. Mais les pressions budgétaires qui ont accompagné la crise ont été fortes, ce qui a incité le gouvernement à changer d’avis. Ainsi le déficit budgétaire devrait atteindre 8,4 % du PIB en 2009/2010, contre 6,9 % en 2008/2009. Cela malgré la baisse des subventions à l’énergie en conséquence de celle des prix internationaux du pétrole. Mais les revenus étatiques ont eux aussi baissé. Alors pour le gouvernement, diminuer les subventions à l’énergie semble être la solution idéale pour lutter contre le creusement du déficit budgétaire. Dans ce contexte, le gasoil et le butane semblent les plus visés, car il s’agit des produits pétroliers les plus subventionnés. Ainsi, une hausse de leur prix aura un effet plus patent sur le déficit budgétaire, si l’on sait qu’avec 23,5 milliards de L.E. en 2008/2009, le gasoil s’accapare d’environ 40 % des subventions à l’énergie. Il est suivi par le butagaz qui a absorbé 11,1 milliards de L.E. au cours du même exercice. Or, malgré les déclarations du ministre du Développement économique, certains ont des doutes que le gouvernement prenne une telle décision dans une année d’élections. « Toute décision qui pourra provoquer des problèmes ne sera pas prise tout de suite à cause des élections. Le diesel touche tout le secteur du transport, une hausse de son prix pourra générer une forte colère sociale. Je ne crois pas qu’une telle décision sera prise avant les élections », estime Abdallah Chéhata, professeur d’économie à l’Université du Caire.

Une hausse du prix du gasoil aura un effet décisif sur l’inflation, car elle provoquera une hausse du prix des transports et donc celui des produits alimentaires. Et selon une étude du Centre des études économiques, les effets d’une hausse du gasoil sur le transport sont deux fois plus importants que ceux d’une hausse du prix de l’essence. En 2004 et 2005, quand le gouvernement a procédé à des hausses générales des prix des carburants, l’inflation a considérablement augmenté, pour atteindre près de 18 % en 2005. Il en a été de même en mai 2008 et rien n’empêche que le même scénario se répète à nouveau. Avec l’approche des élections, le gouvernement sera vigilant, mais la hausse des prix des carburants restera dans l’air.

Marwa Hussein 

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