Football.
Malgré sa
défaite
contre l’Angleterre, la
sélection
égyptienne a eu
tous les
honneurs du public
égyptien à
Londres et de la
presse
britannique, mais son
niveau
faible en seconde
période a
soulevé des questions. Analyse.
La
leçon de
Wembley
Tout
le monde tenait
à rester
dans les
gradins après la fin de la
rencontre afin de
saluer
l’équipe.
Malgré la
défaite (1-3) et sous
une
température de -1°C, les
spectateurs égyptiens
n’ont pas
cessé d’interpeller les
joueurs, de les
applaudir,
alors que la
plupart des supporters
anglais
avaient quitté les
tribunes pour essayer de fuir
les embouteillages
que devait
provoquer la sortie de
quelque 80 000
spectateurs
du plus grand stade
du
Royaume-Uni. Les 20 000
Egyptiens venus des
quatre coins de la
Grande-Bretagne, d’Europe, de
l’Egypte ou
même des
Etats-Unis ou
d’Australie pour
voir leur
équipe se
mesurer contre
l’une des plus
grandes formations
du moment
sont sortis
satisfaits. «
Nous sommes
venus
dans 5 bus de France,
raconte Ahmad
Seddiq, qui
vit à Paris.
J’ai dû
prendre 3
jours de congé,
mais après la
victoire de
l’Egypte à la CAN pour la
troisième
fois consécutive,
je devais
venir
rendre hommage aux
joueurs. La
défaite
aujourd’hui ?
Je
m’en fous
». Pour Ilham, qui
faisait
partie d’un grand groupe
de jeunes qui
tenaient des
pancartes
sur lesquelles
était écrit
« ElBaradei
président », l’Egypte
n’a pas mal
joué. « Nous
avons même
humilié les
Anglais en première mi-temps ».
La
sélection
égyptienne a en effet
prouvé,
lors de la première moitié
du match à
Wembley où
elle mena
1-0, qu’il
lui manquait
peu de
choses pour atteindre le
meilleur
niveau mondial. La
presse
britannique a salué, le
lendemain
du match, le courage, la discipline
et le jeu
des Pharaons.
Pour
l’Italien Fabio
Capello,
sélectionneur de l’Angleterre,
l’Egypte
reste la meilleure
sélection
africaine et «
sa force
réside dans le fait
qu’elle a un
jeu très
organisé et
très collectif. Les
joueurs
sont très
disciplinés
sur le terrain et
il est
très
difficile de les faire bouger
de leur position.
C’est pour
cela
qu’elle est
supérieure aux
équipes de
l’Afrique noire qui possèdent,
elles, des
joueurs très
rapides, forts et
parfois plus techniques. En
seconde
période, ils
ont dû
nous battre.
Les Egyptiens
ont couru
tellement en première mi-temps
qu’ils ont
dû baisser
les bras en seconde mi-temps ».
Mais
pourquoi
cette baisse de régime en
seconde mi-temps, se
demandaient
quelques journalistes
anglais après la
rencontre
?
Le match
était-il plus important pour les
Anglais qui
préparent le
Mondial
? Le sélectionneur
égyptien
n’a-t-il pas autorisé
trois de
ses joueurs
titulaires
à effectuer
une omra
à une
semaine de la
rencontre
? Les joueurs
anglais qui
jouent pour une place de
titulaires
à la Coupe du monde
étaient-ils plus
motivés que
les Egyptiens
fatigués après
une longue
CAN et qui seront absents
à la fête
sud-africaine
?
Une
équipe de
grande compétition
Cela
peut être
une partie
de la réponse.
L’autre
partie est
que les
Pharaons sont
une équipe
de grande
compétition : l’Egypte
n’a perdu
aucun match des 18
disputés
d’affilée lors des
trois
dernières CAN où
elle a
battu la Côte d’Ivoire et le
Cameroun à 3 reprises, en
inscrivant 13 buts et
n’encaissant
que 4. Lors
de la Coupe des confédération,
l’Egypte a fait
jeu égal
avec le Brésil
et a battu
l’Italie.
Alors
que lors
des matchs
éliminatoires, ou
amicaux,
elle souffre
parfois
contre les grandes
équipes et
parfois les petites.
Exemples
: l’élimination de la
Coupe du monde 2010 avec
une défaite
contre le Malawi
ou
l’Algérie, ou la
défaite en
matchs amicaux
contre
l’Espagne 2-0, l’Argentine
2-0, le Portugal 2-0 ou le
Soudan 4-0.
Lors des éliminatoires
des CAN 2008 et 2010 qu’elle a
remportées,
elle a fait match nul
avec les très
modestes
sélections du Botswana,
de Mauritanie et
du Burundi.
Pour
Mahmoud Al-Gohari,
ancien
sélectionneur des Pharaons,
qui a qualifié
l’Egypte pour la Coupe
du monde
1990, pour préparer les
joueurs à
une grande
rencontre,
il faut
impérativement
effectuer un stage de
longue
durée. Il
avait
arrêté le championnat
pour un mois
avant une
rencontre
contre l’Algérie qui a
qualifié
l’Egypte au Mondial. Pour
préparer la Coupe
du monde en
Italie, il
avait
annulé le championnat.
Quand
Hassan
Chéhata a pris les
rênes des
Pharaons en 2005,
il
s’est opposé aux
grands
rassemblements. Mais
peu à
peu,
il a de plus en plus
eu recours
à la
méthode Gohari
avant les
grandes compétitions.
Et pour se le
permettre,
il rappelle le
moins possible des
joueurs
évoluant à
l’étranger. Par
conséquent, le
problème se pose
lors de
matchs comme
celui de
l’Angleterre, où
il
est impossible
d’organiser de longs
regroupements.
Interrogé après la
rencontre de
l’Angleterre,
Chawqi
Gharib, entraîneur
général de la
sélection
égyptienne et
adjoint de
Chéhata, a insisté pour
dire que «
ses joueurs
ne sont
pas habitués à des
rassemblements de
trois jours
avant le jour
du match ».
Un membre
du staff technique
confirme
que « certains
joueurs ne
travaillent pas
assez leur
condition physique avec leur
club. Ils
ne dorment
pas bien et
sont parfois
indisciplinés
quand ils
ne sont
pas en regroupement ».
Chawqi
affirme : « C’est un
vrai
problème que
nous devons
résoudre
avant les éliminatoires
de la CAN 2012 qui commencent
cet été
et qui s’annoncent
difficiles avec la
présence de
l’Afrique du
Sud dans
le groupe de
l’Egypte ».
Une double mission pour Chéhata
qui a déjà commencé
lors de la CAN en
janvier dernier
à recruter
des joueurs
jeunes au sein de
l’équipe qui
devra
perdre un bon nombre de
son effectif
âgé dans
les deux
années à
venir.
Fouad
Mansour