Al-Ahram Hebdo, Opinion | Où est passé le Dr ElBaradei ?
  Président Abdel-Moneim Saïd
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 10 au 16 mars 2010, numéro 809

 

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Opinion
 

est passé le Dr ElBaradei ?

Abdel-Moneim Saïd

Le Dr Mohamad ElBaradei, prix Nobel de la paix et lauréat de la médaille du Nil, est arrivé au Caire pour repartir aussitôt après avoir renversé le monde de fond en comble à travers la presse, les chaînes satellites et le Net. Ses échos sont même parvenus aux grandes maisons de presse et aux revues mondiales prestigieuses.

Bien que son arrivée en Egypte ait été entourée d’une extrême prudence, son départ était rapide et surprenant. Il avait résidé à l’étranger trois mois après l’expiration de son mandat à la tête de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA). Pendant cette période, il s’est consacré, semble-t-il, à étudier et à analyser la situation afin de se préparer à sa grande mission. Il avait même envoyé des missives politiques sensibilisant l’opinion publique à sa mission, tout en essayant d’examiner le pouls de la situation égyptienne. Mais son départ fut étonnant, car tout avait changé sa situation comme celle de ses supporters et également l’Etat égyptien. Ils ne sont plus ce qu’ils étaient. Lorsqu’une personnalité de la carrure et du poids de Dr Mohamad ElBaradei revient en Egypte pour revendiquer de réaliser une grande mission, non moins importante que celle de changer globalement l’Egypte, y compris la Constitution, il ne peut pas quitter subitement le pays et rester tout un mois, cédant la place à d’autres qui n’ont pas été délégués par Facebook pour diriger l’opération du changement prôné.

Il est vrai que le programme du Dr Mohamad ElBaradei était connu depuis quelque temps, ainsi que son obtention d’un prix par l’Allemagne, sa conférence donnée à Séoul en Corée du Nord, ses visites à New York et aux autres capitales. Sans doute, tout ceci est un honneur pour lui et son pays. Mais il aurait pu faire tout cela à partir du Caire, parce qu’elle est comme Vienne et les autres capitales. Il aurait pu faire du Caire son siège principal, à partir duquel il se dirigerait vers les 4 coins du monde. En réalité, malgré ce qu’on dit souvent de l’Etat égyptien, il n’en demeure pas moins qu’une énorme évolution a eu lieu dans les infrastructures des aéroports et des ports égyptiens. Aujourd’hui, nous avons des aéroports internationaux à Alexandrie, à Louqsor, à Charm Al-Cheikh, à Marsa Alam, à Matrouh et à Assouan qui desservent toutes les destinations mondiales. Mais il faut dire dans ce contexte que la compagnie EgyptAir a beaucoup progressé durant ces dernières années pour devenir membre d’une large coalition composée de compagnies internationales menée par la grande compagnie allemande Lufthansa.

La visite rapide effectuée par ElBaradei a mis au-devant de la scène nationale un nombre de sujets constitutionnels importants qui n’étaient pas loin de la discussion générale en Egypte depuis que le président Moubarak avait lancé l’initiative de l’amendement de l’article 76 de la Constitution le 26 février en 2005 relatif à l’élection du président de la République pour que le marathon des élections soit compétitif au sens propre du terme, après qu’il eut été assuré par référendum.

Ce dossier constitutionnel est resté ouvert durant les dernières années et a même abordé les articles 77 et 88. Les discussions ont porté sur la relation entre les articles 1, 2, 3 et 5 de la Constitution, sur l’intégrité du processus électoral ainsi que les garanties à même de le protéger des manipulations et des partis pris. Ainsi, ce que Dr ElBaradei a discuté durant les 6 heures d’interview accordées aux différentes chaînes de télévision et aux journaux est venu s’ajouter à ce qui fut exposé effectivement dans la sphère politique autant au sein du régime qu’en dehors.

Les hommes politiques égyptiens doivent relever un énorme défi, y compris bien sûr le Dr ElBaradei. D’autant plus que le sujet de l’Etat civil en Egypte est bien plus grand qu’il ne le paraît. On ne peut pas le limiter aux seuls amendements constitutionnels proposés. Par exemple, le refus unanime de nommer une femme au sein d’un de nos prestigieux organismes juridiques a prouvé avec clarté le large fossé entre ceux qui mettent en avant l’idée de l’Etat civil moderne et des catégories de l’opinion publique, y compris l’élite. Ce vote écrasant contre la femme, à un moment nous parlons d’égalité, a abrogé le principe de citoyenneté stipulé dans l’article n°1 de la Constitution.

La question n’est pas de déterminer la responsabilité de l’élite politique avec toutes les couleurs de son arc-en-ciel, y compris les personnalités qui ont rejoint les rangs d’ElBaradei ou bien ceux du PND. Mais le plus important et sur lequel on doit focaliser, c’est de savoir que la nouvelle saison politique égyptienne commencera dans les quelques mois à venir avec les élections législatives et présidentielles en 2011 et qu’elle doit avoir pour point d’appui la discussion et le dialogue. Et c’est à travers ce dialogue que seront déterminés les fondements et les principes de l’Etat civil moderne d’une manière évidente qui ne comporterait pas d’équivoques. Tout ceci doit venir en tête des priorités présidentielles dans la prochaine étape.

Bien que l’essence même de la cause soit clair, il n’en demeure pas moins que l’opposition qui entoure le Dr ElBaradei et qui focalise sur les mécanismes du changement le perd de vue. Voire, lorsque cette opposition ignore les mécanismes existants de la Constitution et recourt à des moyens non-constitutionnels pour changer la donne égyptienne, elle cible essentiellement la Constitution et l’idée du libéralisme. En réalité, malgré mes réserves sur l’article n°76 de la Constitution, il n’en demeure pas moins que c’est l’expérience qui va mettre à l’épreuve sa portée. Je ne comprends pas pourquoi le Dr ElBaradei refuse les mécanismes qui sont effectivement disponibles pour les candidatures aux présidentielles, que ce soit à travers les partis existants ou comme indépendants, comme l’a mentionné le président Moubarak.

Simplement, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur du parti, nous avons une liste de travaux nationaux comprenant des causes constitutionnelles ou de développement incarnant l’idée de l’Etat civil moderne. Pour ceux qui ne le savent pas, je dis que l’idée et son incarnation sont exposées à des dangers extrêmes ayant pour objectif de la déraciner. Il suffit de suivre de près les positions qui adoptent l’avis du Hamas pour ce qui est du transpercement des frontières égyptiennes, en passant par les comportements qui veulent une société cachée derrière un masque ou un voile, ou encore les avis qui veulent revenir en arrière dans les causes censées être tranchées par la Constitution et la loi, comme l’égalité entre l’homme et la femme. Que de défis à relever dans la prochaine étape. Le sérieux est la bouée de sauvetage de cette situation, mais également l’intérêt et le temps qu’on doit leur consacrer. Tout ceci doit émaner de l’intérieur de la nation et non pas de l’extérieur.

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