Où
est passé le Dr
ElBaradei ?
Abdel-Moneim
Saïd
Le
Dr Mohamad
ElBaradei, prix Nobel de la paix
et lauréat de la
médaille du
Nil, est
arrivé au Caire pour
repartir
aussitôt après avoir
renversé le monde de fond en
comble à
travers la
presse, les chaînes
satellites et le Net. Ses
échos sont
même parvenus aux
grandes
maisons de presse et aux
revues mondiales
prestigieuses.
Bien
que son
arrivée en Egypte
ait été
entourée
d’une extrême prudence,
son départ
était rapide et
surprenant. Il
avait
résidé à
l’étranger
trois mois après
l’expiration de son
mandat à
la tête de
l’Agence Internationale
de l’Energie
Atomique (AIEA). Pendant
cette
période, il
s’est
consacré, semble-t-il,
à étudier
et à
analyser la situation afin
de se préparer
à sa
grande mission. Il
avait même
envoyé des missives
politiques
sensibilisant l’opinion
publique à
sa mission, tout en
essayant
d’examiner le pouls de la
situation égyptienne.
Mais son
départ fut
étonnant, car tout
avait
changé sa situation
comme celle
de ses supporters et
également
l’Etat égyptien.
Ils ne
sont plus
ce qu’ils
étaient.
Lorsqu’une personnalité
de la carrure et
du poids
de Dr Mohamad
ElBaradei
revient en Egypte pour
revendiquer de
réaliser
une grande mission, non
moins
importante que
celle de changer
globalement
l’Egypte, y compris la
Constitution, il
ne peut
pas quitter subitement le pays
et rester tout un
mois,
cédant la place à
d’autres qui
n’ont pas
été délégués par
Facebook pour
diriger
l’opération du
changement
prôné.
Il
est vrai
que le
programme du Dr
Mohamad
ElBaradei était
connu
depuis quelque temps,
ainsi que
son obtention d’un prix par
l’Allemagne,
sa
conférence donnée
à Séoul
en Corée du
Nord, ses
visites à
New York et aux autres
capitales. Sans
doute, tout
ceci est un
honneur pour
lui et son pays.
Mais il
aurait pu
faire tout cela
à partir
du Caire,
parce
qu’elle est
comme
Vienne et les autres
capitales. Il
aurait pu
faire du
Caire son siège
principal, à
partir
duquel il se
dirigerait
vers les 4 coins du
monde. En réalité,
malgré ce
qu’on dit
souvent de
l’Etat égyptien,
il n’en
demeure pas
moins qu’une
énorme
évolution a eu lieu
dans les infrastructures des
aéroports et des ports
égyptiens.
Aujourd’hui, nous
avons des
aéroports internationaux
à
Alexandrie, à
Louqsor, à
Charm Al-Cheikh,
à Marsa
Alam, à
Matrouh et
à Assouan qui
desservent
toutes les destinations
mondiales. Mais
il faut
dire dans
ce contexte
que la
compagnie EgyptAir a
beaucoup progressé
durant ces
dernières
années pour devenir
membre
d’une large coalition composée
de compagnies
internationales
menée par la
grande
compagnie allemande Lufthansa.
La
visite
rapide effectuée par
ElBaradei a
mis au-devant de la scène
nationale un
nombre de
sujets constitutionnels
importants qui
n’étaient pas loin de la
discussion générale en
Egypte
depuis que le
président
Moubarak avait
lancé
l’initiative de l’amendement
de l’article 76 de la
Constitution le 26 février en
2005 relatif
à
l’élection du
président de la
République pour
que le marathon des
élections
soit compétitif au
sens propre
du terme,
après qu’il
eut été
assuré par
référendum.
Ce
dossier constitutionnel
est resté
ouvert
durant les dernières
années et a
même abordé les articles
77 et 88. Les discussions ont
porté sur
la relation entre les articles
1, 2, 3 et 5 de la Constitution, sur
l’intégrité
du processus
électoral
ainsi que les
garanties à
même de le
protéger des manipulations et des
partis pris.
Ainsi, ce
que Dr
ElBaradei a discuté
durant les 6
heures
d’interview accordées aux
différentes
chaînes de télévision et
aux journaux
est venu
s’ajouter à
ce qui fut
exposé effectivement
dans la
sphère politique
autant au
sein du régime
qu’en
dehors.
Les
hommes
politiques égyptiens
doivent
relever un énorme
défi, y
compris bien
sûr le Dr
ElBaradei. D’autant plus
que le
sujet de l’Etat civil en
Egypte est
bien plus grand
qu’il ne
le paraît. On
ne peut
pas le limiter aux seuls
amendements
constitutionnels proposés.
Par exemple, le
refus
unanime de nommer
une femme au
sein d’un de
nos
prestigieux organismes
juridiques a
prouvé avec
clarté le large fossé
entre ceux
qui mettent en
avant
l’idée de l’Etat civil
moderne et des
catégories de
l’opinion
publique, y compris
l’élite. Ce
vote écrasant
contre la femme,
à un moment
où nous
parlons
d’égalité, a abrogé le
principe de
citoyenneté stipulé
dans
l’article n°1 de la Constitution.
La
question n’est pas de
déterminer la
responsabilité de
l’élite
politique avec toutes les
couleurs de son arc-en-ciel,
y compris les
personnalités qui
ont rejoint
les rangs
d’ElBaradei ou
bien ceux
du PND.
Mais le plus important et sur
lequel on
doit focaliser,
c’est de savoir
que la nouvelle
saison
politique égyptienne
commencera
dans les quelques
mois à
venir avec les
élections
législatives et présidentielles
en 2011 et qu’elle
doit avoir
pour point d’appui la discussion
et le dialogue. Et c’est
à travers
ce dialogue
que seront
déterminés les
fondements et les
principes de
l’Etat civil
moderne
d’une manière
évidente qui
ne
comporterait pas d’équivoques.
Tout ceci
doit venir en
tête des
priorités présidentielles
dans la
prochaine étape.
Bien
que
l’essence même de la
cause soit
clair, il
n’en
demeure pas moins
que
l’opposition qui entoure
le Dr ElBaradei et qui
focalise
sur les mécanismes
du
changement le perd de
vue. Voire,
lorsque
cette opposition ignore les
mécanismes existants de
la Constitution et recourt
à des
moyens non-constitutionnels
pour changer la donne
égyptienne,
elle cible
essentiellement la Constitution
et l’idée
du libéralisme. En
réalité,
malgré mes
réserves
sur l’article n°76 de la
Constitution, il
n’en
demeure pas moins
que c’est
l’expérience qui
va mettre
à l’épreuve
sa portée.
Je ne
comprends pas
pourquoi le Dr
ElBaradei refuse les
mécanismes qui
sont
effectivement disponibles
pour les candidatures aux
présidentielles, que
ce soit
à travers
les partis
existants ou
comme
indépendants, comme
l’a
mentionné le président
Moubarak.
Simplement,
que ce
soit à
l’intérieur
ou à
l’extérieur du
parti, nous
avons une
liste de
travaux nationaux
comprenant des causes
constitutionnelles
ou de
développement incarnant
l’idée de
l’Etat civil moderne.
Pour ceux qui
ne le
savent pas, je
dis que
l’idée et son incarnation
sont
exposées à des dangers
extrêmes
ayant pour objectif de la
déraciner. Il
suffit de
suivre de près les
positions qui adoptent
l’avis du
Hamas pour
ce qui est
du
transpercement des frontières
égyptiennes, en passant par les
comportements qui
veulent une
société
cachée derrière un masque ou
un voile, ou encore les avis qui
veulent
revenir en arrière
dans les causes
censées
être tranchées par la
Constitution et la loi,
comme
l’égalité entre
l’homme et la femme.
Que de
défis à
relever
dans la prochaine
étape. Le
sérieux est la
bouée de
sauvetage de cette
situation, mais
également
l’intérêt et le temps qu’on
doit leur
consacrer. Tout
ceci doit
émaner de
l’intérieur de la nation et non pas de
l’extérieur.