Le
moment de vérité
La reprise en vue d’un dialogue indirect entre les
Palestiniens et Israël sera un moment de vérité pour
toutes les parties impliquées dans le processus de paix
au Proche-Orient.
Cette prochaine reprise récompense certes les efforts de
l’administration américaine, désormais sous pression
pour faire progresser le processus de paix. L’un des
effets positifs du prochain retour au dialogue sera de
mobiliser à nouveau l’attention de l’administration. En
témoigne la visite, cette semaine, dans la région, du
vice-président américain, Joe Biden. De son côté, la
secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, en accord avec son
homologue russe, Sergueï Lavrov, a mis sur pied une
réunion du Quartette (Etats-Unis, Union européenne,
Russie et Onu), le 19 mars à Moscou.
Les Etats-Unis, qui n’ont pas réussi jusqu’à présent à
relancer les négociations de paix directes entre l’Etat
hébreu et les Palestiniens, suspendues depuis plus d’un
an, s’efforcent désormais de lancer des pourparlers
indirects. Ceux-ci porteront dans un premier temps sur
la question des frontières du futur Etat palestinien en
Cisjordanie et dans la bande de Gaza. L’émissaire
américain George Mitchell, dans la région cette semaine,
doit servir d’intermédiaire entre les parties
palestinienne et israélienne. Mais son rôle ira en fait
au-delà, car les Etats-Unis devront exercer des
pressions sur les parties, notamment l’Etat juif, pour
faire progresser les négociations. Washington devra
aussi définir des objectifs concrets et pouvant être
atteints dans ces discussions, dans des délais
raisonnables. Cependant, beaucoup d’observateurs doutent
de l’efficacité de la formule des « négociations de
proximité » après des années de négociations
infructueuses.
Sur le fond, les Etats-Unis ont élaboré en janvier un nouveau
plan de paix comprenant des lettres de garantie du
président Barack Obama aux Palestiniens et prévoyant un
délai-limite de deux ans pour la négociation. Rien
n’indique pour autant que l’Etat hébreu soit prêt aux
concessions de fond que Washington espère et, en premier
lieu, le gel de la colonisation conformément à la
feuille de route de 2003, dernier plan de paix accepté
par les Palestiniens, Israël et la communauté
internationale. Un gouvernement israélien penchant très
à droite n’aura probablement pas la faculté de faire le
moindre mouvement. Dans cette veine pessimiste, le
porte-parole de la présidence palestinienne, Nabil
Abou-Roudeina, a expliqué que le dialogue indirect
permettrait de montrer à l’administration Obama
qu’Israël n’a pas réellement l’intention de négocier. La
mission américaine sera enfin compliquée par le
délai-limite de quatre mois assigné par les ministres
arabes des Affaires étrangères aux négociations
indirectes, qui coïncide avec la fin du moratoire limité
de la colonisation offert par Israël.