Iraq.
Les premières estimations donnent
Maliki
gagnant des législatives
du 7 mars.
Rien ne
garantit pour
autant
sa
reconduction à la
tête du
gouvernement. La
mise en place
d’une coalition
pourrait
prendre des mois.
Place
au jeu des alliances
L’iraq
semble se
diriger vers
une période
d’instabilité
gouvernementale qui
risque
d’attiser encore plus les dissensions
confessionnelles.
Le résultat
définitif des élections
législatives de
dimanche dernier
n’est pas encore
connu. La Commission
électorale
doit fournir des
résultats
partiels ce
jeudi, les
résultats complets le 18
et les résultats
officiels, après
examen des
plaintes, fin mars. Mais
au vu des premières tendances,
tout porte
à croire
que l’on
se trouvera face
à un jeu
d’alliance
à haut risque. En
effet,
selon les premières estimations, le premier
ministre
sortant, Nouri Al-Maliki,
est
arrivé en
tête. D’après des
résultats
obtenus lundi par
l’AFP
auprès des responsables
locaux,
l’Alliance de l’Etat de
droit (AED) de M.
Maliki arrive en
tête dans
les neuf provinces
chiites du
sud alors
que le bloc
iraqien de l’ex-premier
ministre
Iyad Allawi
domine très
largement
dans les quatre provinces
majoritairement
sunnites (Anbar,
Salahedinne,
Ninive et
Diyala).
La
formation du premier
ministre
dit être en
tête à
Bagdad et
dans le Sud,
fiefs de la majorité
chiite.
Une
telle affirmation
ne peut
être
vérifiée dans
l’immédiat
mais elle
semble,
dans le Sud au
moins, être
corroborée par des estimations
partielles. L’AED,
formation non confessionnelle,
affrontait
notamment l’Alliance
Nationale
Iraqienne (ANI), principale
coalition dominante
chiite, qui
réunit notamment le
Conseil
Suprême Islamique
Iraqien (CSII), le plus puissant
parti
chiite. Le CSII affirme
de son côté
que, selon les premiers
bulletins dépouillés,
l’EDD et
l’ANI sont au
coude à
coude et
ajoute qu’Irakia,
une alliance
laïque et
nationaliste emmenée par
l’ancien premier
ministre
chiite Iyad
Allawi, avec le
soutien du
vice-président
sunnite
Tareq Al-Hachémi,
est en
troisième position.
Mais
il
sera difficile pour M.
Maliki de
trouver une
majorité pour se
maintenir
comme chef du
gouvernement
futur,
estiment les experts. D’ores
et déjà, un de ses
conseillers, Ali Al-Moussawi,
l’a reconnu
à
l’AFP
: « Je
pense que
nous avons
obtenu un tiers des votes,
mais il
nous est
impossible de former un gouvernement
sans l’appui
d’autres
mouvements ».
La
liste
d’Iyad Allawi
est
arrivée en
deuxième position dans
trois
gouvernorats chiites (Mouthanna,
Babylone et
Bassora). La coalition chiite
rivale à
celle
de M. Maliki
est l’ANI,
qui regroupe,
outre le CSII, les partisans
du chef radical
Moqtada
Sadr. Chez les sunnites,
l’AED arrive en
seconde position
à Diyala
et est
largement
distancée dans les
trois
autres gouvernorats.
Dans la province de
Kirkouk (12
sièges), que se
disputent
Kurdes et
Arabes,
l’Alliance Kurdistania,
constituée des
deux partis
traditionnels, arrive en
tête suivie
du Bloc
iraqien, puis de
l’AED. Quant aux
résultats de
Bagdad (68
sièges), ils
ne sont
pas encore connus.
Pour les
experts, il
serait
étonnant que le premier
ministre
retrouve son poste.
« M. Maliki
aura du mal
à être le
prochain premier
ministre, car
il lui
manque une
majorité
suffisante et la plupart
des autres
partis n’en
veulent pas », a
commenté
Hamid Fadel,
professeur de sciences
politiques
à l’Université de
Bagdad,
cité par l’AFP.
Des
mois
d’attentes
?
La
mise en place
d’une coalition
gouvernementale, qui
avait pris
cinq mois
après les législatives de 2005,
pourrait
cette fois
être encore plus
longue.
Aucun parti
ni
aucune coalition
ne pourra
revendiquer la
majorité des 325
sièges au
Parlement.
Si
aucune tendance
ne pourra
gouverner
seule, on devra faire
appel à
des coalitions. Or,
c’est là
que réside
le danger. Vu qu’il
n’y aura
probablement pas de nette
victoire pour
un seul
parti, le
futur chef de gouvernement
sera en position fragile par rapport aux
autres
membres de sa coalition,
qui le suivront de
près. Dans
ce
cas, le
gouvernement sera fragile et
sujet à
toutes
sortes de tiraillement,
de conflits
d’intérêt, etc. Selon le
Dr Hicham Ahmed,
professeur de sciences
politiques
à l’Université
du Caire,
si M.
Maliki est
reconduit, «
il aura du
mal à se
rallier avec les autres
partis
chiites vu les dissensions qui existent
entre eux
actuellement.
Dans
ce
cas, il sera
obligé de faire
appel aux
partis kurdes, la force
politique la plus
homogène
dans le pays.
Ce qui
donnera plus de
poids à
ces
derniers. Quant
à M. Maliki,
il en sera
fragilisé, car il
comptait
sur une
nette
victoire, ce qui
ne risque
pas d’avoir lieu ».
Du
côté des
sunnites, leur
représentation
politique sera
dorénavant plus
efficace.
Cette
fois-ci, les
régions
sunnites, qui avaient
boycotté le
scrutin en 2005, ont
voté
davantage que les
provinces chiites.
Leur boycott des
élections de 2005
leur avait
valu une
marginalisation
politique et
ils ne
voulaient pas
retomber
dans ce
piège.
Ce
taux de participation
est
un camouflet pour Al-Qaëda
qui avait
menacé de mort quiconque
participerait
à ces
élections, les
deuxièmes
depuis le renversement de
Saddam Hussein. Al-Qaëda
n’a pas
réussi à
intimider les
régions
sunnites malgré les
attentats,
contrairement à 2005,
où par
exemple moins d’1 % des
électeurs
avait voté
à Al-Anbar.
Après
des années de violence
entre
communautés religieuses,
une partie
des Iraqiens
pourrait
avoir exprimé,
lors de
cette consultation, leur
souhait d’un
gouvernement plus
consensuel,
où majorité
chiite et
minorités
sunnite et kurde
parviendraient
à coexister.
Mais l’on
est
loin d’atteindre
cet idéal.
Si les
tractations pour la formation d’un
gouvernement
traînent en
longueur, l’instabilité
risque de
réapparaître au profit des
courants les plus radicaux,
au moment où les
Etats-Unis
ont réaffirmé
leur
volonté de poursuivre
leur
désengagement.
Abir
Taleb