Al-Ahram Hebdo,Monde Arabe | Place au jeu des alliances
  Président Abdel-Moneim Saïd
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
Nos Archives

 Semaine du 10 au 16 mars 2010, numéro 809

 

Contactez-nous Version imprimable

  Une

  Evénement

  Enquête

  Dossier

  Nulle part ailleurs

  Invité

  Egypte

  Economie

  Monde Arabe

  Afrique

  Monde

  Opinion

  Société

  Arts

  Idées

  Littérature

  Visages

  Environnement

  Voyages

  Sports

  Vie mondaine

  Echangez, écrivez



  AGENDA


Publicité
Abonnement
 
Monde Arabe

Iraq. Les premières estimations donnent Maliki gagnant des législatives du 7 mars. Rien ne garantit pour autant sa reconduction à la tête du gouvernement. La mise en place d’une coalition pourrait prendre des mois.

Place au jeu des alliances

L’iraq semble se diriger vers une période d’instabilité gouvernementale qui risque d’attiser encore plus les dissensions confessionnelles. Le résultat définitif des élections législatives de dimanche dernier n’est pas encore connu. La Commission électorale doit fournir des résultats partiels ce jeudi, les résultats complets le 18 et les résultats officiels, après examen des plaintes, fin mars. Mais au vu des premières tendances, tout porte à croire que l’on se trouvera face à un jeu d’alliance à haut risque. En effet, selon les premières estimations, le premier ministre sortant, Nouri Al-Maliki, est arrivé en tête. D’après des résultats obtenus lundi par l’AFP auprès des responsables locaux, l’Alliance de l’Etat de droit (AED) de M. Maliki arrive en tête dans les neuf provinces chiites du sud alors que le bloc iraqien de l’ex-premier ministre Iyad Allawi domine très largement dans les quatre provinces majoritairement sunnites (Anbar, Salahedinne, Ninive et Diyala).

La formation du premier ministre dit être en tête à Bagdad et dans le Sud, fiefs de la majorité chiite. Une telle affirmation ne peut être vérifiée dans l’immédiat mais elle semble, dans le Sud au moins, être corroborée par des estimations partielles. L’AED, formation non confessionnelle, affrontait notamment l’Alliance Nationale Iraqienne (ANI), principale coalition dominante chiite, qui réunit notamment le Conseil Suprême Islamique Iraqien (CSII), le plus puissant parti chiite. Le CSII affirme de son côté que, selon les premiers bulletins dépouillés, l’EDD et l’ANI sont au coude à coude et ajoute qu’Irakia, une alliance laïque et nationaliste emmenée par l’ancien premier ministre chiite Iyad Allawi, avec le soutien du vice-président sunnite Tareq Al-Hachémi, est en troisième position.

Mais il sera difficile pour M. Maliki de trouver une majorité pour se maintenir comme chef du gouvernement futur, estiment les experts. D’ores et déjà, un de ses conseillers, Ali Al-Moussawi, l’a reconnu à l’AFP : « Je pense que nous avons obtenu un tiers des votes, mais il nous est impossible de former un gouvernement sans l’appui d’autres mouvements ».

La liste d’Iyad Allawi est arrivée en deuxième position dans trois gouvernorats chiites (Mouthanna, Babylone et Bassora). La coalition chiite rivale à celle de M. Maliki est l’ANI, qui regroupe, outre le CSII, les partisans du chef radical Moqtada Sadr. Chez les sunnites, l’AED arrive en seconde position à Diyala et est largement distancée dans les trois autres gouvernorats. Dans la province de Kirkouk (12 sièges), que se disputent Kurdes et Arabes, l’Alliance Kurdistania, constituée des deux partis traditionnels, arrive en tête suivie du Bloc iraqien, puis de l’AED. Quant aux résultats de Bagdad (68 sièges), ils ne sont pas encore connus.

Pour les experts, il serait étonnant que le premier ministre retrouve son poste. « M. Maliki aura du mal à être le prochain premier ministre, car il lui manque une majorité suffisante et la plupart des autres partis n’en veulent pas », a commenté Hamid Fadel, professeur de sciences politiques à l’Université de Bagdad, cité par l’AFP.

Des mois d’attentes ?

La mise en place d’une coalition gouvernementale, qui avait pris cinq mois après les législatives de 2005, pourrait cette fois être encore plus longue. Aucun parti ni aucune coalition ne pourra revendiquer la majorité des 325 sièges au Parlement. Si aucune tendance ne pourra gouverner seule, on devra faire appel à des coalitions. Or, c’est que réside le danger. Vu qu’il n’y aura probablement pas de nette victoire pour un seul parti, le futur chef de gouvernement sera en position fragile par rapport aux autres membres de sa coalition, qui le suivront de près. Dans ce cas, le gouvernement sera fragile et sujet à toutes sortes de tiraillement, de conflits d’intérêt, etc. Selon le Dr Hicham Ahmed, professeur de sciences politiques à l’Université du Caire, si M. Maliki est reconduit, « il aura du mal à se rallier avec les autres partis chiites vu les dissensions qui existent entre eux actuellement. Dans ce cas, il sera obligé de faire appel aux partis kurdes, la force politique la plus homogène dans le pays. Ce qui donnera plus de poids à ces derniers. Quant à M. Maliki, il en sera fragilisé, car il comptait sur une nette victoire, ce qui ne risque pas d’avoir lieu ».

Du côté des sunnites, leur représentation politique sera dorénavant plus efficace. Cette fois-ci, les régions sunnites, qui avaient boycotté le scrutin en 2005, ont voté davantage que les provinces chiites. Leur boycott des élections de 2005 leur avait valu une marginalisation politique et ils ne voulaient pas retomber dans ce piège.

Ce taux de participation est un camouflet pour Al-Qaëda qui avait menacé de mort quiconque participerait à ces élections, les deuxièmes depuis le renversement de Saddam Hussein. Al-Qaëda n’a pas réussi à intimider les régions sunnites malgré les attentats, contrairement à 2005, par exemple moins d’1 % des électeurs avait voté à Al-Anbar.

Après des années de violence entre communautés religieuses, une partie des Iraqiens pourrait avoir exprimé, lors de cette consultation, leur souhait d’un gouvernement plus consensuel, majorité chiite et minorités sunnite et kurde parviendraient à coexister. Mais l’on est loin d’atteindre cet idéal. Si les tractations pour la formation d’un gouvernement traînent en longueur, l’instabilité risque de réapparaître au profit des courants les plus radicaux, au moment les Etats-Unis ont réaffirmé leur volonté de poursuivre leur désengagement.

Abir Taleb 

Retour au sommaire

 




Equipe du journal électronique:
Equipe éditoriale: Névine Kamel- Howaïda Salah -Thérèse Joseph
Assistant technique: Karim Farouk
Webmaster: Samah Ziad

Droits de reproduction et de diffusion réservés. © AL-AHRAM Hebdo
Usage strictement personnel.
L'utilisateur du site reconnaît avoir pris connaissance de la Licence

de droits d'usage, en accepter et en respecter les dispositions.