Al-Ahram Hebdo, Egypte |Réfaat Al-Saïd,  « Je crains qu’ElBaradei ne soit une déception »
  Président Abdel-Moneim Saïd
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 10 au 16 mars 2010, numéro 809

 

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Egypte

Politique Réfaat Al-Saïd, président du parti du Rassemblement, revient sur les défis posés par les prochaines présidentielles de 2011.

« Je crains qu’ElBaradei ne soit une déception »

Al-Ahram Hebdo : Vous réclamez un nouvel amendement constitutionnel pour garantir des élections libres et transparentes en 2011, mais le président Moubarak a déclaré que ce scrutin aura lieu en accord avec la Constitution actuelle. Et son fils Gamal a écarté l’idée d’autres amendements. Quelle est votre réaction ?

Réfaat Al-Saïd : Il est normal que la candidature aux présidentielles s’effectue en fonction de la Constitution. Mais en fonction de quelle Constitution ? Une Constitution dont les articles ont été modifiés pour favoriser une personne en particulier, une Constitution qui prive l’opposition de toute opportunité de participer à ces élections ? Je suis d’accord avec Gamal Moubarak lorsqu’il dit que l’actuelle Constitution est la meilleure qu’on ait jamais eue, mais cela uniquement pour le PND, et certainement pas pour l’alternance du pouvoir en Egypte.

— Il est clair que le régime n’a aucune intention de modifier la Constitution avant les prochaines présidentielles. L’opposition a quand même annoncé une conférence le 13 mars sur la réforme constitutionnelle. Pourquoi ?

L’amendement des articles de la Constitution qui mettent tous les pouvoirs entre les mains du président, qui permettent de falsifier la volonté du peuple, qui font du parti au pouvoir le seul acteur politique sur la scène est un combat que nous menons au parti du Rassemblement depuis 1981. L’obstination du régime n’a jamais cassé notre volonté et nous poursuivrons notre lutte pour une véritable démocratie. C’est un combat que nous mènerons jusqu’au bout, c’est pourquoi nous avons décidé de nous réunir pour étudier les moyens de concrétiser ce projet de réforme politique. Que le régime refuse, mais cela ne nous empêchera pas de poursuivre le combat, et l’histoire des peuples prouve qu’à la fin, c’est la volonté populaire qui gagne, quelle que soit l’intransigeance du régime. Le changement viendra sans le moindre doute.

Vous croyez qu’il viendra avant les prochaines élections présidentielles ?

Nous le souhaitons, évidemment.

— La tenue de cette conférence sur l’amendement constitutionnel est intervenue quelques heures après la création par Mohamad ElBaradei d’un comité national pour la réforme. Est-ce un hasard ou est-ce que l’opposition ne veut pas laisser le champ libre à ElBaradei ?

— La coalition des partis d’opposition existe et travaille sur le dossier de la réforme politique depuis plus de quatre ans déjà, c’est-à-dire bien avant qu’Elbaradei fasse son apparition sur la scène politique. Cette conférence est sur notre agenda depuis des semaines, et cela n’a aucun rapport avec le front d’Elbaradei.

Mais ElBaradei a réussi à créer une sorte de mouvance politique sans précédent depuis la création du mouvement Kéfaya en 2004. Elbaradei n’a-t-il pas réussi vous avez échoué ?

— La mouvance politique dont vous parlez existe depuis longtemps et n’a aucun rapport avec Elbaradei qui veut se présenter comme un héros national. Le vrai leader c’est celui qui est capable de mobiliser les gens et de les rassembler autour de lui. Mais la plupart des partisans d’ElBaradei sont des jeunes internautes appartenant à un monde hypothétique, qui le soutiennent par un clic de souris. Je crains qu’ElBaradei ne soit à la fin qu’une déception, un peu comme le mouvement Kéfaya qui a motivé les gens avec des slogans qui sonnent, mais qui n’avait aucun plan de travail.

— La coalition de l’opposition et le front d’ElBaradei œuvrent finalement pour le même but, celui de la réforme politique et de l’amendement constitutionnel. Pourquoi donc refusez-vous de coopérer avec lui ?

C’est lui qui a commencé par la rupture en annonçant qu’il ne coopérera pas avec des partis politiques, mais avec des groupes et des individus. C’est une attitude que je trouve fort bizarre pour une personne qui prétend être démocrate. Il ignore le pluralisme politique. Je dois souligner que nous sommes d’accord sur la nécessité du changement et non pas sur la nature et le fond de ce changement. Oui, les gens en ont assez du PND et de ses politiques et aspirent à un changement, mais cela doit être pour le mieux. Autrement dit, nous ne sommes pas d’accord sur l’idée du changement pour le changement.

Quelle est votre lecture du programme d’ElBaradei pour les élections présidentielles ? Et comment jugez-vous sa stratégie ?

Je crois qu’il parie sur l’impossible. Il veut rassembler toutes les tendances et plaire à tout le monde sans prendre en considération les divergences idéologiques. C’est ce qui s’est passé en Iran dans les années 1970, lorsque tous les courants se sont unifiés pour porter un coup au Shah, mais ce changement subit sans fondement idéologique a connu un repli et a ouvert le pays à des conflits internes désastreux. Le problème d’ElBaradei est qu’il est entouré de gens de différents bords et de différentes tendances. Comment tous ces gens peuvent-ils s’entendre ? ElBaradei a déclaré par exemple qu’il n’était pas opposé à la création d’un parti sur des bases religieuses. Ceci signifie-t-il qu’il est pour un Etat islamique ? Et si oui, les gauchistes et les libéraux qui sont autour de lui seront-ils d’accord sur cette conception ? C’est ça le problème d’ElBaradei. Il veut rassembler tout le monde, mais ce ne sera pas possible. C’est pourquoi je suis convaincu que ce rassemblement autour de lui est mort-, parce qu’il manque de cohérence et de logique. Ensuite, il faut dire que ce qu’on ne connaît pas d’ElBaradei est beaucoup plus important que ce qu’on connaît de lui. Ses conceptions politiques sont vagues et imprécises. A titre d’exemple, il est arrivé en Egypte quelques semaines après les événements de Nag Hammadi, sans dire un seul mot sur l’unité nationale et la citoyenneté. Il n’a pas commenté non plus la discrimination contre les femmes par le Conseil d’Etat qui a refusé de désigner des femmes comme juges. Bref, s’il se présente aux présidentielles, il devra mettre sur la table, et avec beaucoup de franchise, sa politique et ses convictions.

Avez-vous l’intention de vous présenter aux présidentielles ?

Je ne jouerai pas le rôle de figurant. Pour disputer de telles élections, il faut avoir des garanties de transparence, d’équité, de chances, et surtout une véritable compétition électorale. Ce n’est pas de la passivité ou de l’incapacité, le parti du Rassemblement seul est capable de présenter 20 candidats qui auront de bonnes chances de réussir. Mais il est prématuré d’évoquer cette question. Mieux vaut attendre.

Votre position vis-à-vis des élections législatives n’est-elle pas encore déterminée ?

Nous allons disputer ces élections, parce ce que je pense qu’elles seront décisives pour la décennie à venir. Les résultats de ces élections pourraient bouleverser la donne et contribuer au changement.

Même si ces élections se déroulent sous les mêmes conditions que celles de 2005 ?

Nous ne devons ni nous retirer de la scène, ni se laisser dominer par la déception.

Concrètement, quelle chance a un candidat indépendant aux élections présidentielles ?

Aucune.

Propos recueillis par May Al-Maghrabi

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