Sous le signe du scepticisme
Est-ce par hasard qu’Israël a donné son feu vert
lundi à la construction de
112 logements dans une implantation de Cisjordanie occupée ?
Est-ce par hasard que l’annonce a été faite au moment même de la reprise des discussions indirectes
entre les deux parties via
les Etats-Unis, mais aussi au moment de la visite de deux personnalités politiques américaines venues relancer le processus de paix, l’émissaire pour le Proche-Orient George Mitchell et le vice-président américain Joe Biden ?
La réponse
est sans doute
par la négation. En faisant
cette annonce, Israël donne le ton : il ne
faut pas s’attendre à la moindre concession. C’est donc le scepticisme qui règne. Dans un tel climat,
et l’annonce israélienne,
on se demande comment il
sera possible d’avancer sur
une question-clé, notamment
Dans de telles conditions, les Etats-Unis,
parrain principal du processus de paix, tentent tant bien
que mal d’intensifier leurs efforts. L’objectif se limite désormais
à reprendre langue uniquement. D’ailleurs, ce ne sont ni les Israéliens,
ni les Palestiniens qui ont annoncé la reprise des négociations, mais les Américains. « A ma connaissance,
(les négociations) ont commencé. Elles sont en cours.
Pour ce qui est de leur contenu,
George Mitchell est en train de rentrer
(à
Mais les
efforts américains font face à
l’intransigeance israélienne.
En se félicitant de la reprise des pourparlers, le premier ministre israélien a rappelé les exigences israéliennes. Des exigences qui n’augurent
rien de bon. Tout règlement
de paix doit se fonder sur deux principes : « La
reconnaissance d’Israël par les Palestiniens
comme Etat du peuple juif
et des arrangements garantissant sa
sécurité », a-t-il dit.
Avec ces
deux « conditions » et avec l’annonce de la construction de nouvelles
colonies à Jérusalem, le scepticisme est le mot d’ordre. Déjà, avant même cette annonce,
c’est avec des réserves que l’Organisation de Libération de la
Comme de coutume,
côté israélien, on joue avec les mots en tentant de feindre la bonne volonté. « La secrétaire d’Etat Hillary Clinton
ainsi que le vice-président Biden savent que l’essentiel
est que le premier ministre est prêt à tout moment à engager des négociations directes, qu’il a autorisé la levée de barrages routiers en Cisjordanie et qu’il a décidé d’un gel de la construction de logements
», a déclaré le ministre israélien de l’Environnement, Gilad Erdan, alors
qu’il annonçait la
construction des nouvelles colonies. « En revanche, Mahmoud Abbass (le président palestinien) veut limiter les négociations indirectes à 4 mois après avoir posé des conditions sans précédents pour accepter le dialogue pendant des mois. Ce n’est
pas de cette façon que l’on mène
des discussions de paix », a
accusé le ministre israélien. Pour Tel Aviv, il s’agit de faire porter le chapeau à
l’Autorité palestinienne en
insistant sur un seul point : l’acceptation
israélienne de mener des négociations directes, et les réserves palestiniennes à ce sujet.
Côté palestinien, Nabil Roudeina, porte-parole de l’Autorité palestinienne, a averti :
« Il est clair qu’Israël continue à saboter les efforts de paix. L’Administration américaine doit faire en sorte qu’Israël cesse ses activités
de colonisation en Cisjordanie
et à Jérusalem-Est ». Quant
à Saëb Eraqat,
le principal négociateur palestinien,
il a prévenu
que ces discussions indirectes étaient celles de la dernière chance pour
parvenir à « une solution de deux Etats pour deux peuples » palestinien et israélien. « La relation s’est détériorée au point que les Américains cherchent à sauver ce
processus de paix avec une dernière tentative. Je pèse mes
mots :
c’est la dernière tentative
pour démontrer qu’il s’agit d’un outil susceptible de donner lieu à des décisions entre Palestiniens et Israéliens ». Mais des pourparlers de la dernière chance, il
y en a déjà eu, et toujours
sans résultats.
Abir Taleb