Al-Ahram Hebdo,Invité | Nabil Chaath
  Président Abdel-Moneim Saïd
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 24 février au 2 mars 2010, numéro 807

 

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Invité

Membre du Comité central du Fatah et responsable des relations extérieures, Nabil Chaath évoque la réconciliation palestinienne et les chances de relance du processus de paix.

« Tant que le dossier des réfugiés n’est pas réglé, il y aura toujours des menaces pour la sécurité »

Al-Ahram Hebdo : Comment est née l’idée de la visite que vous avez effectuée la semaine dernière à Gaza, pour relancer la réconciliation avec le Hamas ? A quoi a-t-elle abouti ?

Nabil Chaath : L’idée de visiter Gaza m’est venue à l’esprit depuis quelque temps, et plus précisément après les événements de juin 2006, lorsque je fus réélu membre du Comité central du mouvement Fatah. A cette date, le président Mahmoud Abbass m’avait encouragé à aller à Gaza pour rendre visite aux nôtres. Mais l’idée est restée en suspens. J’ai finalement décidé d’effectuer cette visite pour les motifs suivants : j’ai senti que Hamas, un an après l’arrêt des hostilités, souffrait toujours du blocus permanent. Israël répétait que la levée du blocus était conditionnée à l’arrêt du lancement des roquettes. Même les efforts diplomatiques déployés par de nombreuses capitales, n’ont pas réussi à mettre fin à l’intransigeance israélienne et à lever le blocus étouffant Gaza.

N’oublions pas également que la relation des Gazaouis avec l’Egypte s’était détériorée, d’autant plus que l’Egypte représente une dimension stratégique d’envergure pour la Palestine et à tous les paramètres, que ce soit en temps de guerre ou de paix. Cependant, le Hamas a porté préjudice à ce rôle par des positions et des déclarations irresponsables.

Les négociations n’ont pas réalisé de progrès sur aucun volet et le gouvernement israélien de droite persiste dans sa politique de colonisation et de judaïsation de Jérusalem. Ainsi, il s’est avéré que la lutte armée n’a pas abouti à une solution et que la stabilité en Cisjordanie n’a pas réussi à relancer les négociations.

Dans son discours devant le conseil révolutionnaire, Abou-Mazen a appelé à visiter Gaza et a réconforter ses habitants. C’est à ce moment-là que j’ai senti que le moment était approprié. J’ai alors contacté les dirigeants du Hamas pour les informer de ma visite.

— Votre rencontre avec le premier ministre du gouvernement du Hamas, Ismaïl Haniyeh, comportait-elle des promesses de réconciliation ou bien une éventuelle signature du plan égyptien, ou était-elle une simple rencontre sans lendemain, telle qu’elle fut qualifiée par certains ?

— Nous avons parlé de tous les points de discorde et de divergence. Tout le dialogue était articulé autour de la nécessité de signer le plan égyptien, même s’il fallait lui rajouter des réserves. Mais en dépit et contre tout, l’ultime choix devant être celui de l’unité de la Palestine et de son peuple. La discussion a évoqué également les mesures devant être prises pour établir la confiance, comme la réouverture des bureaux de Fatah à Gaza et la nécessité de mettre un terme au harcèlement dont font objet certains éléments pour leurs appartenances factionnelles. D’ailleurs, ils m’ont demandé de négocier autour de quelques-uns de ces points, mais j’ai refusé, en leur disant que ma visite n’était pas destinée à la négociation. J’avais parlé avec Salam Fayyad, le premier ministre, avant ma visite, sur la responsabilité de l’Autorité palestinienne concernant la facture d’électricité à payer à l’Egypte et Israël. J’ai obtenu son approbation. Voilà un pas que j’ai fait sans contrepartie pour établir la confiance, et le Hamas doit faire des pas similaires sans en demander le prix. Si nous parvenons à opérer des mesures concrètes sur le terrain sans négociations, nous parviendrons inévitablement à la réconciliation. La dernière de ces mesures fut la décision de Haniyeh de libérer 20 éléments du Fatah. Mais je n’ai pas insisté pour obtenir une promesse pour la signature du papier égyptien, qui est considéré comme l’unique issue à la situation actuelle.

— Pensez-vous que le blocage de la réconciliation tient aux clivages entre le Hamas de l’intérieur et celui qui vit en exil à Damas ?

— En revenant de Gaza, j’ai entendu, dans une émission radiodiffusée, le Hamas de l’intérieur parler de l’inévitable unité palestinienne. Alors que Ezzat Al-Rachq, de Hamas, à Damas, avait rétorqué que tout ceci était une propagande organisée par le Fatah pour s’attirer la sympathie de la population, mais qui n’influence en rien la position du Hamas vis-à-vis du papier égyptien qui reste inchangée. Des éléments du Hamas à Gaza m’avaient transmis, quant à eux, leur approbation du papier voilà plus de deux mois, alors que nos frères à Damas avaient d’autres calculs. D’ailleurs, j’avais déclaré que j’avais perçu une grande différence dans le ton et une contradiction entre l’avis des deux parties à propos du plan égyptien. Quatre ailes du Hamas prennent part à la prise de décision, celle de Gaza, les éléments de la Cisjordanie, ceux incarcérés dans les prisons israéliennes et ceux de Damas. Ces derniers sont derrière l’immobilisme, ils sont la véritable entrave face à la réconciliation, à l’opposé des trois autres ailes.

— Comment voyez-vous l’avenir de la réconciliation et la possibilité de sa concrétisation sur le terrain ?

— Malgré tout ce qui a été mentionné et qui reflète la difficulté de signer le papier égyptien par le Hamas, il n’en demeure pas moins que je suis optimiste de le signer avant le sommet arabe en mars. Mais la question ne se limite pas à la simple signature, parce que nous avons déjà signé l’accord de La Mecque qui a été violé trois mois plus tard. Mais il y a des mesures qui peuvent être prises, comme la présence d’une équipe sécuritaire arabo-égyptienne et leur application a besoin d’un soutien économique et politique de toutes les parties. Nous avons besoin de ce soutien après les élections prévues par le papier égyptien. Au cas où aucune faction ne parviendrait à gagner les élections, nous serons obligés de former un gouvernement d’union nationale.

— Les négociations indirectes avec Israël proposées par les Etats-Unis peuvent-elles mener à une solution au conflit ?

— C’est possible théoriquement, mais pratiquement parlant, il est impossible, parce que les circonstances objectives nécessaires à l’aboutissement des négociations résident dans la volonté réelle des deux parties, ce qui fait visiblement défaut chez l’Etat juif qui persiste dans sa politique de colonisation, de judaïsation et de confiscation.

— La démarcation des frontières peut-elle être un premier pas sur la voie des négociation avec Israël, comme le suggère l’émissaire américain, George Mitchell ?

— Avec Netanyahu et sans un rôle américain effectif, il serait extrêmement difficile de le faire. Je n’aime pas utiliser le mot impossible, mais la droite israélienne a besoin d’une administration américaine déterminée à parvenir à la solution des deux Etats. Si Barak Obama n’est pas parvenu à mettre un terme à la colonisation, comment aspirer alors à une solution juste. Cependant, je n’ai pas perdu l’espoir en Obama.

— Comment voyez-vous l’avenir de la solution à Jérusalem ?

— Jérusalem-Est est un territoire qui a été occupé en 1967. La solution est que les Israéliens la quittent et qu’ils se contentent d’un contrôle religieux sur le Mur des lamentations en vertu d’un accord de coopération entre les municipalités, ou bien des mesures de sécurité ou en présence de forces internationales. Telle est la solution équitable, mais la justice et l’équité ne satisfont pas toujours toutes les parties.

— Pensez-vous que la question des réfugiés palestiniens pourrait trouver une solution, étant donné le refus d’Israël de tout retour ?

— Tant que le dossier des réfugiés n’est pas réglé, il y aura toujours des menaces pour la sécurité. Nous n’avons pas le droit de renoncer aux droits de 5 millions de Palestiniens qui détiennent un droit dans leur patrie et qui ne renonceront pas à ce droit. Si le droit du retour est garanti aux juifs qui prétendent que leurs grands-pères et leurs aïeux sont sortis de cette terre il y a 3 500 ans, comment peut-on alors dénier ce droit aux Palestiniens qui ont quitté ces territoires en 1948 par les armes ?

— Obama est-il arrivé à une impasse avec le gouvernement israélien de droite ? Ou bien détient-il encore des cartes susceptibles de mettre en avant l’option des deux Etats ?

— Obama détient toutes les cartes de la solution, mais il ne veut pas les utiliser maintenant pour maintes raisons. Tout d’abord à cause de Dick Cheney, qui a tué toute coopération entre les deux partis républicain et démocrate, contrairement à la tradition américaine. La direction du Parti républicain a réussi à encercler tous les Républicains au Sénat et au Congrès. Dans de telles conjonctures, le lobby sioniste peut devenir très influent et avorter les plans d’Obama au cas où il n’obtiendrait pas des voix républicains. Ce qui est le cas actuellement.

Propos recueillis par Khaled Al-Asmaï

 




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