Al-Ahram Hebdo,Invité | Magued Chawqi, « D’ici quatre ans, le marché égyptien pourrait devenir un des grands centres financiers mondiaux »
  Président Abdel-Moneim Saïd
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 17 au 23 février 2010, numéro 806

 

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Entretien avec Magued Chawqi, président de la Bourse égyptienne,dans lequel il souligne que la nouvelle législation et les mesures de contrôle entreprises par son administration ont réussi à la protéger des fortes fluctuations dues à la crise monétaire internationale.

« D’ici quatre ans, le marché égyptien pourrait devenir un des grands centres financiers mondiaux »

Al-Ahram Hebdo : Les marchés boursiers arabes ont souffert d’une extrême volatilité au cours des deux dernières années, dans le contexte de la crise mondiale et celle de Dubaï. Quelles sont vos prévisions de la performance de la Bourse égyptienne cette année ?

Magued Chawqi : Les années 2008 et 2009 ont été difficiles, ayant fortement frappé non seulement les échanges des marchés arabes, mais aussi les places boursières du monde entier. Mais en dépit de ces fortes fluctuations, des analyses approfondies révèlent que les marchés arabes ont été les plus rapides à se redresser. Bien que frappés par la crise mondiale à la fin de 2008, presque tous les marchés arabes ont bien résisté, enregistrant des hausses considérables en 2009. Ils pourraient bien connaître un nouvel essor cette année. En 2010, le redressement du climat économique des pays européens et des Etats-Unis sera le facteur décisif qui indiquera le sort des marchés émergents

— Comment évaluez-vous la performance de la Bourse égyptienne par rapport aux autres marchés émergents d’actions ?

— Bien que l’indice boursier égyptien ait connu une hausse de 35 %, j’estime qu’il verra une croissance plus significative en 2010. Déjà, il a marqué un essor de 12 % au cours des 6 premières semaines de la nouvelle  année. Selon les indicateurs de Morgan Stanley, la Bourse égyptienne vient en premier lieu ; son deuxième concurrent arabe a marqué 4 % seulement de hausse. (La Bourse égyptienne est donc bien placée parmi les autres marchés arabes ; elle n’a pas de rivale).

— Comment la Bourse égyptienne a-t-elle pu absorber l’impact de la crise financière mondiale depuis son déclenchement ?

— La crise révèle la puissance des marchés. C’est ainsi que j’explique la situation particulière du marché égyptien au cours de la crise, bien que celle-ci fût vraiment violente, son influence n’a pu s’étendre sur la Bourse égyptienne que pendant quelques mois. Le marché a pu récupérer son activité de nouveau en février 2009 et se renforce depuis, enregistrant une hausse de 83 % en 10 mois jusqu’à la fin de l’année 2009. Cet essor de la performance boursière était principalement dû à plusieurs mesures importantes qui ont contribué à réduire la volatilité de la demande comme l’application de la mesure de la séance d’exploration qui a réduit les fortes fluctuations, empêchant ainsi l’enregistrement de plus de limites de prix déjà appliqués. De plus, les campagnes de promotion à l’étranger et sur le marché local ont mis en évidence le potentiel et les chances d’investissements disponibles. L’administration de la Bourse a aussi fait le point sur les campagnes de sensibilisation afin de rassurer les investisseurs terrifiés en les encourageant à ne pas vendre leurs actions pour éviter de nouveaux reculs de l’indice. On a aussi refusé la suspension des échanges ou même des mesures d’intervention administrative pour contrer le fléchissement de l’indice. Tout cela a donné plus de confiance aux investisseurs, notamment les étrangers. Le marché égyptien a connu, en dépit de la crise financière internationale, une hausse d’environ 36 % au cours de l’année précédente.

— Comment le marché égyptien pourrait-il récupérer son activité en 2010 malgré la poursuite du ralentissement économique prévu par la Banque mondiale jusqu’à la fin de l’année ?

— Le marché a déjà récupéré une grande partie de son activité. Permettez-moi de vous surprendre en révélant que le nombre des transactions en 2009 ont été supérieures de 40 % par rapport à 2008. La baisse de la valeur des échanges ne revient pas à la baisse de l’activité boursière, mais elle est due à la baisse des prix des actions à des niveaux qu’on n’avait jamais connus. Je pense que l’activité va se poursuivre et l’indice va enregistrer des hausses continues à chaque fois que l’économie se redresse. La Banque mondiale ainsi que le Fonds monétaire international ont estimé des niveaux de croissance qui dépasseront les attentes.

— Croyez-vous que l’essor relatif des marchés arabes pourrait être un moteur de la reprise des Bourses mondiales ?

— Les économies et les marchés émergents vont jouer un rôle important, tout le monde est bien conscient des possibilités offertes par ces marchés. Nous faisons de notre mieux pour tirer partie de ce point et attirer le plus possible d’investissements étrangers. En 2009, on a réussi à attirer plus de 5 milliards de L.E. d’investissements étrangers, et avec l’aide des campagnes de promotion, j’attends que 2010 rapporte plus d’investissements. D’ici 4 ans, le marché égyptien pourrait devenir un des grands centres financiers mondiaux.

— Comment les accords de coopération entre la Bourse égyptienne et les autres Bourses internationales contribuent-ils à maintenir une position forte ?

— Depuis mon arrivée à la tête de la Bourse, une attention particulière a été faite à la coopération internationale. Cela permet de se développer et de s’ouvrir au monde en profitant de l’évolution des marchés financiers ainsi que de suivre les normes les plus récentes et les règles régissant les marchés ; un critère très important pour évaluer un marché. Il nous a, en fait, permis de rejoindre la Fédération mondiale des échanges comme le premier pays arabe à recevoir une totale adhésion. L’Egypte a été désignée pour être un des membres du Conseil d’administration de la Fédération mondiale, preuve qu’elle est appréciée par la communauté internationale. Nous avons signé en 2009 cinq accords d’entente avec Oman, l’Iraq, Shenzhen (Chine), la Libye et Casablanca, portant ainsi le nombre de mémorandums de coopération signés par la Bourse à près de 25.

— Comment la création de l’Autorité égyptienne des marchés financiers (EFSA) peut-elle aider au développement de la Bourse égyptienne ?

— La création de l’Autorité de contrôle des marchés financiers est une mesure très importante prise par le ministère de l’Investissement pour développer le secteur financier. Elle sera un excellent ajout concernant le cadre législatif et de contrôle, non seulement en ce qui concerne le marché des capitaux, mais aussi l’axe de la finance immobilière et d’assurance. Et ce, pour atteindre notre objectif d’être un des grands centres mondiaux de la région.

— Le marché de gré à gré affecte beaucoup les échanges en Bourse. Est-ce qu’il y aura une stratégie pour limiter son impact ?

— J’ai averti plusieurs fois les investisseurs d’effectuer des transactions sur des actions appartenant à des sociétés dont leurs propriétaires se sont enfuis à l’extérieur du pays. Ces investisseurs vont définitivement perdre leur argent à cause de la forte spéculation de ce marché. Puisqu’ils investissent leur argent dans des sociétés qui ne respectent pas les règles de divulgation et de transparence. La stratégie de la Bourse tend à resserrer ce marché en réduisant la durée de l’échange d’une heure à une demi-heure, qui commence juste après l’échange boursier quotidien. La Bourse a également fixé la durée du règlement des actions à 4 jours (t+4) à partir du début de 2010, contre un règlement qui durait deux jours (t+2) à la fin de 2009. Puis, la durée du règlement s’allongera à partir d’avril prochain à six jours (t+6). A mon avis, le seul avantage de la présence d’un tel marché est sa capacité à assimiler les sociétés qui n’ont pas pu s’adapter aux règles de cotation jusqu’à ce qu’ils puissent s’ajuster.

— Etes-vous satisfait des réalisations de la Bourse des petites et moyennes entreprises Nilex, ou vous attendez-vous à un rôle plus accru ?

— Un an et demi après son lancement, la Bourse de Nilex a seulement attiré 8 petites et moyennes sociétés pour être cotées. L’important n’est pas l’enregistrement, mais le processus de restructuration et de reformulation que les sociétés familiales cotées dans Nilex ont pu entreprendre. Et ce, en faisant un changement au niveau des membres de leur Conseil d’administration, afin de pouvoir s’accommoder aux nouvelles règles de cotation. Donc, par cet enregistrement au Nilex, ces sociétés s’entraînent à réagir avec les investisseurs sur le marché. Au début du lancement de Nilex en 2008, je ne m’attendais pas à des échanges en Bourse. Aujourd’hui, je peux déclarer qu’on verra en 2010 des lancements de parts de ces sociétés pour être échangées.

— Quels sont les nouveaux produits financiers qui seront introduits en Bourse en 2010 ?

— Le système de vente a découvert des actions (short selling) qui devaient être introduites en Bourse depuis l’année 2009, mais il aura besoin de beaucoup de temps pour pouvoir bien couvrir tous ses aspects. Il sera prochainement introduit en 2010. Ce système dispose d’activer le mécanisme de l’emprunt pour pouvoir acheter des actions. La crise financière a retardé son lancement sur le marché qui n’était pas prêt à recevoir ce nouveau système. Par contre, la Bourse, en coopération avec l’Autorité égyptienne de surveillance financière (EFSA), a entrepris un long parcours afin d’activer le marché secondaire des obligations. Ces dernières ont un rôle très important à fournir le financement requis par les sociétés et les institutions financières. La Bourse égyptienne a vécu pendant les années 1920 et 1930 du siècle dernier une période de gloire grâce aux obligations lancées pour la fondation de l’aqueduc ainsi que pour la création du tramway d’Alexandrie. Finalement, on va introduire des contrats dérivés qui seront lancés exceptionnellement pour promouvoir les produits agricoles. Or, leur création aidera les paysans à connaître les prix des produits avant même de les cultiver.

Propos recueillis par Dahlia Réda

 




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