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 Semaine du 10 au 16 février 2010, numéro 805

 

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Iran. Alors que les Six tentent de s’unir pour imposer de nouvelles sanctions, Téhéran crée la surprise en affirmant se rapprocher d’un accord sur l’échange d’uranium. Une annonce accueillie avec scepticisme par la communauté internationale.

Téhéran entretient les doutes

Alors que les négociations entre l’Iran et l’Occident sont enlisées dans un dialogue de sourds, Téhéran adopte toujours la même stratégie axée sur les détours, les atermoiements, les ambiguïtés et les promesses alléchantes. Objectif : gagner du temps pour terminer son programme nucléaire. Sentant l’épée des sanctions tout près de son cou, le régime iranien a surpris le monde, cette semaine, en affirmant sa disposition à se conformer aux obligations internationales en matière nucléaire. Samedi, le ministre iranien des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, a déclaré avoir eu une « très bonne rencontre » avec le directeur de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA), Yukiya Amano, alors que ce dernier a affirmé n’avoir reçu aucune nouvelle proposition sur le programme nucléaire iranien au cours de la rencontre. Devant la 46e Conférence sur la sécurité de Munich, M. Mottaki a affirmé que l’Iran se rapprochait d’un accord « définitif et final » qui pourra être accepté par toutes les parties sur l’échange d’uranium. « Au regard des discussions avec les différentes parties, je pense personnellement que nous avons créé les conditions favorables pour un échange dans un avenir assez proche », assure-t-il.

Semant l’espoir en une solution rapide à la crise, Mahmoud Ahmadinejad, le président iranien, a expliqué pour sa part que la République islamique était finalement disposée à envoyer son uranium faiblement enrichi (3,5 %) à l’étranger pour qu’il soit transformé en combustible hautement enrichi (20 %) pour un réacteur médical iranien. Un jeu bien ciblé de la part du président iranien qui a promis une « bonne nouvelle » début février. Car, en annonçant être prêt à échanger une partie de son uranium faiblement enrichi contre du combustible hautement enrichi, le président iranien joue sur la corde de la division qui fissure les Six, qui, depuis mi-janvier, peinent à se mettre d’accord sur un renforcement des sanctions internationales, à cause de l’opposition de la Chine.

Selon les experts qui ne croient pourtant pas à la crédibilité des promesses iraniennes, si Téhéran tient ses paroles cette fois-ci, cet accord constituerait une « avancée majeure » dans le bras de fer qui l’oppose aux pays occidentaux. En Iran même, d’aucuns sont sceptiques quant à l’imminence d’un tel accord. « Les Occidentaux disent : vous devez suivre la voie que nous avons définie pour la fourniture du combustible pour le réacteur de Téhéran, sinon nous vous punirons », a réagi le chef du Parlement iranien, Ali Larijani. « Mais ils savent qu’il s’agit d’une tromperie politique et ils veulent nous enlever l’uranium enrichi par l’Iran », a-t-il ajouté.

Soufflant le chaud et le froid comme d’habitude, le régime iranien a sorti ses griffes une fois de plus, troublant davantage la planète. Le président iranien veut faire preuve de bonne volonté à résoudre la crise, mais en même temps, il a demandé dimanche au chef de l’Organisation Iranienne de l’Energie Atomique (OIEA), Ali Akbar Salehi, de « commencer à produire de l’uranium enrichi à 20 % ». La veille, Téhéran inaugurait deux sites de production de missiles. Le premier site produit un missile sol-air baptisé Qaëm (ascension), capable de frapper des hélicoptères ennemis. Le second fabrique un missile antichar appelé Toufan (tempête). Dénonçant le déploiement de missiles américains dans le Golfe pour parer à une éventuelle attaque iranienne, l’Iran a affirmé avoir mis au point un nouveau type de missile sol-air capable de frapper les hélicoptères américains Apache. « Nos ennemis ne doivent pas s’imaginer que leurs hélicoptères Apache seraient aussi efficaces en cas d’agression contre l’Iran qu’ils le sont en Iraq et en Afghanistan », a menacé un responsable du Corps de gardiens de la Révolution, le colonel Naser Arah-Begi. « Nous serions certainement en mesure de mettre fin au pouvoir de ces Apaches avec nos moyens », a-t-il ajouté sans donner de précisions sur la nature de ce nouveau missile. En effet, les Etats-Unis ont accéléré le déploiement de systèmes antimissiles dans le Golfe afin de parer à une éventuelle attaque iranienne dans le cadre d’un regain de tension lié au dossier nucléaire, outre le déploiement des navires spécialisés au large des côtes iraniennes ainsi que des intercepteurs de missiles dans quatre pays : le Qatar, les Emirats arabes unis, le Bahreïn et le Koweït.

Tirer profit du désaccord sino-américain

Face aux mille et un détours iraniens, les six puissances ont durci le ton, appelant à des sanctions immédiates, à l’exception de la Chine. Pour la France et son premier ministre, François Fillon, « le moment est venu d’agir ». Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, estime que l’Iran doit s’exposer à de « fortes sanctions ». Pékin, a contrario, juge contre-productif de parler de sanctions. Il ne perçoit pas la menace iranienne avec la même urgence que Washington, au moins pour protéger ses intérêts économiques et géopolitiques en Iran. Décidés à s’unir à tout prix pour alourdir les sanctions contre Téhéran, de hauts diplomates des six puissances (Etats-Unis, Russie, France, Grande-Bretagne, Chine et Allemagne) se sont à nouveau concertés vendredi par vidéoconférence sur une attitude commune envers Téhéran. Les diplomates ont évoqué les deux pistes suivies à l’égard de la République islamique : la voie diplomatique et les pressions, sans parvenir pourtant à une décision commune.

Comme de coutume donc, les capitales occidentales ont réagi avec prudence à la main tendue par Téhéran et lui ont demandé de traduire les paroles en actes. Samedi, le secrétaire à la défense américain, Robert Gates, a dit ne pas croire à la possibilité d’un accord prochain entre l’Iran et les Occidentaux sur un échange d’uranium avec l’étranger. « La réalité, c’est qu’ils n’ont rien fait pour rassurer la communauté internationale sur le fait qu’ils sont prêts à respecter le Traité de non-prolifération ou à arrêter de progresser vers la fabrication d’une arme nucléaire ». Lors de sa rencontre avec son homologue iranien Manouchehr Mottaki en marge de la conférence de Munich, le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, a accusé l’Iran d’« obstruction systématique » dans le dossier nucléaire et a exigé de Téhéran des actions concrètes et non de simples promesses.

Auparavant, Téhéran avait refusé, sans le dire clairement, l’offre qui prévoyait le transfert à l’étranger de 1 200 kilos d’uranium, quantité minimale nécessaire pour créer une bombe atomique. Il avait soumis une contre-offre en proposant 400 kilos. Aujourd’hui, il revient sur sa décision, affirmant être prêt à discuter l’offre. Entre ces « oui » et ces « non », la communauté internationale reste pourtant les poings liés car toutes les circonstances jouent en faveur du régime iranien, surtout au moment où les relations entre Washington et Pékin se sont brusquement tendues ces derniers jours suite au contrat d’armement conclu par le gouvernement de Barack Obama avec Taiwan. Selon les experts, Pékin pourrait bien s’en venger en entravant un renforcement de sanctions contre Téhéran au Conseil de sécurité de l’Onu, revendication pressante de Washington. Une affaire à suivre, le dossier iranien est loin d’être clos.

Maha Al-Cherbini

 




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