Profil .
Les composants architecturaux de la
Samaa Khana témoignent
des diverses facettes de l’histoire égyptienne, de l’époque
mamelouke jusqu’aux débuts du XXe siècle.
Chez les derviches tourneurs
Madrasset
Sonqor Al-Saadi avec son
minaret, le mausolée du cheikh Hassan
Sadaqa et le Théâtre des derviches tourneurs figurent
parmi les éléments architecturaux les plus importants du
complexe architectural Samaa
Khana connu aussi sous le nom
Tékiya
mawlawiya (couvent des derviches ). Il ne faut pas
encore oublier le palais Qossone
qui entoure cet ensemble architectural et qui a été exploité
partiellement par les derviches tourneurs. Chaque élément de
ces bâtiments témoigne des hauts et des bas de l’histoire.
Ce complexe architectural a été bâti au cours du règne du
sultan Mohamad Ibn Qalaoun,
grâce à la prospérité dont jouissait l’Egypte pendant son
règne. Cette richesse a permis aux princes de l’époque de
rivaliser dans l’édification de somptueux palais. Parmi
ceux-ci se distingue celui du prince
Chamseddine Sonqor
Al-Saadi. Connu par sa fortune, il dépensait son argent dans
l’édification des palais et des
madrassas, dont celle de la rue
Sioufiya, qui est la plus renommée. Elle est bâtie
près de la Citadelle, résidence du souverain à l’époque,
témoignant en fait de la splendeur de ses activités. Bâtie
vers 715 de l’hégire (1315), la
madrassa était un complexe composé d’un
kottab (école coranique), une
maison pour abriter les femmes, les veuves et les orphelins,
ainsi qu’un mausolée surmonté d’une coupole. Le prince
voulait y être enterré. Une espérance qui n’a jamais été
réalisée. « Il y avait de graves conflits entre le prince
Chamseddine et son voisin le
prince Qossone, propriétaire du
grand palais qui côtoie son complexe. Il a alors quitté
toute l’Egypte pour la Syrie », explique
Giuseppi
Fanfoni, restaurateur de la
Samaa Khana. Quelques
années plus tard, après le départ du prince
Chamseddine, le mausolée a été
exploité pour l’enterrement du cheikh Hassan
Sadaqa et son petit-fils Hassan.
Quant à la madrassa, elle a
continué à jouer son rôle durant deux siècles.
Vers la fin du XVIe et le début du XVIIe siècles, le
complexe de Chamseddine
Sonqor Al-Saadi est devenu une
propriété de Sinan pacha qui l’a offert comme bien religieux
aux derviches tourneurs dont le nombre était de 12. Les
derviches ont utilisé le complexe en question, y compris le
mausolée. Et afin de servir leur culte, ils l’ont surmonté
d’un théâtre en forme de cercle, qui à son tour a été
surmonté d’un deuxième étage. Tout l’ensemble a été couvert
d’une coupole, percée de 8 ouvertures qui symbolisent les 8
portes du paradis. D’ailleurs, les alentours de la coupole
sont ornés des noms gravés des 12 maîtres du culte de
Mawlawiya.
Fondée au XIIIe siècle à Kounieh,
en Turquie, par le poète soufi
Jalaleddine Al-Roumi, cette secte religieuse est
connue aussi en Turquie comme étant la secte Al-Dawara,
signifiant tourneurs. Elle avait une musique accompagnée de
danses qui reflètent la philosophie du poète Al-Roumi. Ce
culte a été répandu en Egypte avant la conquête ottomane en
1517. « On disait qu’un sultan ottoman s’est déguisé en
derviche et a vécu au Théâtre des derviches afin de
connaître les Egyptiens », explique le professeur
Fanfoni. Actuellement et après
une trentaine d’années de restauration, la
Samaa Khana
est devenue un centre culturel. Quant à la secte, elle est
devenue une danse, voire un héritage immatériel à
sauvegarder mis sur la liste de l’Unesco.
Doaa
Elhami