La reconnaissance de l’Etat palestinien
Abdallah Al-Achaal
L’etat
palestinien indépendant a été reconnu consécutivement par 9
Etats d’Amérique latine dont, ces derniers jours, le Brésil
et l’Argentine.
La réaction israélienne vis-à-vis de cette reconnaissance
s’est caractérisée par la colère et la déception, et des
sources israéliennes officielles l’ont décrite comme une
condamnation à vie d’Israël, prétendant que c’est un
comportement unilatéral trempé d’exagération.
En contrepartie, l’Autorité palestinienne et son président
ont exprimé leur joie, espérant que la reconnaissance sera
un outil de pression contre Israël pour cesser la
colonialisation.
Ces reconnaissances sont-elles nouvelles ou appuient-elles
seulement les plus anciennes, depuis que Arafat et le
Conseil national palestinien ont annoncé en 1988, en
Algérie, l’acceptation de l’Etat palestinien à côté d’Israël
? Puis la solution des deux Etats a été affirmée dans la
diplomatie internationale et dans les résolutions du Conseil
de sécurité et même dans les discours israéliens, depuis le
discours prononcé par Netanyahu le 15 juin 2009. Et cela,
abstraction faite des conditions difficiles qu’il a posées
pour accepter ce principe, dont la plus dangereuse est la
reconnaissance par les Palestiniens qu’Israël est la terre
du peuple hébreu.
Quelle est la valeur de cette reconnaissance même si elle
vient du monde entier, tant qu’Israël continue à usurper les
terres de l’Etat palestinien ? Dans ce contexte, il ne sert
plus à rien de parler des frontières de 1967. Sinon,
pourquoi y aurait-il une joie et une déception
palestiniennes, alors que tout le monde est conscient que
c’est le plus fort qui renforce son droit en Palestine ?
Pourquoi alors le mécontentement américain contre les Etats
américains ayant annoncé la reconnaissance de l’Etat
palestinien ?
De nombreuses réalités limpides peuvent aider à trouver la
réponse à ces questions. La première est que la situation
palestinienne a atteint un état très critique et qu’Israël a
imposé aux côtés palestinien et américain une certaine
limite en traitant avec la question de l’Etat palestinien.
La seconde réalité est que les Etats-Unis et Israël parlent
de l’Etat palestinien et œuvrent en même temps à son
érosion, par la colonialisation
et d’autres moyens.
Enfin, Israël ne supporte pas qu’une tierce partie évoque
les droits palestiniens et l’entité palestinienne et veut
supprimer cette cause en imposant un fait accompli
précipité. C’est ce point qui importe le plus à Israël, car
un Etat palestinien dans les frontières de 1967 signifie que
toutes les autres frontières d’Israël ne sont pas reconnues.
De plus que cela ravive les espoirs des Palestiniens. C’est
pourquoi Israël a accepté Oslo, pour matricer le destin des
Palestiniens après leur avoir donné espoir. C’est ce qui a
alors séduit Arafat. Il a continué à rêver en voyant
quotidiennement les murs de Jérusalem et les minarets de la
mosquée d’Al-Aqsaa.
Entre l’espoir palestinien et la douleur israélienne, ces
reconnaissances ont la valeur d’ancrer un droit. Un droit
qui s’impose face à un fait accompli par lequel Israël a
emprisonné l’Etat derrière les grilles de la judaïsation. Un
fait accompli qui poursuit un peuple soumis et opprimé, qui
espère qu’un jour les piliers de l’Etat deviendront réalité,
tant pour la terre que pour le peuple.
L’Etat palestinien est un droit, et ses piliers existent.
Mais la colère sioniste tente d’éradiquer ce droit. Espérons
que le monde entier renouvellera la reconnaissance de cet
Etat afin qu’un jour la légitimité du droit prenne le dessus
sur l’usurpation illégitime.