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 Semaine du 22 au 28 décembre 2010, numéro 850

 

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Iraq . Les tractations sur la formation du nouveau gouvernement prennent plus de temps que prévu. Le retard est la conséquence de litiges persistants quant à l’attribution des postes.

La guerre des portefeuilles

La formation du nouveau gouvernement iraqien sera retardée, a prévenu le premier ministre Nouri Al-Maliki. Il s’agit d’un conflit entre les différents camps sur le partage des postes de la sécurité. Chaque camp revendique les mêmes ministères-clés concernés de sécurité et aussi les vice-premiers ministres. « Déjà, le camp de Allaoui voit qu’il a présenté beaucoup de concessions et en revanche, il doit prendre plus de privilèges. De l’autre côté, le camp de Maliki ne veut rien céder pour pouvoir diriger le nouveau gouvernement facilement », explique le Dr Mohamad Abdel-Qader, analyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram. Avis partagé par des responsables iraqiens qui ont participé aux réunions de la formation du gouvernement et qui racontent que ces différends ont perpétué les idées de Maliki. En effet, ce dernier a prévenu dès le début de la semaine qu’il annoncerait son nouveau gouvernement le lundi 20 décembre, mais les discussions l’ont obligé à reporter l’annonce de son gouvernement. « L’agenda de la séance d’aujourd’hui ne prévoit pas de présentation du gouvernement », a indiqué lundi pour sa part Omar Al-Machhadani, porte-parole du président du Parlement Oussama Al-Noujaifi. Ainsi, l’attribution de nombreux portefeuilles fait l’objet d’âpres discussions. Des déclarations partagées par plusieurs députés présents au sein du Parlement  iraqien. Selon Khaled Al-Assadi, un député proche de Nouri Al-Maliki : « Seulement la moitié des ministres ont été choisis jusqu’à présent. Les trois ministères chargés de la sécurité et peut-être les trois vice-premiers ministres ne seront pas annoncés aujourd’hui ». « Il n’y a pas d’accord jusqu’à présent car les groupes politiques réclament tous les mêmes postes », a-t-il souligné. « La cause du retard tient à des litiges au sein du bloc Iraqiya et au sein de l’Alliance nationale (de Maliki) concernant l’attribution des portefeuilles ministériels », a expliqué Ahmad Al-Oraibi, député membre du bloc interconfessionnel Iraqia, soutenu par les sunnites.

En premier lieu, le premier ministre Maliki a voulu annoncer son gouvernement, dont il dirigera par intérim les trois ministères chargés de la sécurité, en dépit d’accusations dont il fut l’objet concernant sa mainmise sur ce secteur. Il voulait occuper ces fonctions dans l’attente de la nomination des ministres de l’Intérieur et de la Défense et du secrétaire d’Etat à la sécurité nationale. Le retard dans ces nominations s’explique par le caractère névralgique de ces postes, dont les titulaires doivent faire l’objet d’un consensus. « Pour éviter la politisation de ces postes, ce ne sont pas les partis qui présentent leurs candidats, mais c’est le premier ministre qui doit obtenir auprès d’eux un consensus sur son choix », a détaillé Al-Machhadani. A cet égard, Maliki, qui se targue d’avoir rétabli l’ordre dans le pays en mettant au pas les miliciens chiites et en frappant durement Al-Qaëda, a souvent été accusé par ses adversaires de contrôler directement les services de sécurité sans se référer au cabinet.

En tout cas, il est certain que le premier ministre a jusqu’à samedi prochain pour former son cabinet selon la Constitution. Pour sa part, l’Alliance kurde ne participera pas au gouvernement tant que M. Maliki n’aura pas avalisé les contrats signés par la région autonome kurde avec les compagnies pétrolières. Une décision qui était négociée avec Maliki.

42 ministres et secrétaires d’Etat

Au côté du premier ministre, le nouveau gouvernement devrait compter 42 ministres et secrétaires d’Etat, soit sensiblement le même nombre que le gouvernement précédent. Parmi ces 42, trois vice-premiers ministres appartenant à l’Alliance Nationale (AN, regroupement des formations religieuses chiites dont celle de M. Maliki), à la liste laïque Iraqiya et au bloc kurde. L’AN, qui occupe 159 des 325 sièges du Parlement, aura 17 ministères et secrétariats d’Etat. La liste Iraqiya de l’ancien chef du gouvernement Iyad Allaoui (91 députés) en aura 9, les partis kurdes, qui disposent de 57 sièges, en auront 7, Wassat qui regroupe des sunnites et des laïcs (10 députés) n’aura droit qu’à un ministre, tout comme les minorités (8 sièges). Selon un membre d’Iraqiya, il a précisé que son bloc occupera les portefeuilles des Finances, de l’Education, de l’Agriculture, des Communications et de l’Electricité et de l’Industrie. L’AN sera en charge du Pétrole, de la Justice, des Ressources hydrauliques et du Transport. Les Kurdes devraient garder les Affaires étrangères et prendre aussi la Santé et le Commerce, Wassat s’occupera des Sciences et de la Technologie, et un chrétien devrait s’occuper de l’Environnement.

L’Iraq est sans gouvernement depuis les élections législatives du 7 mars, qui n’ont pas dégagé de majorité claire. Après des mois de tractations acharnées, un accord de partage du pouvoir a finalement été conclu le 10 novembre entre les grandes trois communautés d’Iraq : chiites, sunnites et Kurdes. Selon cet accord, Maliki, qui est chiite, a été reconduit pour un second mandat à la tête du gouvernement, tandis que Jalal Talabani, un Kurde, a été maintenu à la présidence de l’Etat et qu’Ossama Al-Noudjaifi, sunnite, a été nommé président du Parlement.

L’ancien premier ministre Iyad Allaoui, dont le bloc interconfessionnel Iraqiya a obtenu le plus grand nombre de sièges aux législatives (91), a réaffirmé qu’il participerait au nouveau gouvernement formé par Maliki. Auparavant, Allaoui a annoncé qu’il ne participerait pas à un gouvernement formé par Maliki. En effet, la décision de Allaoui, prise après plusieurs semaines de tergiversations, lève un obstacle potentiel dans les négociations près et longues entre les blocs chiites, sunnites et kurdes pour mettre sur pied une nouvelle coalition de gouvernement. Elle pourrait contribuer à éviter un nouveau bain de sang en Iraq, d’où les troupes américaines doivent se retirer totalement d’ici la fin 2011. Allaoui souhaitait initialement ravir le poste de premier ministre à Maliki. Et il avait averti que toute tentative de marginaliser son bloc risquait de relancer une insurrection affaiblie, mais encore en mesure de porter des coups mortels. Washington, tout comme les pays sunnites arabes voisins de l’Iraq, ont à cœur de voir le bloc de Allaoui représenté au gouvernement. Ainsi, il exerce plus de pression sur Maliki pour lui céder certains postes de la sécurité.

Pour réaliser leur souhait, les deux principaux rivaux, Maliki et Allaoui, se sont rencontrés samedi dernier pour la seconde fois en une semaine. « La principale question que nous avons abordée est la manière de construire l’Etat. Nous avons également discuté de la formation du gouvernement », a dit pour sa part M. Allaoui.

Maha Salem

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